Roubaix et Détroit, deux villes si loin, si proches, aux destins parallèles. Huit artistes, français et américains, engagés dans le changement des quartiers délaissés de leur ville, racontent comment ils et elles se réapproprient l’espace urbain pour créer. Une web-série documentaire inédite de Clara Yvard sur l'engagement artistique et la lutte contre les préjugés.
Roubaix, au Nord de la France, 96 000 habitants. Détroit, au Nord-Est des Etats-Unis, 632 000 habitants. Les deux villes ont en commun un destin marqué par le déclin industriel et la violence des crises économiques et sociales. Mais derrière les murs, l’art fait vivre !
Quatre artistes français et quatre artistes américains, engagés dans le changement des quartiers délaissés de leur ville, racontent comment ils et elles se réapproprient l’espace urbain pour créer, innover et transmettre en même temps qu'ils et elles luttent contre les préjugés, les inégalités et la gentrification dans ces cités.
Chacun des épisodes de la web-série de Clara Yvard (4 x 13 minutes) est dédié à une pratique artistique (musique, danse, street art, mode), au cours desquels les artistes reviennent sur leur parcours personnel et racontent comment ils voient leur ville, malmenée par l'histoire, évoluer.
Clara Yvard a découvert Détroit en 2017. Immédiatement, elle fut "émerveillée par les rues vibrantes de street art, les usines abandonnées métamorphosées et les friches urbaines devenues des havres pour artistes". Les théâtres et les salles de cinémas abandonnés sont autant de souvenirs d’une splendeur passée de la ville, où les créateurs s'affranchissent désormais des conventions et "redéfinissent l’essence même de leur ville à travers l'innovation et l’audace". La jeune réalisatrice a retrouvé cette même "résonnance" à Roubaix, ville qui connaît aussi un renouveau et est devenue un vivier d’artistes émergents.
"Mon projet dépasse le simple portrait de l'artivisme entre Roubaix et Détroit. Il aspire à illustrer la notion de liberté. Plus qu’une déconstruction des stéréotypes, il s'agit de montrer que dans ces villes souvent marginalisées, la moindre pression à se conformer ouvre un espace où les artistes peuvent librement explorer et oser l’innovation."
Clara Yvard, réalisatrice
Dans "From Roubaix to Detroit", la réalisatrice Clara Yvard se penche sur des problématiques sociétales variées, notamment la création artistique, dans un contexte post-industriel en donnant la parole à des artistes, qui sont eux aussi, comme leurs villes, si loin, si proches.
Une coproduction Les Docs du Nord / Black Pepper Studio / France Télévisions
Production : Marie Dumoulin
Épisode 1 - La musique
Éduquer par le rap, pour réveiller les consciences, avec Punchlyn et Boog Brown, ou la musique pour affirmer son identité́ et se connecter aux autres. L’une à Roubaix, l’autre à Détroit, elles partagent un objectif commun : à travers l’écriture et la musique, donner aux jeunes des quartiers l'opportunité́ de s’exprimer, d’affirmer leur identité́ et de se connecter aux autres.
Lyna, alias Punchlyn, est une rappeuse et beatmakeuse originaire de Roubaix, réputée pour ses textes percutants et son engagement en faveur de l’éducation populaire. Au cours des dernières années, elle s’est imposée en organisant des ateliers de rap dans les écoles et les prisons pour mineurs. Lyna a fondé Zero Vice City, une association qui aide les jeunes de Roubaix à se professionnaliser, et a lancé le Five Contest, un concours de rap destiné aux jeunes talents locaux. Actuellement, elle prépare un nouvel EP aux influences électroniques et trap, tout en conservant une touche organique. Fidèle à son désir de ne se conformer à aucun standard, elle travaille sur ce projet depuis des années pour offrir une œuvre unique et engagée. Lyna est fière de s’auto-produire et de défendre la place des femmes dans le rap.
Boog Brown, de son vrai nom Elsie, est une artiste hip-hop, poétesse et activiste originaire de Détroit. Connue pour ses textes poétiques et réfléchis, elle aborde des thèmes tels que l'identité, la résilience, l'amour et la lutte contre l'injustice. Dès son adolescence, elle a utilisé la poésie et le rap pour exprimer ses pensées et expériences. Après avoir débuté dans la scène musicale de Détroit, elle a déménagé à Atlanta, où elle a rapidement gagné en notoriété grâce à son style lyrique distinctif et ses performances dynamiques. En 2010, elle a sorti son premier album, Brown Study en collaboration avec Apollo Brown, acclamé pour ses paroles introspectives. En plus de sa carrière musicale, Boog Brown est une activiste et éducatrice engagée dans des initiatives communautaires et sensibilise à des questions sociales importantes.
Épisode 2 - La mode
Créer responsable, pour plus d'inclusion sociale, avec Kaïs (Pour la paix) et Roslyn (Detroit is the new black), créateurs qui défendent une mode qui favorise l'upcycling et l'inclusion. Si pour Roslyn il s'agit d'encourager et d'accompagner de jeunes entrepreneurs noirs américains, pour Kaïs, il s'agit de baser sa production à Roubaix en valorisant le patrimoine textile alternatif local.
Kaïss, originaire de Roubaix, est le fondateur de la marque de prêt-à-porter d'upcycling Pour la Paix. Il a créé sa marque seul et en gère l'ensemble de la production et de la communication. En réutilisant des vêtements pour créer des pièces uniques, il combat la fast fashion et promeut une création zéro déchet, inspirée par la diversité culturelle de Roubaix. À l'avenir, il souhaite avoir un impact social en favorisant l'insertion professionnelle des femmes roubaisiennes, en installant ses ateliers à Roubaix et en encourageant une production locale. Il espère que cela contribuera à renforcer l'économie locale face à la gentrification. Kaïss croit en l'avenir de Roubaix dont il souhaite redorer l’image grâce à ses habitants, qu’il inclut systématiquement dans ses projets.
Roslyn Karamoko est une entrepreneuse et designer largement reconnue pour son influence dans l'industrie de la mode. En 2013, Karamoko s'est installée à Détroit, attirée par l'énergie créative et l'esprit entrepreneurial qui caractérisaient la ville. C'est ici qu'elle a lancé Détroit is the New Black, une marque qui non seulement propose des vêtements élégants et modernes, mais qui sert également de plateforme pour promouvoir l'art, la culture et la communauté locale. Les designs de Karamoko allient simplicité élégante et messages puissants. Karamoko est également reconnue pour son engagement envers la communauté. Elle utilise sa plateforme pour soutenir d'autres entreprises locales et pour promouvoir la diversité et l'inclusion dans l'industrie de la mode à Détroit. Son travail a été salué par de nombreuses publications et organisations, faisant d'elle une figure respectée et influente.
Épisode 3 - Le street art
Raconter sur les murs, pour rendre hommage aux habitants, avec Papysse et Sydney G.James, ou l'art urbain comme un moyen de préserver le patrimoine et de donner une voix aux oubliés. Pour Papysse, peindre les murs signifie rendre hommage à son quartier l'Alma à Roubaix, actuellement menacé de démolition. Sydney G.James, elle, met en lumière ses ancêtres invisibilisées et des femmes noires inspirantes.
Papysse est originaire du quartier de l'Alma à Roubaix. Depuis son enfance, il exprime sa créativité à travers le dessin. Après divers petits emplois, il rejoint l’école des Beaux-Arts de Tourcoing, tout en refusant de se conformer aux normes traditionnelles de spécialisation. Il ne se désigne pas comme un street-artiste mais comme un dessinateur. Pour Papysse, une fresque c’est un hommage. Il en a récemment réalisé une au sein de son quartier, utilisant des couleurs et des personnages pour représenter l'Alma, stigmatisé par des clichés négatifs. Papysse est également engagé dans des projets communautaires et éducatifs, utilisant son art comme un outil de transformation sociale et de connexion avec la jeunesse locale. Sa singularité est remarquée par son entourage, qui le décrit comme un observateur silencieux, capturant des images dans sa tête pour les retranscrire ensuite sur papier.
Sydney G. James est une artiste visuelle américaine renommée pour ses œuvres explorant l'identité, la culture et la résilience afro-américaines. Originaire de Détroit, elle joue un rôle crucial dans le mouvement artistique contemporain de la ville avec ses peintures murales vibrantes et installations artistiques. Ses œuvres, inspirées par son expérience personnelle et l'histoire collective de sa communauté, abordent des thèmes sociaux et politiques, mettant en lumière les luttes et triomphes des communautés noires. James a réalisé de nombreuses peintures murales à Détroit et ailleurs, transformant des espaces publics en toiles célébrant la diversité et la force de la communauté noire. En plus de son art, elle est une défenseure active de l'art comme vecteur de changement social, participant à des projets communautaires et initiatives éducatives pour inspirer les jeunes et les artistes émergents.
Épisode 4 - La danse
Transmettre avec les corps, pour soigner les maux, Omoï et Biba Bell, danseurs à rebours de l’idée de gentrification. Omoï et Biba Bell ne sont pas originaires de Roubaix et de Détroit, pourtant, ce sont ces villes qu’ils ont choisies pour exercer leur art. À rebours de l’idée de gentrification, ils s'engagent activement à contribuer de façon positive à la vie sociale des quartiers qui les accueillent.
Jimmy, alias OmoÏ, est un danseur et chorégraphe de danse urbaine, fortement inspiré par la culture asiatique. Malgré un handicap moteur entre 5 et 7 ans, la danse est rapidement devenue sa passion. Demi-finaliste des championnats du monde en 2016 (Juste Debout Bercy) en catégorie popping, il a enseigné dans plusieurs structures à l’étranger et dans les Hauts-de-France, notamment l'association roubaisienne "Dans la rue la danse" depuis 2016. Coach de l'équipe du collège de Wavrin, quadruple championne académique, il utilise la danse comme moyen d'expression pour aider les jeunes à explorer leur sensibilité.
Biba Bell est une chorégraphe, danseuse et universitaire américaine réputée pour son approche innovante de la danse contemporaine. En tant que professeur à la Wayne State University de Detroit, elle partage sa passion pour la danse et promeut une pratique artistique ancrée dans la recherche et l'innovation. Sa carrière de chorégraphe se caractérise par une approche interdisciplinaire intégrant des éléments d'architecture, d'arts visuels et de théorie critique. Ses performances sont présentées dans divers lieux, de galeries d'art à des terrains vagues, renforçant l'interaction entre la danse et l'environnement. Bell est également reconnue pour ses écrits académiques explorant les relations entre le corps, l'espace et la société, contribuant ainsi à la réflexion sur la danse et la performance.
#FRTD : "De Roubaix à Détroit, l’art est une arme de construction massive"
Durant tout le mois de juin 2024, une série de vidéos sur Instagram, réalisée par Clara Yvard, a permi d’élargir et d’approfondir le message véhiculé dans "From Roubaix to Détroit". 28 artistes, 14 Français et 14 Américains, créateurs, activistes, partagent leur parcours, leur travail, leur engagement, leur énergie, dans un montage alterné qui permet de donner la vision de cette diversité, mais aussi de mettre en relief les points communs et l’universalité de cette conviction : "Dans ces villes malmenées par les crises économiques, l’art est une arme de construction massive".
>> https://www.instagram.com/france3nordpasdecalais
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