Deuxième transfert d’un patient Covid de Valenciennes vers l’Allemagne : quel protocole ? Quels risques ? Qui décide ?

Un deuxième patient âgé de 70 ans vient d’être transféré par hélicoptère de l’hôpital de Valenciennes vers l’Allemagne. Comment ça se passe ? Qui peut être transféré ? Les familles ont-elles le choix ? On vous explique.

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La tension monte dans les services de réanimation de la région et les hôpitaux des Hauts-de-France s’apprêtent à atteindre le pic de la deuxième vague dans les prochains jours.

Tandis que le nombre de patients occupant un lit de réanimation dans le Nord vient symboliquement de dépasser le pic de la première vague enregistré en avril dernier, les premiers transferts internationaux vers des hôpitaux en Allemagne ont débuté. Quel est le profil des patients concernés ? Combien de transferts depuis les Hauts-de-France vers l’Allemagne sont prévus ? Quels sont les risques ? Les familles ont-elles leur mot à dire ? On vous explique.

1. Qui peut être transféré ? 

Les transferts de patients sont réservés aux personnes occupant des lits de réanimation. Plusieurs critères médicaux doivent être remplis pour pouvoir être transféré : il faut que l’état du malade soit suffisamment stable pour être transporté et qu’il ne pèse pas plus de 120 kg.

2. À quoi ça sert ? 

Transférer un patient permet de libérer un lit de réanimation et d’éviter ainsi une saturation des services dans les hôpitaux. L'ARS a un objectif : répartir à l'échelle de la région les tensions sur le système de santé.

"Un lit, c’est un patient et un patient c’est une vie. On a besoin délibérer de la place. Les patients qui sont stables peuvent être transférés pour accueillir des patients qui nécessitent une urgence médicale immédiate."

Rodolphe Bourret, directeur général du centre hospitalier de Valenciennes

Prenons l’exemple de Valenciennes : d’ordinaire doté de 23 lits de réanimation, l’hôpital Jean Bernard possède actuellement 38 lits. 27 d’entre eux sont réservés aux patients Covid et tous sont occupés. Le transfert du premier patient effectué ce dimanche matin a permis de libérer un lit, immédiatement réquisitionné en urgence pour un patient Covid dans l’après-midi.  Tous les services de réanimation des Hauts-de-France ne sont pas "totalement saturés" indique l'ARS. Mais ces transferts vers l'Allemagne permettent d'anticiper "les projections pour les prochains jours" en prenant en compte les ressources humaines hospitalières et l'augmentation continue du nombre de patients Covid en réanimation. 

3. Comment ça se passe ?

Ces transferts internationaux, supervisés par le SAMU départemental - en l’occurence le SAMU 59 - se font par hélicoptère. On parle dans ce cas de diplomatie médicale puisque ces évacuations sanitaires sont coordonnés par le ministère de la Santé et l’Agence Régionale de Santé (ARS) qui met en lien les hôpitaux du Nord avec les hôpitaux Allemands. Depuis la chambre d’hôpital, les soignant équipent le patient en réanimation pour qu’il soit transportable avant de l’amener sur une civière jusqu’à l’hélicoptère. Pendant le vol, l’état du malade est constamment surveillé et les soignants présents restent très vigilants car avec l’altitude, les patients ont tendance à se dégrader sur le plan respiratoire.

4. Est-ce risqué ? 

Il existe toujours un risque, mais les soignants suivent un protocole très strict. Il faut changer le respirateur fixe pour un respirateur de transport et lever l’intubation le temps de modifier les paramètres, tout en s’assurant que la tension et la fréquence cardiaque restent stable. 

C’est un moment critique pour les patients très dépendants des machines respiratoires, d’où un changement de machine réalisé au dernier moment. 

5. Pourquoi l’Allemagne et pas les cliniques privées de la région ?

Tout simplement parce que des transferts vers les cliniques privées de la région ont déjà été mis en place depuis le début de la deuxième vague "avec parfois des transferts très ponctuels d'un établissement public vers une clinique à proximité", précise l'ARS.

Fin octobre, parmi la trentaine de patients transférés depuis les hôpitaux de Roubaix et Tourcoing saturés, certains ont été accueillis par l'Hôpital privé de Villeneuve d'Ascq, la Clinique du Val de Lys à Tourcoing ou encore la clinique Victor Pauchet à Amiens.

Pour pouvoir effectuer ces transferts, il faut des lits de réanimation et des moyens humains. Tous les hôpitaux régionaux étant proche de la saturation, les transferts internationaux sont donc privilégiés. Néanmoins, contrairement à l'accueil massif de patients français en provenance du Grand Est lors de la première vague, l'Allemagne ne pourra en accueillir autant cette fois-ci puisque les hôpitaux sont dans une situation plus tendue qu'au printemps dernier.

6. Les familles ont-elles le choix ?

La famille du patient doit obligatoirement donner son accord avant d’effectuer un quelconque transfert. Les proches peuvent bénéficier si besoin d’un "soutien en termes de transport sur site, d’hébergement ou de traduction" souligne l’ARS des Hauts-de-France. 

7. Combien de transferts internationaux depuis les Haust-de-France prévus ?

Le premier transfert depuis les Hauts-de-France a eu lieu dimanche 8 novembre dans la matinée : un patient âgé de 66 ans a décollé de l’hôpital de Valenciennes pour être pris en charge à l’hôpital de Münster, dans le Land de Rhénanie du Nord-Westphalie, soit 1h15 de vol. 

Le second transfert a eu lieu ce lundi matin, et notre équipe a pu assister en exclusivité au transfert d’un homme de 70 ans depuis Valenciennes jusqu’à l’hôpital de Dortmund. Si son état de santé reste stable, il pourrait être de retour d’Allemagne dans 15. jours. Cinq autres transferts supplémentaires sont d’ores déjà programmés, à raison de deux par jours entre lundi 9 et mercredi 11 novembre, depuis les hôpitaux de Valenciennes, Roubaix et Tourcoing en direction de l'Allemagne.
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