Ce mardi 20 février 2024, une vingtaine d'agriculteurs se sont rendus dans l'Intermarché de Calais pour rencontrer la direction et vérifier la provenance des produits à base de viande. Une action coup de poing à quelques jours du Salon de l'agriculture, pour sensibiliser les clients et les dirigeants à la consommation de produits français
Sur le parking d'Intermarché à Calais, il y a comme une impression de déjà-vu. Un petit groupe de tracteurs est garé en file indienne contre l'un des murs de l'hypermarché. En pénétrant dans la grande surface, les clients peuvent croiser une vingtaine d'agriculteurs qui se dirige vers les rayons boucherie et charcuterie, chariot en main et grogne toujours en poupe.
Cette fois-ci il n'est pas question de bloquer l'accès au supermarché, comme ç'a pu être le cas au Carrefour Cité Europe il y a quelques semaines. Les agriculteurs l'affirment, ils ne veulent "pas gêner les gens dans le magasin, ni la circulation à l'entrée, sur le parking." Non, ce qui les intéresse ce mardi 20 février 2024, ce sont les produits à base de viande... Et surtout leur origine.
Vérifier la provenance
Même si la colère des agriculteurs a connu quelques soubresauts ces derniers temps, avec les annonces du Premier ministre Gabriel Attal, le ras-le-bol est toujours bel et bien là. "On est partis de très loin, ça fait déjà quinze ou vingt ans qu'on avait constaté toutes ces dérives, l'État ne peut pas résoudre en dix jours ce qu'il n'a pas fait pendant des décennies", rappelle Antoine Peenaert, agriculteur représentant FDSEA 62 Calaisis.
On est partis de très loin, ça fait déjà quinze ou vingt ans qu'on avait constaté toutes ces dérives, l'État ne peut pas résoudre en dix jours ce qu'il n'a pas fait pendant des décennies.
Antoine Peenaert, agriculteur représentant FDSEA 62 Calaisis
En se rendant chez Intermarché, les agriculteurs scrutent la provenance des viandes à la coupe, des lardons, des saucisses et des autres produits contenant de la viande pour vérifier qu'elles viennent d'exploitations françaises. Une façon pour les agriculteurs de sensibiliser la grande distribution à la nécessité de favoriser des produits français, notamment en ce qui concerne la viande, qui ne respecte pas toujours les normes françaises. "Donc nous notre slogan c'est « n'importons pas les produits que l'on ne veut pas qu'on produise chez nous ». C'est pour ça qu'on vient vérifier que tout le monde joue le jeu."
Créer un dialogue avec les grandes surfaces
Verdict : dans cet Intermarché, pas de problème au niveau de la viande de découpe, hormis de la viande de cheval qui provient d'Uruguay. Mais Antoine Peenaert justifie ce choix : "Il n'y a pas de producteur de viande de cheval en France, donc c'est normal que le directeur du supermarché en achète à l'étranger."
Le délégué syndical explique avoir le sentiment que la direction du magasin de Calais met tout en œuvre pour essayer d'acheter plus de produits avec de la matière première française. "On ne peut pas avoir du 100% français, mais on essaie quand même d'en avoir un maximum parce que chaque jour des personnes arrêtent de faire de l'élevage, moi-même j'ai arrêté parce que je ne gagnais pas ma vie."
Chaque jour des personnes arrêtent de faire de l'élevage, moi-même j'ai arrêté parce que je ne gagnais pas ma vie.
Antoine Peenaert
Tenir jusqu'au Salon de l'agriculture
Cette opération vise également à mettre "un coup de pression" au gouvernement à la veille du Salon de l'agriculture, qui débutera le 24 février prochain. "On s'aperçoit qu'on va peut-être se faire avoir d'ici le Salon de l'agriculture : la montagne va accoucher d'une souris juste après, on le sent", projette Antoine Peenaert.
Des actions locales sont donc à prévoir jusqu'à la fin du Salon, notamment sur place "pour sensibiliser tous les parlementaires, tous les politiques qui vont venir, au marasme qu'il y a dans l'agriculture."