La série "Polar Park" a reçu le prix Vidocq du festival Séries Mania à Lille ce lundi 18 mars 2024. Ce prix récompense la meilleure série policière diffusée dans l'année. Huit séries du genre étaient en compétition.
Un serial killer qui maquille les cadavres en œuvre d'art. Un écrivain en mal d'inspiration qui empiète sur les scènes de crime. Entre les deux, des policiers qui tentent d'enquêter. Voilà résumée l'histoire de "Polar Park", une série policière qui a créé la surprise ce lundi au festival Séries Mania.
"Polar Park" était sélectionné avec sept autres séries au festival lillois dont "BRI" ou "Pax Massilia". Pour les départager, un jury pas tout à fait ordinaire, composé de procureur de la République, préfet et autres gradés des forces de l'ordre.
Une décision débattue
"Je peux vous dire que les débats ont été très animés", s'amuse la Procureure de la République de Versailles, présidente du jury pour la troisième année consécutive. "On prend les choses très à cœur". Comme dans un bon épisode, Maryvonne Caillibotte laisse le suspense planer quelques secondes… avant de délivrer le verdict : "Le lauréat du Prix Vidocq est… Polar Park !"
🏆 #PolarPark remporte le #PrixVidocq de la meilleure série policière française !
— SERIES MANIA (@FestSeriesMania) March 18, 2024
🎖️La canne du héros populaire Vidocq, créée par la #GalerieFayet est remise à l’auteur et réalisateur #GéraldHustacheMathieu par @LaurenceHerszb1 Directrice Générale du festival, l’actrice… pic.twitter.com/Hn7s0A2Ksx
Entre thriller et comédie, la série suit le parcours d'un auteur de polars interprété par le Dunkerquois Jean-Paul Rouve. Pour en finir avec le manque d'inspiration, il décide de se rendre dans le village de son enfance dans le Doubs. Il tente d'en savoir plus sur ses propres origines et finit par s'incruster dans une enquête de gendarmerie.
Le choix du jury est audacieux. À l'annonce des résultats, on est évidemment loin de l'ambiance du Palais des festivals de Cannes, mais une certaine émotion se ressent. Gérald Hustache-Mathieu s'en amuse d'ailleurs : "C'est le vrai festival de… cannes !". Remarquez l'absence de majuscule, le réalisateur de "Polar Park" fait référence à la forme de la récompense elle-même : une canne inspirée de celle du célèbre Vidocq.
Ça me fait plaisir parce que l'objet est très beau. Il est relié à un personnage légendaire qui est à la fois un brigand et un policier. (…) Nous, quand on écrit, on est à la fois les deux.
Gérald Hustache-Mathieu, réalisateur de "Polar Park"
Et si le ton décalé s'impose, c'est que "Polar Park" est une série décalée. La présidente du jury le salue : "Nous avons apprécié l'enquête, la fantaisie, l'humour, le ton décalé, la tendresse… la peur de la page blanche. Décorer un cadavre de cette façon, il fallait oser".
Quand le genre policier envahit le PAF
Présent au festival Séries Mania depuis 2019, le Prix Vidocq s'est imposé car il récompense un genre policier très présent sur grand et petit écran. Alors qu'en pensent les professionnels de la justice membre du jury ? "On accepte des décalages dans les tenues, dans la procédure qui est effectivement très très relâchée. (…) À partir du moment où c'est une fiction, il faut admettre qu'elle se détache de la réalité et de la pure rigueur de nos métiers du quotidien", analyse Maryvonne Caillibotte. Est-ce que cela peut réconcilier la justice avec les Français ? "Ça serait formidable. Pourquoi pas ! Tous les moyens sont bons et celui-ci est un excellent vecteur".
Avis partagé par l'actrice Clémentine Célarié présente pour remettre le prix au lauréat. Elle avait elle-même incarné une commissaire dans "Police de caractères" : "Les séries policières peuvent apporter une réflexion quand elles sont bien faites, quand elles sont profondes. Elles peuvent apporter de la connaissance sur certains thèmes, des milieux auxquels on n'a pas accès".
"C'est obsessionnel"
Une série policière qui est aussi l'occasion de briser quelques clichés. À commencer par ceux du réalisateur. Gérald Hustache-Mathieu, lui-même surpris de recevoir la récompense : "On a ce cliché de quelqu'un de cartésien dans la police, quelqu'un qui ne sera pas sensible à un univers imaginaire. Pourquoi j'ai été surpris (de recevoir le prix) ? Je n'aurais pas dû l'être parce que ce sont aussi des hommes et des femmes qui ont vu la série".
Et de poursuivre sur la "connivence" entre son métier et celui des forces de l'ordre : "On travaille en équipe. C'est obsessionnel. Ce sont des métiers prenants. Pour moi, d’être reconnu par cette frange-là du film, c'est très touchant. Maintenant je pourrais dire : j'ai le label !"
Ajoutons que la série BRI a par ailleurs reçu une mention spéciale du jury.