Sols contaminés au plomb à Lille : inquiétude autour de l'usine Exide Technologies

L’alerte avait déjà été donnée par les autorités sanitaires : autour de l’usine de fabrication de batteries Exide Technologies, entre Lille et Faches-Thumesnil dans le Nord, les sols sont contaminés au plomb. Face à ce constat, le groupe Lille Verte entend prouver l’ampleur du problème par des analyses.

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Depuis plus d’un siècle, l’usine Exide Technologies, située entre Lille et Faches-Thumesnil, fabrique des batteries au plomb, notamment de voitures et de sous-marins. Au début des années 2000, elle transformait 10 600 tonnes de plomb par an, contre 4 600 tonnes aujourd’hui, entraînant en mars 2022 la perte du statut Seveso “haut”.

Si l’usine tourne aujourd’hui au ralenti, la pollution des sols, elle, reste d’actualité. Les rejets industriels ont contribué à la contamination diffuse du plomb, métal lourd et tenace dont la présence dans les sols du département du Nord est connue depuis plusieurs années. À ce titre, la consommation de fruits et légumes cultivés dans les jardins est interdite. 

Scandale sanitaire d'ampleur ?

En 2012 déjà, une campagne d'investigation avaient été menée, sans que les habitants ne soient informés des résultats. Puis, en 2022, certains riverains ont reçu un courrier de l’Agence Régionale de Santé (ARS) indiquant que l’activité de l'usine était “à l’origine d’émission de poussières de plomb déposées sur les sols” du quartier sud de Lille. 

Une communication considérée comme insuffisante par le groupe Lille Verte, qui réunit au conseil municipal les partis Europe Ecologie Les Verts, Génération.s et Génération Ecologie et alerte depuis plusieurs années sur les risques encourus. "Aujourd'hui, il y a encore des gens qui découvrent que leur terrain est pollué", dénonce Frédéric Louchart, ancien conseiller de quartier et membre de Lille Verte. 

Analyses des sols indépendantes

Depuis près de trois ans, les élus du groupe suivent ce dossier qui pourrait faire l’objet d’un tournant avec la publication, jeudi 12 septembre, de résultats d’analyses indépendantes. "L'occasion de lever le voile d'opacité et de démontrer qu'il y a un scandale sanitaire", affirme Julie Nicolas, chargée de mission Lille Verte et militante sur les questions de pollutions. 

C’est en juin dernier que des échantillons de sols ont été prélevés puis analysés par le chimiste de l’environnement Alexander van Geen, connu pour avoir travaillé sur les rejets de plomb suite à l’incendie de Notre-Dame et qui exerce à l'université Columbia aux États-Unis. 

Les résultats sont pires que ce que nous avions imaginé et légitiment l'importance de continuer d'alerter sur cette situation.

Groupe Lille Verte

Le pire résultat issu des prélèvements dépasse de 15 fois le seuil d'alerte du Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP), établi à 300mg par kilogrammes de terre. Lorsqu'il est dépassé, des cas de saturnisme doivent être recherchés chez les enfants de 6 mois à 6 ans. Le groupe Lille Verte préconise quant à lui davantage de tests et sur une population plus large, et espère une reconnaissance du préjudice de santé publique. 

Un périmètre "incohérent"

Le groupe pointe également du doigt la cartographie de servitude d’utilité publique (SUP) mise en place par la préfecture du Nord et qui concerne 605 parcelles. Une zone qui se base sur un seuil d'alerte à 1000 mg/kg, jugé par Lille Verte bien trop important tandis qu’au niveau national 43,5% des mesures se situent entre 30 et 100mg.

La zone de SUP exclut par exemple la friche ferroviaire rue de Marquillies, le parc de l'Adventure ou les squares Bardou et Albert Thomas, des lieux publics pourtant investigués par l’ARS il y a plus de dix ans.

Metaleurop bis ?

À cela s’ajoute la réglementation en vigueur, c’est-à-dire l’obligation, pour les propriétaires, de mentionner la pollution au plomb dans le dossier immobilier. "Celles et ceux déjà présents se retrouvent lésés, voire risquent de se faire facturer les travaux de dépollution à leur charge", rappelle le groupe Lille Verte. 

Les élus en appellent ainsi au principe du “pollueur-payeur”, qui commence à être intégré dans le droit français et qui consiste à faire porter la responsabilité financière aux pollueurs. 

Les particuliers doivent payer pour dépolluer, ce n'est pas possible. Actuellement, la préfecture n'est pas à la hauteur de l'enjeux.

Frédéric Louchart, Membre de la commission de la Culture, du Sport, du Tourisme Lille Verte

Le 23 mai dernier, l’État a été reconnu coupable de faute dans la réglementation des émanations de plomb de l’usine Metaleurop, à Noyelles-Godault, dans le Pas-de-Calais. Une décision sans  précédent pour les victimes de la pollution au plomb et qui, comme l’espère le groupe au conseil municipal, pourrait pousser les riverains à se mobiliser dans “un combat pour l’indemnisation et la dépollution qui va a priori durer”.

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