Cette Nordiste a été déportée à l'âge de 11 ans avec sa mère et ses deux petits frères de 7 et 3 ans. Aujourd'hui elle est invitée partout en France pour raconter l'enfer des camps de concentration, pour que l'Histoire ne se répète pas et pour honorer la mémoire de ceux qui ne sont jamais revenus.
Lili Leignel a été arrêtée à Croix, dans le Nord, en 1943. Elle est accompagnée de sa maman et ses deux petits frères, mais séparée de son père. Il faut l'entendre raconter ce que l'humanité a de pire à donner. "Nous n'étions plus que des numéros". Transportés comme du bétail. Battus, privés d'intimité et de nourriture et vivant dans un froid glacial. Des enfants effrayés de ne pas voir leur mère revenir du travail. Des bébés noyés à la naissance sous les yeux de leurs mères. "Aujourd'hui j'ai encore peur des chiens. Ceux des camps étaient dressés pour nous attaquer", raconte-t-elle. Voilà ce qu'elle retient de Ravensbruck.
Début 1945, ils sont transférés à Bergen-Belsen où l'horreur prend une nouvelle dimension. Une épidémie de typhus fait des ravages. Les cadavres jonchent le sol. Les enfants crèvent de faim.
Pour les aider à survivre dans cet enfer, leur mère se montre combattive et imaginative. Elle les lève avant tout le monde le matin pour faire leur toilette et préserver ce qui peut leur rester de dignité. "Lorsque nous pleurions de désespoir, elle nous disait qu'elle sentait la libération arriver et nous demandait d'imaginer ce que nous voulions comme premier repas à notre retour à la maison".
Le 15 avril 1945, l'armée britannique libère enfin le camp. Les enfants sont ramenés en France, seuls. Leur maman atteinte du typhus les rejoindra après sa guérison. Leur père a été fusillé à Buchenwald, quelques jours avant la libération.
En témoignant je forme des milliers de petits messagers qui entretiendront cette mémoire après moi
Lili LeignelHauts féminin - France 3 Hauts-de-France
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Pendant longtemps Lili s'est tue. Pour ne pas accabler son mari et ses enfants de l'horreur qu'elle a vécue. Mais un jour de 1983, en entendant à la radio des négationnistes raconter que les chambres à gaz n'avaient existé que pour éliminer les poux, s'en est trop.
Pour ceux qui ne sont jamais revenus. Pour qu'un tel enfer ne se produise plus, elle commence à témoigner. Et depuis 40 ans, elle répond présente à chacune des invitations qu'elle reçoit. Une nécessité pour elle. Devant des élèves du primaire au lycée elle raconte inlassablement. "Ils connaissent tous la Seconde Guerre mondiale. Mais ils n'ont jamais vu ou entendu de déporté. Alors après mon témoignage je leur donne des leçons pour que plus jamais cela ne se reproduise. Ils sont mes petits messagers et aujourd'hui j'en ai des milliers. Quand je ne serai plus là, ils continueront ce travail de mémoire indispensable à mes yeux".
Lili Leignel était l'invité de l'émission Hauts féminin diffusée le lundi 5 décembre, à revoir ci-dessus.