Des églises transformées en salles de boxe, en annexe de mairie ou même en maison. De plus en plus de bâtiments religieux sont vendus, mais peut-on les transformer à sa guise ? A Tourcoing, l’église Saint-Louis a été reconvertie en lieu socioculturel.
Vu de l’extérieur, c’est une église comme les autres. À l’intérieur, une page ouverte sur l’avenir, un laboratoire d’expériences innovantes et surtout sans fin.
En France, ce phénomène de désacralisation des églises prend de l'ampleur depuis dix ans. Quelques dizaines de ces bâtiments sont vendus chaque année, et il en existe à tous les prix.
Les églises ne sont pas faites que pour prier, on peut aussi y faire la fête. C’est le postulat de Silvany Hoarau qui s’est lancé dans la métamorphose de l’église Saint Louis, à Tourcoing. Ce Compagnon charpentier couvreur a racheté l’ancien lieu de culte pour le désacraliser en 2011.
A l’abandon depuis 2001 et au bord de l’effondrement, cette église de la fin XIXe a été sauvée de la démolition. Après deux ans de négociations avec la ville, la bâtisse s’est offerte une seconde vie grâce au projet de Silvany Hoarau : "Comment transformer un clocher en péril en un phare économique et culturel", exprime le nouveau propriétaire.
Un projet socioculturel
Quelles sont les contraintes pour la transformer ? La rénovation a été un vrai casse-tête : le bâtiment étant classé, impossible de modifier la façade, de créer de nouvelles fenêtres ou d'agrandir les portes. Dans tous les cas, l'évêque a son mot à dire. Oui à un café culturel par exemple, non à un fast-food.
"Notre souci est de respecter les lieux et ne pas choquer. Parce qu'une église ça une forte charge symbolique [...] les gens sont attachés à ce lieu, c'est toujours extrêmement délicat", explique Père Bruno Cazin, vicaire général du diocèse de Lille.
Les travaux colossaux ont été réalisés par une dizaine de jeunes sortis du système scolaire, chaperonné par des Compagnons du devoir.
La bâtisse, renommée "Le phare de Tourcoing", a déjà abrité plusieurs concerts, animations, fêtes privées et événements. Sont ouverts en permanence un café culturel ainsi que des chambres d’hôte, aménagées dans un "design de lingot d’or au premier étage", précise FAR LAB, l'association qui a récolté une partie des fonds en vue de la rénovation. D’autres chambres sont à prévoir, notamment une dans le clocher.
Toujours plus loin
Une ruche d’entreprises autour des métiers d’art à vu le jour . Des artisans, comme un maroquinier, y exposent leur travail. On peut aussi y retrouver un cabinet d’architecte et de designer, un espace de co-working ou encore une salle destinée aux séminaires d’entreprises.
"Ce qui est très important, c'est de pouvoir garder le sens. Le sens d'une église, c'est d'être ouverte, que le quartier puisse se rapproprier ce lieu à travers autre chose que la messe... dans de la vie et de la joie", ajoute Anne-Sophie Hourdeaux Bénévole à l'association culturelle Far Lab
Avec l’association FAR LAB, qui recherche des solutions pour la rénovation d’anciens lieux culturels en péril, Silvany Hoarau a en tête la reconversion de l’église Saint Gérard, à Wattrelos, qu’il a d’ailleurs déjà achetée.