Au terme d'une longue réflexion et de nombreuses formations, l'avocate nordiste, Betty Rygielski a choisi de ne défendre que des victimes de violences il y a trois ans. Elle est aussi militante au sein du collectif féministe Nous toutes Valenciennes.
Il faut du courage pour assumer ce choix. "Quand on est militante, on est forcément sujette à pression", regrette Betty Rygielsky. Cette avocate installée à Valenciennes a mis plusieurs années à forger et à assumer pleinement cette posture d'avocate spécialisée dans les dossiers de victimes de violences.
Rien que lors de sa dernière audience, cas exceptionnel, elle défend une femme prévenue, accusée de violences envers son mari après l'avoir trouvé à son domicile avec sa maîtresse. "Lorsque j'ai interpellé la cour sur le manque de partialité du gendarme qui a pris la plainte et qui est un ami du mari, la procureure s'est indignée et a demandé une suspension".
Autre exemple, lorsqu'elle a souhaité ajouter un "e" à "avocat" sur sa plaque pour féminiser sa profession, un élan de messages agressifs s'est abattu de la part de certains confrères. Elle a aussi fait l'objet d'une plainte pour "être sortie de son devoir de réserve" le jour où elle a regretté dans une interview le manque de formation des professionnels de la justice et des gendarmes dans les cas de violences faites aux femmes. Ainsi va son quotidien.
Je veux que les victimes puissent compter sur quelqu'un qui est dévoué à leur cause
Betty Rygielski, avocateHauts féminin - France 3 Hauts-de-France
Au sein de sa profession, on a du mal à comprendre les choix de cette Nordiste. Pour elle, c'est une nécessité quand on sait que 80 % des plaintes pour violences conjugales sont classées sans suite et qu'il est donc très difficile d'amener des dossiers pour violences, même répétées, devant un tribunal. "Dans mon métier, on privilégie de défendre les accusés. D'abord, on est mieux payé, et puis les grands noms d'avocats sont toujours des hommes qui parviennent à faire acquitter des prévenus".
Pour cette avocate, même au sein de la justice, les lignes ont du mal à bouger et les violences restent systémiques. "On considère qu'un homme a des besoins. Et quand on est victime, il faut le justifier à tous les niveaux. Quand on suit un homme chez lui, et qu'on subit un viol, on l'a forcément cherché".
Betty Rygielski a toujours voulu être avocate et a toujours su qu'elle exercerait dans le droit de la famille. Sans doute en réactions aux violences qu'elle a elle-même subies d'abord dans l'enfance, puis au sein du couple à un moment de sa vie.
Une série de formations et une thérapie lui ont permis de mieux comprendre les ressorts des violences, mais surtout, de mieux adapter son attitude envers les victimes.
Elle est aussi militante au sein du collectif féministe Nous toutes à Valenciennes. "Lorsqu'une victime arrive dans mon bureau, c'est qu'il est déjà trop tard. C'est pourquoi cet engagement est essentiel pour moi. C'est dès l'enfance, dans l'éducation que nous donnons à nos enfants, que nous parviendrons à éliminer les violences faites aux femmes ".
Cette émission avec Betty Rygielski et tous les Hauts féminin sont à revoir sur france.tv.