Pour un baptême de cyclisme sur piste, direction le vélodrome à Roubaix qui accueille les championnats du monde de cyclisme sur piste du 20 au 24 octobre. Rien de tel pour se glisser dans la peau d'un champion. Nous avons testé pour vous le départ lancé et le départ arrêté. #Vousêtesformidables.
De loin, il ressemble à un vélo ordinaire... De loin seulement ! Car une fois en main, je vois bien qu'il n'y a pas de frein, pas de rétro-pédalage non plus. Pour ralentir, il faut exercer une (légère) poussée sur la pédale quand celle-ci remonte. Pas question de s'arrêter de pédaler brusquement ou de vouloir se mettre en roue libre, ça n'est pas possible ! Si l'on est lancé à forte vitesse, on risque la chute en ne ralentissant pas correctement. Je suis donc prévenu d'emblée, coup de pression, mais Sébastien Notin, l'éducateur sportif qui m'accueille, se veut rassurant : je vais pouvoir effectuer plusieurs tours de piste pour me familiariser avec l'engin.
Ce dernier, très léger, pèse 7 à 8 kg, il y a une réglementation par l'UCI, l'Union Cycliste Internationale, qui interdit de descendre en dessous des 6,8 kg. Le vélo coûte environ 1.500 euros et est fourni (tout comme le casque et les chaussures) lorsque l'on vient tester la piste lors d'un baptême par exemple, au Stab, le vélodrome roubaisien. Les pneus sont très adhérents mais ce ne sont pas des boyaux comme en compétition. Les boyaux -qui peuvent être gonflés jusqu'à 14 bars de pression- ont encore un meilleur rendement de vitesse, en raison de la qualité de gomme.
L'échauffement : "le pignon fixe se rappelle à moi !"
Comme pour n'importe quel sport, tout commence par l'échauffement. Très progressif, il s'agit de prendre en main le vélo. J'effectue mes premiers tours, et surprise tout roule, avec comme une sensation de glisser sur le sol : non pas que je n'ai pas confiance en l'adhérence (je testerai cela plus tard dans la pente) mais plutôt l'impression que le vélo roule assez facilement. C'est très agréable. Il suffit pourtant d'un moment de décontraction, pour se retrouver en roue libre et là ma jambe est projetée légèrement en avant par le pédalier qui continue de tourner. Aïe ! Le pignon fixe se rappelle à moi et je perds un peu confiance en ma machine. A la fin de cet échauffement, un mal aux mains surprenant se manifeste. Cela arrive à beaucoup de personnes qui comme moi testent le vélodrome. Explication de Sébastien : la crispation, l'appréhension du vélo et de la piste.
La piste : "45 degrés, le vertige !"
Quelques tours de piste plus tard, voilà que Sébastien mon instructeur devient plus exigeant. Il s'agit à présent de monter un peu en direction de la balustrade, lorsque je suis dans la longueur de la piste, et de redescendre une fois dans le virage. Là, dans le virage, vous allez indiscutablement vous rendre compte de la pente : 45 degrés ! Vertige garanti !
En mélèze de Sibérie, bois à la fois souple, pour que ses lamelles soient incurvées dans les virages et rigide pour un meilleur rendement de vitesse, la piste mesure 250 mètres de long. Une piste olympique. Les cyclistes roulent dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, comme sur tous les vélodromes, pour diverses raisons historiques. Le record du tour de piste est de 17 secondes au Stab, le seul vélodrome couvert des Hauts-de-France. Sinon, il existe des anneaux à Saint-Quentin (Aisne), Saint-Omer (Pas-de-Calais), et Senlis (Oise).
200 m départ lancé : "la vitesse permet de garder l'équilibre... En théorie !"
Nouveau défi pour ce baptême : accélérer progressivement pendant deux tours et demi, monter à la balustrade, puis plonger à la corde à fond pendant 200 mètres pour réaliser un chrono. J'atteinds approximativement les 28-30 km/h, (une vitesse nécessaire pour être stable à la balustrade) et je monte aux trois quarts de la hauteur du virage.
Je dois vous avouer que je n'ai honnêtement pas tout donné... Peut-être par manque de confiance sur le vélo pour garder l'équilibre en roulant vite ? Très certainement, au moins en partie. Pourtant, la vitesse est déterminante. Si l'appréhension et la peur de la chute restent donc présentes, la force centrifuge commence à se faire sentir. Celle qui pousse vers l'extérieur, grâce à la vitesse et permet de trouver un bon équilibre, comme je l'explique à la fin de cette vidéo.
Le cyclisme sur piste n'est "pas un jeu vidéo" !
En compagnie de Théo Bracke, 19 ans, champion de France du kilomètre il y a deux ans, qui ambitionne de se qualifier pour les JO de Paris 2024, je fais un départ arrêté. Un tour de piste davantage pour observer à ses côtés, comment il roule. Et bien je n'ai été à ses côtés qu'au départ... Pas vraiment eu le temps d'analyser sa pratique. Trop vite pour l'amateur que je suis ! Mais grâce à une moto pilotée par Sébastien Notin, nous avons les images. Regardez plutôt, la caméra embarquée déforme un peu la netteté, mais ce n'est pas un jeu vidéo, c'est bien la réalité !
Les infos pratiques
La baptême de cyclisme sur piste au Stab coûte 20 euros. Casque, chaussures et vélo sont fournis pour une demi-heure en piste, le mercredi entre 10.00 et 12.00, le samedi entre 14.00 et 18.00 et le dimanche entre 12.00 et 14.00. Prévoir le cuissard ou le short et le tee-shirt. Et de l'eau ! Si vous êtes un vrai costaud vous aurez quatre jours en octobre pour vous mesurer au plus grands sur la piste du Stab. Pour tous les autres (et moi) les gradins sont là !
Rendez-vous du 20 au 24 octobre
Les championnats du monde de cyclisme sur piste 2021 se déroulent, en effet, à Roubaix du 20 au 24 octobre. Un peu contre toute attente car ils devaient avoir lieu au Turkmesnistan. En raison de sa frontière avec l'Afghanistan et de la prise du pouvoir par les talibans dans ce pays, l'épreuve n'a pu être organisée. Le président de l'UCI a tout de même marqué sa volonté d'organiser ces championnats et c'est Roubaix qui a été choisi, même si sa capacité de places assises - 1 500 - est un peu restreinte comparativement à d'autres vélodromes dans le monde.
Trente à quarante nationalités sont représentées, 300 participants. Tout le gratin mondial et en particulier les Néerlandais qui ont raflé beaucoup de médailles à Tokyo cet été. "C'est la compétition la plus relevée après les JO", explique Sébastien Notin, "elle est donc en elle-même, très prestigieuse et elle compte, en plus, pour les qualifications pour les JO 2024 à Paris".
Mon avis
Je recommande vivement un baptême pour les plus jeunes (à partir de 7 ans) comme pour les autres. On se rend compte de la difficulté d'appréhender la piste. Il y a nécessairement un côté équilibriste, funambule même : soit on ne va pas assez vite et on risque le déséquilibre, la chute ; soit on va suffisamment vite et on commence à sentir la force centruge qui nous pousse vers l'extérieur. Là, il faut se pencher vers l'intérieur du virage mais pas trop. "Si on atteint de grandes vitesses comme 70 à 75 km/h", explique Théo "on risque de tomber du côté intérieur du virage". Equilibre donc, tout en maintenant un rythme le plus soutenu possible. Difficile. Si vous ajoutez à cela, le départ arrêté en danseuse, les mains en bas du guidon, vous avez une idée de l'inconfort de la chose pour quelqu'un qui -comme moi- fait occasionnellement du vélo hollandais.
Les premiers tours de piste ne sont donc pas sans difficultés. Mais c'est une expérience unique ! Pas chère, et qui permet d'apprécier à sa juste valeur les performances des champions du cyclisme sur piste. En France, quelque 2 000 à 3 000 licenciés de la FFC seraient spécialisés dans le cyclisme sur piste.