Les Bleues ont mis fin à leur série victorieuse mais prouvé leur capacité de rebond face à des Néerlandaises (3-3) ultra réalistes, mardi en clôture du Tournoi de France dans le silence d'un stade de Valenciennes privé de public, crise sanitaire oblige.
Les Françaises connaissent un premier coup d'arrêt depuis le Mondial, après avoir enchaîné six victoires sans encaisser le moindre but. Mais elles ont offert du spectacle et de l'orgueil devant les vice-championnes du monde et championnes d'Europe en titre.
Bien qu'amoindrie par des absences, l'équipe dirigée par Sarina Wiegman a su s'engouffrer dans les failles d'une défense française largement remaniée par rapport aux victoires contre le Canada et le Brésil (1-0 à chaque fois).
Soucieuse de "réguler le temps de jeu des unes et des autres", Corinne Diacre avait choisi d'offrir une première cape à la gardienne N.3, la Guingampaise Solène Durand, et une première titularisation à Perle Morroni, jeune latérale gauche du PSG déjà apparue brièvement contre le Brésil.
Elles se souviendront sûrement pour toujours de leur première Marseillaise, entonnée devant les 25.000 sièges vides du Hainaut, image marquante autant que surréaliste du premier huis clos de l'histoire des Bleues.
Mais elles préféreront sûrement oublier une première période où l'arrière-garde tricolore a tangué à quasiment chaque incursion des Néerlandaises, avant de prendre l'eau à deux reprises en l'espace de quatre minutes.
La première édition du Tournoi de France pour l’Equipe de France ! ??#FiersdetreBleues #TournoiDeFrance pic.twitter.com/vXPuCYT8yn
— Equipe de France ⭐⭐ (@equipedefrance) March 10, 2020
La Nordiste Sarr en sauveuse
Lynn Wilms a tiré entre les jambes de Durand (29e), battue ensuite sur un penalty de Sherida Spitse (33e) consécutif à une faute d'Aïssatou Tounkara.
Le score pouvait apparaître sévère pour des Bleues assez volontaires, à l'image de Kadidiatou Diani et Valérie Gauvin en attaque, mais leurs transmissions étaient souvent manquées et leurs tentatives face au but, non cadrées ou contrées.
Le manque "d'efficacité offensive" et de "justesse technique", pointé du doigt lundi par Diacre comme autant de carences, est longtemps resté flagrant. Pour autant, les Bleues ont réussi à surmonter leur handicap à la faveur d'un nouveau but de Gauvin (45e+1) -- après celui marqué samedi contre le Brésil -- et d'un penalty converti par Mbock (58e).
A la pause, la sélectionneuse avait pris soin de remplacer les Lyonnaises Amandine Henry et Eugénie Le Sommer, engagées samedi dans le choc du Championnat de France contre Paris, par Viviane Asseyi et Grace Geyoro.
Ce double changement s'est révélé précieux, entre les dribbles efficaces de la Bordelaise et les percussions de la Parisienne, deux joueuses déjà très en vue lors du premier match contre le Canada. "La coach me montre de la confiance, ça m'a permis de me libérer plus facilement", expliquait dimanche Geyoro, confiant se sentir de mieux en mieux en club comme en sélection, après une Coupe du monde passée sur le banc.
Malheureusement pour les Bleues, au moment où l'attaque reprenait des couleurs, la défense s'est de nouveau trouée sur un rare déboulé des Néerlandaises. Marion Torrent s'est fait prendre côté droit et Lieke Mertens, la star du FC Barcelone, a trouvé la lucarne de Durand (72e).
Heureusement pour elles, la locale de l'étape, la Nordiste Ouleymata Sarr, entrée en seconde période, a arraché une égalisation méritée dans le temps additionnel (90e+4).
Diacre dispose désormais d'un mois pour gommer les failles de son équipe avant la reprise des qualifications à l'Euro-2021, le 10 avril contre la Macédoine du Nord. Ce sera encore à huis clos.
Diacre salue "le caractère de cette équipe"
"On ne peut jamais être content d'encaisser des buts mais on avait un sacré adversaire en face. On a pris des buts sur une erreur de marquage suite à un corner sur le premier but, un penalty et une très belle action dans le jeu sur le troisième.Je retiens surtout le caractère que cette équipe de France a su mettre ce soir pour revenir au score et pour égaliser en toute fin de rencontre. On n'a rien lâché, et surtout les joueuses entrantes ont apporté à cette équipe de France une plus-value.
Il faut surtout saluer le groupe.
On remporte cette première édition, pour la Fédération et pour mon président c'était quelque chose d'important. Pour nous c'est un bilan positif avec deux victoires et un match nul en trois matches.
On savait qu'il n'y avait pas de public mais que nos supporters étaient là malgré tout, derrière leur écran. C'était certes un match amical, mais surtout un match international et c'était à nous l'équipe de France, de mettre de l'ambiance. On n'a pas su le faire en première période parce qu'on a été cueillies à froid avec ses deux buts après trente minutes.
Malgré tout je retiendrai cette seconde période où l'équipe de France a montré un tout autre visage avec beaucoup d'allant, d'envie, d'abnégation et surtout beaucoup de courage pour ne rien lâcher jusqu'à la fin."