Auguste Parent était secrétaire général de la CGT Massey-Fergusson en 1968. Il nous livre ses souvenirs de cette époque.
Sa santé est fragile mais sa mémoire reste intacte. Auguste Parent est un peu chez lui aux Archives du Monde du Travail de Roubaix. C'est ici que se trouve préservée de l'oubli la "saga des Massey", comme on l'a appelée. Il a été durant des années le secrétaire général de la CGT Massey- Fergusson, figure de proue de toutes les luttes.
Le 20 mai 1968, les 2 700 ouvriers de Massey-Fergusson, en grande majorité grévistes, votaient l'occupation du site. Elle durera trois semaines.
Chez "les Massey", ouvriers comme agents de maîtrise étaient à 80 % adhérents à la CGT. En ce mai 68, ces héritiers de syndicalisme de masse ne voyaient pas forcément d'un bon oeil arriver les étudiants, qui étaient selon eux des bourgeois révolutionnaires.
A l'issue de ces semaines de grève, les accords de Grenelle ont permis d'obtenir une augmentation du SMIG de 35% et en décembre 68, une autre conquête : l'entrée officielle du mouvement syndical dans les entreprises, avec la nomination d'un délégué syndical.
Nous, on se battait pour les grandes entreprises, et les petites entreprises en bénéficiaient indirectement.
L'usine a fermé ses portes en 1984. Cette plaque est la seule trace des combats des "Massey". En 50 ans, l'ancien syndicaliste a constaté la fin d'un monde industriel et ses conséquences.
"Il y a une disparition phénoménale des bastions", constate Auguste Parent. "On disait qu'il y avait des îlots de combativité dans un océan de laisser-aller..." "Il y avait autour de l'usine des tas d'entreprises qui n'étaient pas organisées. Dans le temps, on disait : pourvu que Renault gagne la troisième semaine de congés payés, nous, ça va suivre par la suite !"
Le mouvement syndical a perdu beaucoup d'adhérents et beaucoup de militants du fait de la disparation de ces grandes entreprises