Un cortège d'environ 300 personnes s'est rassemblé à la mairie de Trith-Saint-Léger, samedi 13 mai, pour défendre le sort du fabricant de roues de trains Valdunes, en mauvaise posture après le retrait de son actionnaire chinois, il y a plus d'une semaine.
La colère ne retombe pas et la mobilisation persiste. Abandonnés par leur actionnaire, le 5 mai dernier, les ouvriers de Valdunes - dont une partie est en grève depuis cette date - ne baissent pas les bras. Ils continuent de défendre l'avenir de leurs deux sites industriels, à Leffrinckoucke et Trith-Saint-Léger, qui emploient 350 personnes.
Ce samedi 13 mai, en fin de matinée, ils ont pu compter sur le soutien de quelques habitants et de certains élus locaux, rassemblés à leurs côtés devant la mairie de Trith-Saint-Léger. Au total, environ 300 personnes étaient présentes.
"Il y a de l'inquiétude"
Ensemble, ils se sont rendus sur le site de production de Valdunes, dernier fabricant français d'essieux et de roues dédiés au matériel ferroviaire (TGV, tramways, etc.)
Dans le cortège, parmi les travailleurs, Eric Vincent, 57 ans, dont 34 chez Valdunes. "Il y a de l'inquiétude et de nombreuses familles dans l'incertitude, lâche-t-il. Je me demande bien comment cela va être digéré." Audrey Lefebvre, 12 ans de métier, dont le compagnon exerce aussi à Valdunes, abonde : "On est très inquiets, parce qu'on est à deux dans la même situation."
Des politiques de tous bords
Au milieu des bleus de travail, on compte de nombreuses écharpes tricolores, celles d'élus. Parmi eux, le président de la Région Xavier Bertrand, les députés du Nord Fabien Roussel et Sébastien Chenu, mais aussi plusieurs conseillers départementaux et régionaux. La défense de l'entreprise recueille depuis plusieurs jours le soutien d'un large front politique, de droite comme de gauche.
Il y a aussi le maire de Trith-Saint-Léger, Dominique Savary. "Maintenant que l'actionnaire quitte le bateau, il va falloir que nous, l'Etat, mette l'argent sur la table pour faire perdurer cette activité, assure l'édile. Il y a des grands discours, des grandes paroles, maintenant il faut des actes. Et sur ce point, Emmanuel Macron est le seul à pouvoir agir."
Aucune piste de reprise pour l'heure
Ce rassemblement se tient au lendemain de la visite du chef de l'Etat à Dunkerque, venu vanter sa stratégie de réindustrialisation. S'il n'a pas été question de Valdunes lors de ce déplacement entre Aluminium Dunkerque et la CUD, Emmanuel Macron a toutefois évoqué le sujet dans un entretien donné à La Voix du Nord, à qui il déclare "se battre jusqu'au dernier quart d'heure pour Valdunes". Et d'ajouter :"le ministre de l'Industrie sera à leurs côtés pour trouver un repreneur et une aide. Le combat, c'est matin, midi et soir."
Présent lors du rassemblement, Daniel Capelle, le directeur des deux sites de Valdunes, confirme le "soutien de l'Etat". Il redonne aussi son plan de bataille des jours, semaines et mois à venir. "D'abord, il faut assurer la continuation de l'activité avec le but de travailler jusqu'en fin d'année, explique-t-il. Puis, en parallèle, il faut rechercher un repreneur, mais aujourd'hui il n'y a aucune piste."
Il adresse également, entre les lignes, un message aux grévistes : "il faut qu'on reprenne le travail d'abord". Un message entendu par le délégué syndical CGT, Maxime Savaux (interviewé jeudi 11 mai), qui exige en amont des "conditions" avant de cesser le mouvement de grève. L'une d'elle serait la nationalisation de l'entreprise. Ce que Bercy n'entend pas faire. Le ministre de l'Industrie Roland Lescure a rappelé ce samedi 13 mai sur France Inter sa volonté de "trouver un repreneur".