L'usine PSA d'Hordain (Nord), qui devait faire venir plusieurs dizaines d'ouvriers polonais pour renforcer ses équipes, a annoncé ce samedi à l'AFP que, finalement, elle ferait appel à une équipe composée "majoritairement d'intérimaires" et de "quelques" collègues d'usines européennes du groupe.
La direction avait indiqué jeudi lors d'un CSE qu'un "premier contingent" de 120 Polonais de l'usine de Gliwice - produisant des Opel Astra - allait arriver, puis que 150 autres les rejoindraient la semaine suivante, tous pour une mission de trois mois, logés par l'entreprise dans la région et payés selon la convention collective française du secteur.
"Nous avions cherché à faire jouer l'efficience dans le groupe, avec le principe de solidarité industrielle, le groupe avait alors décidé de faire venir des salariés de Gliwice concernés par une activité plus faible", a expliqué le responsable communication de PSA Hordain, Jean-Pierre Papin.
"Compte tenu de l'émotion que ce sujet suscite", ce que "nous comprenons dans le contexte actuel du pays", - mais aussi de la pression mise par le gouvernement sur le constructeur automobile pour renoncer - "nous avons travaillé à une solution alternative", permettant "de monter cette équipe supplémentaire" finalement constituée "majoritairement d'intérimaires", a-t-il dit.
Ces intérimaires viendront donc "en substitution d'une partie importante des salariés initialement prévus de Gliwice", a détaillé M. Papin. Cette "solution" est une "alternative" pour "répondre à la demande" : cette équipe, qui sera composée de quelque 530 personnes, comprendra toutefois aussi "quelques collègues" d'usines PSA européennes "qui continuent de subir les effets de cette crise et pour qui il s'agit d'une solution solidaire de leur permettre d'avoir une activité".
Plus tôt dans la journée, le ministère de l'Economie avait annoncé que le groupe automobile PSA s'était engagé auprès du ministre Bruno Le Maire à revenir sur sa décision de faire venir en France certains de ses ouvriers polonais pour renforcer ses équipes du site d'Hordain. "Dans la situation actuelle, les entreprises doivent tout faire pour protéger
l'emploi en France", a estimé le gouvernement.
C'est une victoire mais elle doit en appeler d'autres. On va rester hyper vigilants.
Fabien Roussel, député PCF du Nord.
Un CSE extraordinaire doit entériner cette nouvelle option, lundi matin, dans le Nord, a indiqué Franck Théry secrétaire général de la CGT PSA d'Hordain. "C'est une victoire mais elle doit en appeler d'autres. On va rester hyper vigilants. La venue des travailleurs polonais à PSA Hordain est annulée, (...) mais on va continuer à se battre pour que ce soit le cas aussi ailleurs", en Moselle par exemple, a déclaré Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et député du Nord.
Dans l'usine mosellane de Trémery, qui emploie "une quinzaine" de salariés du site de Mulhouse en renfort, "on a annoncé qu'on réfléchissait à faire venir des employés d'autres sites PSA de France et de l'étranger" sur la base du volontariat, notamment des ouvriers allemands, a indiqué une porte-parole de l'usine PSA de Tremery et du site voisin de Metz, qui fait travailler 50 ouvriers polonais de l'usine de Gliwice.
PSA avait justifié sa décision de faire appel à ses salariés polonais en expliquant que la "crise économique brutale" générée par l'épidémie de Covid-19 nécessitait "de réagir avec agilité et efficience, afin d'assurer la pérennité du groupe PSA".
"On est au stade de chercher des solutions pour trouver des gens pour rejoindre nos équipes qui ne sont pas au complet, sans faire appel à des intérimaires" puisqu'il y a encore des mesures de chômage partiel dans le groupe, selon les fonctions et les sites, a indiqué la porte-parole de Metz.