Pénuries de carburant : en milieu rural, où la voiture est le premier moyen de transport, "on reste assez inquiets"

30% des stations essence dans les Hauts-de-France sont en difficulté d'approvisionnement. En milieu rural, où le transport en voiture assure l'essentiel de l'accès à l'emploi et aux soins, cette amorce de pénurie fait peser une pression toute particulière.

"Pas d’effet de panique, ne vous ruez pas tous, on ne va pas manquer d’essence" assure le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran. L'exécutif se veut rassurant, pour éviter de créer un cercle infernal, mais c'est bien une amorce de pénurie de carburants qui est constatée un peu partout en France. 12% des stations essence sont en difficulté d'approvisionnement concernant au moins un carburant au niveau national. Dans les Hauts-de-France, ce chiffre monte à 30%. Dans le Pas-de-Calais, la préfecture a d'ores et déjà prononcé l'interdiction du remplissage de jerricans

Ces ruptures concernent avant tout les stations Total, et sont attribuées à deux facteurs : la ruée chez le géant du carburant, qui applique une remise supplémentaire en pleine flambée des prix, et une grève dans les raffineries qui dure depuis le début du mois de septembre, autour d'une revalorisation salariale.

"La gendarmerie a dû intervenir" à la station-service

Si, en milieu urbain, ces difficultés peuvent être a minima absorbées par le réseau de transports publics, la situation est bien différente dans les communes rurales des Hauts-de-France. "Nous, on a une pompe à essence sur la commune, au sein d'un petit supermarché, et tout à l'heure, la gendarmerie a dû intervenir. Au niveau de la circulation, c'était une catastrophe, raconte Bruno Vandeville, maire de la commune d'Arleux (59). Ce n'est pas comme les grandes communes, nous n'avons pas de place pour absorber la file, la station est pratiquement située sur un carrefour giratoire, c'était très compliqué. Nos citernes n'ont pas forcément de grandes capacités, nous craignons d'être en rupture de stock rapidement."

Le problème, c'est qu'en milieu rural, la voiture est indispensable, poursuit l'élu. J'ai eu plusieurs coups de téléphone d'infirmières ou d'aides à domicile qui demandent s'il est possible que la mairie leur assure de l'essence en priorité. En réalité, c'est très compliqué, car ces pompes sont maintenant en libre-service, il n'y a pas d'agent qui puisse assurer un contrôle. On en revient à la question des métiers essentiels, comme en période de covid. Je pense que la préfecture va devoir agir pour réquisitionner des lieux de ravitaillement. A notre niveau, on ne peut rien faire du tout."

"La voiture est le premier moyen de transport"

A Ferrière-la-Grande, commune périurbaine de l'agglomération de Maubeuge, le maire Benoît Courtin reste vigilant. "Pour l'instant, on a échappé à la pénurie sur la commune, où nous avons une station au supermarché. On a eu deux jours sans gasoil, mais tout était revenu à la normale hier", évalue l'édile. 

"La difficulté dans nos communes rurales et péri-urbaines, c'est que la voiture est le premier moyen de transport, pour les déplacements privés - de santé par exemple - tout comme les déplacements professionnels. Quelqu'un de chez nous qui travaille à Valenciennes peut difficilement envisager un autre moyen de transport" complète Benoît Courtin. Ces derniers jours, il a régulièrement été interpellé sur le sujet par ses administrés. 

"Ils se demandent si la situation est temporaire ou si elle risque de perdurer voire de s'amplifier. On entend dire qu'il n'y a pas de danger, pas de pénurie, mais j'avoue qu'on est tout de même assez inquiets. Il y a déjà certaines collectivités ou entreprises qui fonctionnaient avec des cartes Total et qui peinent à mettre de l'essence dans les véhicules."

Lors de la pénurie de carburant de 2016, les communes rurales avaient été les premières à souffrir du manque d'approvisionnement.

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