Sous l'emprise de l'alcool après une soirée d'intégration, l'étudiant de 20 ans qui entrait en deuxième année de médecine aurait été percuté par un camion sur l'autoroute. D’après les enquêteurs, il essayait de récupérer son téléphone, tombé par-dessus un pont.
C'est un début de réponse pour la famille de Simon Guermonprez, étudiant en médecine de 20 ans. Dans la nuit du jeudi 8 au vendredi 9 juillet, son corps sans vie a été retrouvé à Sainghin-en-Mélantois (Nord), en métropole lilloise, au bas d'un pont sur l'autoroute A27 en direction de la Belgique.
Aujourd'hui, les éléments de l'enquête permettent de retracer la soirée avec précision. Les enquêteurs confirment qu'il ne s'agit pas d'un suicide. Pour rappel, le jeune homme, qui passait en deuxième année de médecine, rentrait d'une soirée d'intégration dans les fossés de la Citadelle aux alentours de 23h45. Il avait pris le métro avec un ami de promotion qui est descendu à la station du métro Pont de Bois. Simon, de son côté, est descendu une station après, à Triolo. Et c'est là que la situation devenait floue : il a pris un Uber qui l'a déposé chez lui. Son corps a été retrouvé une heure après, aux alentours de 2 heures du matin, à 500 mètres de son domicile.
Les éléments de l'enquête ont depuis permis d'identifier le chauffeur du Uber qui a témoigné. Il en ressort que Simon s'est rendu seul vers l'autoroute à 500 mètres de chez lui. Il aurait alors réalisé un selfie, information également validée par les enquêteurs. Le père, dans un post facebook, qui assure que son fils n'avait pas l'habitude d'en faire, se demande : "y aurait-il eu comme un défi ou un concours du type le plus beau selfie au dessus d’un pont ?".
Ensuite, son téléphone serait tombé sous l'autoroute. Il serait alors descendu par les escaliers pour le récupérer. Dans la précipitation, il a perdu une basket sur le bas du talus. En voulant récupérer son téléphone et au vu de l'alcool ingurgité pendant la soirée d'intégration, il n'aurait pas apprécié la vitesse d'un camion qui arrivait à vive allure et a été heurté de plein fouet, provoquant sa mort.
Les soirées d'intégration pointées du doigt
Son père, Daniel Guermonprez, était déjà catégorique avant les résultats de l'enquête et pointait du doigt, dans plusieurs posts Facebook, les soirées d'intégration alcoolisées. Il affirmait d'ailleurs que Simon ne buvait pas d'alcool en temps normal parce qu'il "n'aimait pas cela, il ne savait pas ce que c'était d'être ivre". Il aurait été poussé à boire ce soir-là.
Daniel Guermonprez prend le décès de son fils comme le point de départ d'un combat contre les soirées d'intégration alcolisées. "Simon, tu es donc parti à cause de la bêtise humaine et espérons que ces organisateurs puissent maintenant comprendre et admettre qu’il faut immédiatement retirer ces rituels alcoolisés lors de ces soirées, qui n’ont aucun sens en 2021.", écrit-il sur Facebook.
Il affirme vouloir s'engager et "dégager les forces nécessaires" pour tenter de la rendre la signature d'une "charte Simon" obligatoire. Celle-ci forcerait les organisateurs à prendre connaissance des lois existantes et des sanctions encourues en cas de dérives. "Ils seront avertis avant toutes soirées qu'ils ne peuvent pas faire n'importe quoi sous prétexte que c'est une fête qu'ils portent donc une lourde responsabilité s'ils prennent la décision de continuer à perpétuer cette tradition avec des rituels alcoolisés".
Un courrier adressé à Frédérique Vidal
A l'annonce de la mort de Simon Guermonprez, le député du Nord Vincent Ledoux (groupe Agir ensemble) expliquait dans une lettre adressée à Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur, que "de nombreux témoignages d'étudiants affirment que les soirées d'intégration et bizutages" restent pratiquées de façon officieuse dans "de nombreux établissements d'enseignement supérieur".
Il lui proposait de mener une "concertation avec les représentants étudiants et des établissements d'enseignement supérieur pour évaluer des dispositifs mis en place actuellement afin que ce type de drame qui dévaste des familles complètes ne se reproduise plus". Pour l'heure, aucune réponse n'a été donnée de la part de la ministre.