Cinq personnes soupçonnées d'appartenir à une filière jihadiste dite "de Roubaix" vers la Syrie sont actuellement jugées à Paris. Parmi elles, un libraire lillois et la seule "revenante" de ce groupe.
Le parquet de Paris a requis de un à huit ans de prison ferme à l'encontre de cinq personnes soupçonnées d'appartenir à une filière jihadiste, dite "de Roubaix" vers la Syrie.
Parmi les cinq prévenus : une "revenante" de Syrie et quatre hommes jugés pour un soutien logistique ou idéologique depuis la France. Ces derniers ne pouvaient ignorer la visée "terroriste" de ces départs, selon la procureure.
En tout, une dizaine de jeunes sont partis vers la Syrie entre 2013 et 2014, pour la plupart depuis la région de Roubaix, via une filière comme il en existait à l'époque de nombreuses en France. Ceux qui ne sont pas revenus sont présumés morts en Syrie ou toujours sur place. Ils font l'objet de mandats d'arrêt et d'une procédure criminelle distincte.
Un à huit ans de prison
A l'encontre de Mélodie H., 26 ans, seule "revenante" à ce jour du groupe de Roubaix, l'accusation a demandé cinq ans de prison, dont trois assortis d'un sursis avec mise à l'épreuve, notamment une obligation de soins et de travail.
Entre 2014 et 2015, la jeune femme avait séjourné cinq mois à Raqqa, alors "capitale" de l'organisation Etat islamique en Syrie. Elle y avait rejoint un Roubaisien "épousé" sur internet. Mercredi, elle avait assuré qu'elle était alors "endoctrinée".
M'Barek C., qui tenait jusqu'en 2015 une librairie islamique à Lille et déjà condamné pour apologie du terrorisme, est coupable aux yeux du parquet
d'avoir apporté un soutien idéologique et financier à des candidats au départ. Il mènerait à travers eux, à 62 ans, un "jihad par procuration".
A l'encontre de cet homme à la longue barbe blanche, détenu, la procureure a demandé sept ans d'emprisonnement avec une période de sûreté des deux tiers.
Le libraire, qui se targue d'être "connu dans toute la France", a clamé son innocence : "C'est quoi mon intérêt d'envoyer mes clients mourir là-bas ?". Volubile jusqu'à friser le complotisme, il a accusé "les médias" et "les politiciens" d'avoir "envoyé nos enfants là-bas".
La magistrate a requis huit ans et deux tiers de sûreté contre Saïd A., pour avoir tenté de gagner la Syrie et "facilité le départ" de candidats au jihad. Elle a pointé la "dangerosité" potentielle de cet homme qui a refusé d'être extrait de sa cellule.
Hakim F. avait également cherché à se rendre en Syrie et avait convoyé quatre jeunes à l'aéroport au moment de leur départ pour le jihad. Des délits pour lesquels le parquet a demandé son incarcération immédiate pour cinq ans, malgré son intégration encourageante dans la société.
Enfin, contre Sophian N., jugé uniquement pour financement et non pour association de malfaiteurs à visée terroriste, la procureure a demandé deux ans d'emprisonnement, dont un avec sursis et mise à l'épreuve, pour avoir envoyé 1 900 euros à son frère en Syrie. Son avocat a demandé sa relaxe en dénonçant son "rattachement artificiel" à cette filière, par son seul lien avec son frère.
Suite des plaidoiries de la défense et jugement vendredi.