Marie-France Michel est généraliste à Marquette-lez-Lille et voilà des mois qu'elle se bat pour vacciner ses patients. Malgré la promesse de l'exécutif de favoriser l'obtention de flacons pour les médecins, elle vient seulement de récupérer ses doses de Pfizer. Non sans mal.
Elle n'a jamais abandonné, ce n'est pas dans son caractère. Marie-France Michel est "en guerre" contre le Covid-19 et son arme c'est la vaccination. Seulement voilà, encore faut-il avoir des doses... Alors qu'elle a convaincu près de 80 de ses patients de venir au cabinet se faire vacciner, son frigo restait désespérement vide. Pas une seule dose en vue. Depuis des mois elle se démène pour en obtenir, et elles sont enfin arrivées. Chronique d'une semaine déterminante.
- Lundi 19 juillet
Un peu excédée par autant d'inefficacité, Marie-France Michel appelle l'agence régionale de santé des Hauts-de-France (ARS). "C'était une galère !" résume-t-elle. La liste des centres de vaccination suceptibles de fournir des flacons aux généralistes n'est toujours pas connue. Elle ne comprend pas pourquoi, d'autant qu'elle espérait avoir réussi à faire bouger l'administration après la médiatisation de son combat.
Le centre de vaccination de Marcq-en-Baroeul dans la métropole lilloise ne sera pas la réponse à sa quête. Son responsable lui a même répondu : "je ne vais pas embaucher des intérimaires pour vous distribuer des doses!" Qu'à cela ne tienne, notre docteure nordiste relance le centre hospitalier de Tourcoing. Au centre de référence en infectiologie, l'attitude est davantage compréhensive. Il y a des doses disponibles, il manque seulement les étiquettes sur les flacons pour pouvoir les distribuer. Mais si Marie-France Michel attend que l'ARS envoie les flacons fin prêts par Colissimo, elle ne les recevra pas avant trois jours, et il faudra encore qu'elle les laisse au frigo pendant 12 heures avant de pouvoir les utiliser.
En période de guerre, il faut utiliser les moyens les plus rapides !
- Mardi 20 juillet
L'ARS donne finalement son accord pour que Marie-France Michel puisse prendre des flacons de vaccin auprès de l'hôpital Gustave Dron de Tourcoing. Pour accélérer les choses, elle n'hésite pas à mobiliser son mari. C'est lui qui ira en personne chercher le précieux colis, muni de la glacière achetée par sa femme dans le supermarché d'à côté. "En période de guerre, il faut utiliser les moyens les plus rapides !" martelle notre généraliste. A son domicile, le frigo est prêt depuis longtemps, et ce sont pas moins de trois sachets qui viennent trôner sur l'étagère.
- Mercredi 21 juillet
Le jour des premières vaccinations est arrivé. Chaque sachet contient six flacons, soit dix-huit au total. Chaque flacon permet d'injecter 7 doses, soit 126 au total pour Marie-France Michel. Largement de quoi satisfaire les 80 patients qui attendaient patiemment leur vaccin. Si certains ont réussi entre temps à obtenir un rendez-vous dans un vaccinodrome de la région, la majorité va enfin pouvoir venir dans le cabinet de Marquette-lez-Lille. Il est 16 heures, les injections commencent.
Dans la salle d'attente, il y a du monde. Marie-France Michel peut avoir le sourire mais pas question de relacher la pression. Pour réussir sa campagne de vaccination, elle a mobilisé son interne qui enchaine les injections et sa fille, en renfort, s'occupe de la partie administrative. Un trio de choc, comme une unité de combat. Mais notre nordiste sait qu'elle n'est plus seule dans sa lutte. Avec elle, une dizaine d'autres généralistes. Ils ont crée un groupe sur la messagerie WhatsApp et s'échangent les informations. Tous ont pu se procurer des doses.
- Jeudi 22 juillet
L'équipe est à pied d’œuvre, les vaccinations se poursuivent à une cadence infernale. La semaine prochaine Marie-France Michel prendra quelques jours de vacances, bien mérités, mais le dispositif restera opérationnel à son cabinet. Elle est particulièrement reconnaissante envers le personnel de Tourcoing. "On avait des objectifs communs, ils ont vraiment été extraordinaires". Elle remercie également l'ARS qui a compris l'urgence de son combat. Il faut dire qu'elle dispose désormais de ses "entrées", téléphones directs, mails, et elle n'hésitera pas à les utiliser encore. Car pour l'heure, la liste officielle des centres de vaccination habilités à délivrer des doses aux généralistes n'est toujours pas publiée.
Selon les données de Santé publique France, 3.395.696 habitants des Hauts-de-France ont reçu au moins une injection. 2.771.535 habitants de la région sont pleinement vaccinés au 19 juillet.