Roubaix : une future ferme urbaine circulaire sur une friche industrielle

Cultiver des légumes tout en élevant des insectes et des poissons, où les déchets des uns servent de nourriture aux autres : c'est le projet de la ferme urbaine circulaire du Trichon à Roubaix. Un couple de Marcq-en-Baroeul s'est ainsi déjà lancé dans l'élevage d'insectes comestibles.

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Comment produire le plus de légumes et de protéines animales possibles, sur le moins d’espace possible, avec le moins d’argent et de carbone possibles ? C’est le défi que se sont lancés les porteurs du projet de Ferme circulaire du Trichon à Roubaix.



Ils sont rassemblés autour de Pierre Wolf, un ancien journaliste déjà créateur de la coopérative Baraka, à la fois restaurant et "fabrique de biens communs" qui propose une foule de rendez-vous pour vivre et faire des choses ensemble à Roubaix

En face de Baraka, le parking de l’ancienne friche Nollet est déjà partiellement reconverti en jardin communautaire par des habitants du quartier. C’est le jardin du Trichon. D’ici 4 ou 5 ans,  la ferme urbaine circulaire devrait y prendre place, sur les 6500 m2 d’espace au total, et produire un maximum de nourriture saine.



A leur échelle, les porteurs de ce projet roubaisien sont en train d’inventer l’agriculture de demain, celle qui devra nourrir 9 milliards d’êtres humains à l’horizon 2050 et dont 70 % vivront dans les villes.

L’une des plus petites fermes du monde à Marcq-en-Baroeul


Mathieu Colin et Virginie Mixe font partie de ces agriculteurs du futur. Ce couple de graphistes de Marcq-en-Baroeul expérimente depuis l’été dernier la Minus Farm. Dans une pièce de 10 m2 à peine, ils élèvent des milliers de tête de bétail, grillons, criquets et ténébrillons, encore appelés vers de farine.

"D’un point de vue nutritionnel, c’est aussi riche que les protéines classiques", expose Virginie. "Et au niveau de la planète, pas besoin de terre, pas besoin d’eau, ça ne rejette pas de méthane, pas d’ammoniaque. Et surtout, sur de toutes petites surfaces, on peut élever beaucoup de protéines propres. Nous, on peut nourrir quelques familles avec 10 m2, ce qu’on ne peut pas faire avec un champ de soja ou une vache".

Matthieu et Virginie se sont lancés dans cet élevage du futur par souci de la planète et des hommes à nourrir. Et vantent les vertus écologiques de leur projet : le substrat de son de blé de leur cheptel est fourni par un meunier du coin, et sa nourriture est faite des légumes invendus de l’épicerie bio d’à côté. Difficile de faire plus économe.


Une ferme circulaire où rien ne se perd, tout se transforme


Dans la future ferme urbaine circulaire du Trichon, le guano de leurs insectes pourra servir de fertilisant pour les légumes cultivés. Ils pourront aussi constituer la nourriture des poissons, dont les déjections fertiliseront elles aussi les légumes. L’élevage piscicole pourrait se faire en aquaponie, forme d’aquaculture intégrée qui associe en symbiose la culture des végétaux.

A côté, la chaleur émise par la culture de champignons et celle du compost serviront de chauffage pour les insectes. Bref, l’idée est bien celle de Lavoisier, "Rien ne se perd, rien ne se créée, tout se transforme", comme nous l’explique Pierre Wolf, porteur du projet : "L’idée est que tous les acteurs que nous réunissons mettent en commun leur modèle économique pour regarder ce qu’ils produisent les uns les autres, et comment les déchets et les co-produits des uns peuvent servir aux autres. Comment on peut optimiser tout ça comme dans un écosystème naturel. Au fond, on essaye de comprendre l’intelligence du vivant pour le domestiquer et le reproduire ici. Ce n’est rien de plus que de se rapprocher de la merveilleuse intelligence de la nature et du vivant".

En attendant de mobiliser les fonds nécessaires à l’étude de projet et à sa réalisation, Virginie et Matthieu vont continuer de promouvoir leur élevage comme nouvelle source de protéines alimentaires, en organisant notamment des dégustations. Car il faut un peu de pédagogie pour vaincre les réticences qu’inspirent vers de farine, grillons et criquets…dont les possibilités culinaires sont pourtant sans limites, qu’ils soient grillés ou réduits en poudre. Ils sont déjà consommés par 2 milliards d'êtres humains à travers le monde. En Europe, leur commercialisation n'est pas encore autorisée, sauf pour les animaux.


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