Fatigue, essoufflements, perte de l’odorat… les symptômes persistent chez certains malades du Covid-19. Un millier d’entre eux va être suivi pendant un an par une grande étude nationale, coordonnée par le centre hospitalier de Tourcoing.
Et si l’on ne guérissait pas complètement du Covid-19 ? Et si certains patients pouvaient garder des séquelles à vie ? Ces questions sont au coeur de l'étude que va coordonner Olivier Robineau, médecin au service universitaire des maladies infectieuses et du voyageur au CH Dron à Tourcoing : "nous allons travailler avec des centres hospitaliers de toute la France en y associant les médecins généralistes".
Si la plupart des malades du Covid-19 guérissent en quinze jours, certains ne s'en sont toujours pas remis. Leurs symptômes persistent de longues semaines après leur apparition. Face à l’impuissance de leur médecin, ils alertent sur les réseaux sociaux. C’est accompagnés des hashtags #aprèsJ20, #aprèsJ60, parfois même #apresJ100 que leurs témoignages défilent sur Twitter, Facebook ou Instagram.
Aujourd'hui J90. Reste les douleurs musculaires dans les jambes associées à des picotements et fourmillements. La fatigue est encore présente. Mon corps se remet doucement de toute cette souffrance que le virus lui a imposé, c'est long très long #apresJ20 #apresJ60
— Peggy Dupre (@dupre_peggy) June 14, 2020
Difficultés à respirer, fatigue extrême, perte de l'odorat, douleurs musculaires...
Soucieuse de ce problème, l’Académie de Médecine a récemment reconnu que “les séquelles sont une menace réelle dont l’importance reste mal évaluée”. L’institution a publié le 15 juillet dernier un avis dans lequel elle détaille celles qu'elle connaît déjà : “Malaise général, douleurs musculaires, arthralgies (douleurs dans les articulations), fatigue au moindre effort physique ou intellectuel, perte de la mémoire et, parfois, accès de tachycardie”.Au service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Hôtel-Dieu à Paris, le professeur Dominique Salomon constate aussi une perte de l’odorat, des sensations de brûlures, des fourmillements, des pertes de cheveux et des troubles thyroïdiens chez certains patients. Depuis mi-mai, la médecin a reçu “une bonne centaine” de patients concernés par ces symptômes persistants.
Une enquête nationale regroupant au moins 30 centres hospitaliers
Face à leurs questions sans réponse, le centre hospitalier de Tourcoing lance une enquête nationale sur les formes prolongées du Covid-19. L’étude "Cocolate", soumise aux autorités, doit regrouper au moins 30 centres hospitaliers de toute la France, de Marseille à Lille en passant par Paris et Nice. Son lancement est prévu pour septembre.L'investigateur principal de l’étude Olivier Robineau espère regrouper au moins 1 000 patients présentant des symptômes persistants ou qui réapparaissent, plusieurs semaines après l’épisode initial. "Pour dégager une image claire de cette maladie polymorphe, les petites études décrivant 50 patients ne suffisent pas. Il est nécessaire de coordonner une grande enquête à l’échelle nationale”, considère-t-il.