Revendications, points de discorde avec les autres syndicats et avenir de la profession... Antoine Gomel, porte-parole de la Confédération Paysanne du Nord Pas-de-Calais répond à nos questions avant l'ouverture du Salon de l'Agriculture le 24 février.
Le célèbre Salon de l'Agriculture ouvre ses portes ce samedi 24 février et le climat est plus que jamais tendu chez les agriculteurs. Alors que les JA et la FNSEA menacent de faire pression sur l'évènement, nous avons fait le point avec Antoine Gomel, porte-parole de la Confédération Paysanne du Nord Pas-de-Calais.
💬 "On va entamer le Salon de l'agriculture en mobilisation nationale (...) et mettre la pression sur le gouvernement"
— franceinfo (@franceinfo) February 21, 2024
Pierrick Horel des Jeunes agriculteurs après les nouvelles annonces du gouvernement.
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Ce salon de l'agriculture apportera-t-il des réponses à vos revendications ?
Antoine Gomel (AG) : "Traditionnellement, à la Confédération Paysanne, on participe toujours au Salon de l'Agriculture, on a un stand, on essaie de rencontrer les politiques. Mais depuis le Covid, on a lancé le Salon à la Ferme, pendant la période du Salon de l'Agriculture. Plutôt que de faire bouger les gens à Paris, on voulait faire bouger les gens en France. Ça va faire quatre ans qu'on organise ces salons, pour autant la Confédération a toujours un stand au Salon de l'Agriculture.
Très franchement, le Salon de l'Agriculture ne changera rien. C'est vrai qu'il y a beaucoup d'argent en jeu dans ce salon, et que c'est un moyen de pression sur le gouvernement, mais ça ne va pas régler la problématique de fond du revenu paysan. Sur cette thématique on a un gros souci, toutes les annonces qui ont été faites, ne vont rien résoudre. On tape à côté du problème."
Quelles principales divergences entre les différents syndicats du monde agricole ?
AG : "À la Confédération Paysanne nous sommes pour une agriculture agro-écolo et paysanne, pour, à terme, se passer complètement des produits phytosanitaires. Nous sommes les premières victimes du réchauffement climatique. C'est un sujet très compliqué, on a un syndicat majoritaire [FNSEA] qui accompagne depuis 60 ans l'industrialisation de l'agriculture. Individuellement, les gens sont bien conscients que c'est dangereux pour la santé, mais ne sont pas prêts à faire un pas de côté. C'est l'économique avant tout.
Dans le Nord Pas-de-Calais, il y a donc de grosses différences sur la question écolo, mais aussi sur le type d'agriculture que l'on souhaite. À la Confédération Paysanne nous sommes pour une agriculture à taille humaine, avec des fermes plus petites, plus de main-d’œuvre, plus d'emploi. De l'autre côté, on est pour une agriculture productiviste efficace, l'agriculture de Macron. Nous sommes persuadés que la PAC [Politique Agricole Commune] est un outil pour réorienter l'agriculture vers l'agroécologie, alors que l'autre côté, il faut que la PAC serve à maintenir le système en place.
Nous, on reste un syndicat, on n'a pas d'obédience politique, on n'appelle pas à voter pour untel ou untel. Il est vrai que sur de nombreux sujets, on s'y retrouve avec certains partis de gauche, alors qu'on s'y retrouve nettement moins avec d'autres, mais c'est par rapport au type de société qu'on souhaite, on n'a pas de lien particulier avec les partis."
Ces dernières semaines, avez-vous eu l'impression d'être entendu ?
AG : "Aux différentes actions qu'on a faites, les médias ont répondu présent. Du côté du grand public, les gens ne comprenaient pas trop les différences entre les syndicats. Pour ceux qui connaissaient mieux le monde agricole, ils nous ont dit que ça faisait du bien d'entendre un autre discours.
On aimerait avoir un peu plus voix au chapitre. On se rend compte que lorsque l'on parle de nous médiatiquement, on se fait recevoir par les ministres. Si on n'entend jamais parler de nous, on nous ignore encore plus. Au début de la crise en janvier, uniquement la FNSEA et les JA allaient rencontrer les responsables. Deux jours après, on nous a reçus car on parlait de nous !"