Pour sa 5e édition, le festival Uber Gang s'installe au Manège de Maubeuge, dans le Nord. L'occasion de découvrir les œuvres variées d'artistes féminines venues de tous horizons. Au programme : danse, lectures de textes, spectacles, battles de hip hop, concerts de rap et performances.
Les femmes écrivent, créent, mettent en scène. Elles aussi ont le droit d'être vues, d'être écoutées. Tel est le message d'Uber Gang. Dédié à la création féminine, ce festival se déroule du 6 au 8 avril 2023 au Manège, scène nationale de Maubeuge, dans le Nord.
"Il est temps de mettre en avant les femmes, les artistes femmes et l'écriture au sens large. Pas seulement les mots qu'on trouve dans les livres, mais l'écriture de plateau, le mouvement, le son et l'image", estime Nora Granovsky, metteuse en scène et directrice de la compagnie BVZK, qui a fondé le festival Uber Gang en 2019.
Après une première partie fin mars à Carvin, dans le Pas-de-Calais, Uber Gang investit cet ancien manège à chevaux avec une programmation pluridisciplinaire. "C'est vraiment une chance pour moi et la compagnie de pouvoir faire Uber Gang ici parce que, tout d'un coup, ça donne une visibilité au projet et une envergure qu'on n'avait pas jusque-là", note Nora Granovsky.
Objectif : créer un collectif de femmes artistes
Les artistes ont été choisies sur leur écriture. La priorité a été donnée aux artistes avec "un rythme dans l'écriture", une énergie, à celles qui écrivent "de manière assez acérée avec une forme d'universalité". L'idée du festival est de "créer des rencontres, des émulations, et de créer, à terme, un collectif avec toutes ces artistes programmées dans le cadre d'Uber Gang", espère Nora Granovsky.
Dans le "salon de conversations", les artistes peuvent partager un moment de convivialité avec le public et parler écriture. Sur un mur, sont affichées les photos de l'exposition Dansons les flots, réalisées à partir d'un travail de territoire par la danseuse Camille Dewaele et de la journaliste Sophia Marchesin, qui ont travaillé à partir de portraits de femmes. À travers un spectacle alliant danse et travail sonore, les deux artistes racontent les récits de vie de ces femmes. La performance a lieu à cet endroit, juste devant les photos.
"J'aime beaucoup faire des passerelles entre les mondes"
Un peu plus loin, des pupitres ont été installés. Deux élèves de l'école du Nord, l'école professionnelle supérieure d’art dramatique des Hauts-de-France, ont carte blanche et peuvent lire leurs écrits. L'autrice suisse-allemande Julia Haenni partage également un de ses textes, une réinterprétation totale de Don Juan, "qui fait écho au Don Juan de David Bobée d'une certaine manière", explique Nora Granovsky.
Une autre zone du Manège est dédiée aux cultures urbaines. Au programme : open mic, battles de hip hop, concert de rap, solo de danse de Théodora Guermonprez, performance d'une graffeuse belge, etc. "Tout ça, c'est grâce à l'association Secteur 7 de Maubeuge qui est spécialiste des cultures urbaines", souligne la directrice du festival. "C'est de la création contemporaine extrêmement intéressante en termes de créativité, d'écriture et d'énergie. J'aime beaucoup faire des passerelles entre les mondes."
"Il faut entendre ce que ces femmes fortes ont à nous dire"
Géraud Didier est directeur et programmateur du Manège. Selon lui, "la place des femmes est un vrai sujet aujourd'hui. Elles sont encore trop souvent enfermées dans une double assignation, à la fois rebelles et victimes, ou pour reprendre la formule très juste de Mona Chollet : sorcières". En accueillant le festival Uber Gang, l'idée est donc de "se débarrasser définitivement de ces clichés qui sont vieux et honteux" et que les femmes "trouvent la place juste et légitime qui leur revient".
Géraud Didier et Nora Granovsky se sont rencontrés au Manège. "Elle transmet son talent artistique et une générosité très solaire qui fait qu'elle empoigne les vrais sujets de société. On en a besoin si on veut construire un monde avec des horizons plus ouverts. Si on veut mieux habiter ce monde, il faut entendre ce que ces femmes fortes ont à nous dire", appuie le directeur du Manège.
"Un regard singulier sur le monde"
Laure Catherin est comédienne, mais aussi autrice et metteuse en scène. Pour elle, ce festival est "l'occasion d'entendre de beaux textes et d'entendre un regard féminin (sic.) sur le monde, et ce sur quoi elles peuvent écrire. Un regard singulier sur le monde".
À Uber Gang, elle présente son deuxième texte en tant qu'autrice, un texte "à la frontière entre plusieurs genres, entre le concert et le récit, une performance poétique et musicale" qui parle du vécu des étudiants et étudiantes pendant la pandémie de Covid-19.
L'année prochaine, Uber Gang reviendra peut-être à Maubeuge. "Le festival a pour principe d'être itinérant. Après, on serait très heureux de le refaire à Maubeuge. On peut avoir des fidélités, ce n'est pas du tout contradictoire", observe Nora Granovsky.
Retrouvez l'intégralité de l'émission Hauts féminin sur le festival Uber Gang, et les autres épisodes de l'émission sur france.tv.