Tirs de mortiers d’artifice et véhicules incendiés : troisième nuit de violences urbaines à Tourcoing

Après une première nuit agitée samedi 17 avril à Tourcoing, les violences urbaines ont repris dimanche 18 et lundi 19 avril dans la soirée. Les policiers en première ligne demandent des effectifs supplémentaires et une justice plus réactive pour éviter une escalade de la tension.

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"Il faudrait les mettre en tenue ne serait-ce qu’une soirée pour qu’ils se rendent compte de ce que la police vit". Ces mots sont ceux d’un policier en première ligne face aux violences urbaines déclenchées ces derniers jours à Tourcoing. Après deux soirées agitées, les affrontements ont repris pour la troisième fois dans la nuit de lundi 19 à mardi 20 avril.

Des échauffourées entre jeunes et police ont eu lieu dans plusieurs quartiers de Tourcoing, mais également à Roubaix ou encore à Wattignies, où le commissariat a été visé par des tirs de mortiers d'artifice sans pour autant être abîmé. Au total, 11 personnes ont été interpellées lors de cette troisième nuit d'affrontements selon Benoît Aristidou, délégué du syndicat Unité SGP Police dans le Nord.

Rodéo urbain 

Tout a débuté samedi 17 avril 2021, dans le quartier Croix-Rouge. En fin d’après-midi, un rodéo urbain a lieu. "Il semblerait qu’un jeune sur son scooter s’amusait à narguer les fonctionnaires de police en patrouille dans le quartier", raconte Serge Viseur, policier à Tourcoing et représentant du syndicat Alliance Police à l’échelle de l’agglomération lilloise. Il affirme que le jeune à scooter a chuté "sans que les CRS le poursuivent", avant que les fonctionnaires n’interviennent. "L’individu est resté au sol en disant qu’il était blessé", poursuit le syndicaliste, créant ainsi un attroupement.

Sur une vidéo que nous nous sommes procurés, on aperçoit un jeune au sol entouré par les forces de l’ordre. Alors qu’un fonctionnaire recule, le jeune se lève et prend la fuite. Quelques secondes plus tard, la camionnette des CRS est prise pour cible et plusieurs projectiles sont violemment envoyés sur les vitres du véhicule, obligeant les forces de l’ordre à quitter rapidement les lieux. Vers 19 heures, deux individus ont été placés en garde à vue. 

"Guet-apens" et tirs de mortier 

Après quelques heures de calme, les policiers sont de nouveau intervenus vers 23 heures pour un feu de véhicule localisé à l’endroit même où les premiers affrontements avaient eu lieu quelques heures plus tôt. Selon le syndicaliste Serge Viseur, aucun doute, l’incendie était volontaire et avait pour objectif de créer un "guet-apens" afin de prendre pour cible les policiers. 

La tension est alors montée d’un cran lorsque les jeunes ont visé les forces de l’ordre avec des tirs de mortiers d’artifice et de pierres. Au terme de cette première nuit de violence, un autre individu mineur a été interpellé et doit être déféré ce lundi devant le juge des enfants, a indiqué à l’AFP Carole Etienne, procureur de la République de Lille. 

Seconde nuit de violences

Après un retour relatif au calme, la soirée de dimanche 18 avril a été le théâtre de nouvelles violences urbaines dans le quartier Croix-Rouge mais également dans le quartier Bourgogne où des renforts de la BAC de Lille ont été envoyés, indique une source syndicale.

"Ils ont tiré un jet de mortier depuis le parc Clémenceau en direction du commissariat de Tourcoing, puis ça a repris dans le quartier de la Croix-Rouge", avance le représentant du syndicat Alliance Police. Aucun fonctionnaire n’a été blessé mais des dégâts matériels ont été constatés sur certains véhicules.

"Les forces de l’ordre sont devenues des cibles"

D’après plusieurs sources syndicales contactées, ces violences se répètent ces derniers temps un peu partout dans l’agglomération lilloise. "Ce n’est pas tous les week-ends mais ça devient régulier et c’est vraiment fatiguant, pour nous policiers mais également pour les riverains", raconte Arnaud Boutelier, secrétaire régional du syndicat Alliance Police dans les Hauts-de-France, qui cite certains quartiers de Roubaix et de Villeneuve d’Ascq en exemple. "Si un jet de mortier rentre dans un véhicule, vous prenez feu. Les forces de l’ordre sont devenues des cibles et ça devient anxiogène pour tout le monde"

"Ce n’est pas tous les week-ends mais ça devient régulier et c’est vraiment fatiguant, pour nous policiers mais également pour les riverains".

Arnaud Boutelier, secrétaire régional du syndicat Alliance Police dans les Hauts-de-France

Selon lui, l’intensification de la lutte contre le trafic de stupéfiants ces derniers mois exacerbe les tensions, alors que les moyens humains ne sont pas au rendez-vous. "Nous attendons encore des renforts en septembre au niveau de l’agglomération lilloise, mais c’est trop peu, déplore Arnaud Boutelier. Nous estimons à plus de 300 le nombre de fonctionnaires supplémentaires nécessaires pour assurer la sécurité dans l’agglomération, notamment à Roubaix et Tourcoing où l’activité est soutenue"

Colère et incompréhension

Au-delà des effectifs, les syndicats de police du Nord demandent "une vraie justice de proximité", alors que la colère gronde chez les fonctionnaires. Serge Viseur prend pour exemple le procès en appel des agresseurs de plusieurs policiers brûlés à Viry-Châtillon (Essonne) en 2016. 

Au terme de six semaines d’audience, cinq jeunes ont été condamnés à des peines de 6 à 18 ans de réclusion criminelle alors que huit autres ont été relaxés, créant l’émoi parmi les familles des victimes mais également au sein des commissariats de France. "Ce jugement fait monter la colère des fonctionnaires de police et doit faire rire les délinquants qui se disent qu’ils ne seront jamais condamnés", avance le représentant syndical Alliance Police de l’agglomération.

Pour se faire entendre, les policiers ont décidé de se rassembler devant les médias mardi 20 avril devant le tribunal judiciaire de Lille, à l'appel du syndicat Alliance Police. En attendant, tous redoutent une escalade de la violence.

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