En 2 ans, l'enseigne de prêt-à-porter Camaïeu a été placée deux fois en redressement judiciaire. L'annonce est tombée le 1er août et l'actionnaire doit présenter un plan de continuité des activités. Les salariés craignent une casse sociale massive.
En août 2020, la Financière immobilière bordelaise avait repris 511 magasins Camaïeu et 2 600 salariés dans le cadre d'une cession pilotée par le tribunal de commerce. Deux ans plus tard, l'enseigne en est à son deuxième placement en redressement judiciaire. La direction met en cause la crise sanitaire, mais pour les salariés, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Ils ont lancé un vaste mouvement de grève dans les magasins et au siège, ce 12 septembre. Dans le Nord, une cinquantaine d'entre eux se sont rassemblés devant le siège de Roubaix. Les visages sont graves.
"On est très inquiets, on se demande comment va se passer tout ça, soupire Didier Le Bacq, comptable pour l'enseigne. On essaie de garder confiance, mais on ne se fait pas d'illusion..." Cindy Ponthieu, employée logistique, abonde : "Ça me dégoûte parce qu'on y croyait dur comme fer à tous ces projets, tout ce qu'ils prévoyaient. Quand on voit que deux ans après on en est là, c'est décevant". Même son de cloche chez son collègue, Eric Baudelot. "On est là pour montrer notre mécontentement, notre ras-le-bol d'être manipulés, pris pour des idiots."
"C'est inacceptable et on ne laissera pas faire !"
Pour tenter de sauver l'enseigne, l'actuel actionnaire, HPB, doit présenter un plan de continuité à la fin du mois de septembre. Mais les syndicats craignent une casse sociale d'ampleur, explique Thierry Siwik, délégué CGT. "Ce que propose l'actionnaire, c'est la fermeture de 200 magasins, le démantèlement de Camaïeu en rachetant lui-même la logistique, et le licenciement de centaines de salariés dans les bureaux ! C'est inacceptable et on ne laissera pas faire !"
La CGT réclame, pour préserver les salariés, un plan de départ volontaires, des mesures de reclassement et un accompagnement financier. Un tiers des salariés pourrait être menacés selon la CGT. Contactée par l'AFP, la direction n'a pas souhaité s'exprimer dans les médias.