À l'occasion de la biennale 2023 de Mons en Belgique, la capitale culturelle de Wallonie lance son premier festival international d'art urbain. Quand l'art habite la ville à l'heure de fermeture des musées, des façades aux escaliers, c'est un univers bigarré qui s'offre aux habitants jusqu'au 6 octobre.
Si gigantesque soit l'œuvre, le coup de pinceau n'en demeure pas moins précis.
Née en région parisienne, Lucy Lucy vient de Melbourne, en Australie, où elle vit depuis quinze ans. Elle est connue pour ses peintures aux visages féminins. En hauteur dans une nacelle, le pinceau à la main, elle peaufine le pignon d'une maison. Elle détaille : "C'est beaucoup d'aplats de couleur avec des nuances, des dégradés, uniquement aux rouleaux et aux pinceaux. Je n'utilise plus les bombes, je travaille à l'acrylique, c'est moins toxique et je préfère la texture. C'est plus sympa. "
Plus d'une vingtaine d'artistes, venus du monde entier, ajoutent leur touche colorée à la ville. Bane est l’un des graffeurs les plus reconnus de Suisse. Adolescent, il découvre l’univers du graffiti à travers un magazine de hip-hop. Être aujourd'hui à Mons pour ce premier festival, c'est : " le meilleur moment du monde, je fais tout pour peindre, je suis heureux et à ma place ici."
Tous disposent d'un thème, car les fresques s'inscrivent dans un parcours où l'on découvre l'histoire et toutes les nuances du patrimoine de Mons. Anna Langeheldt met son art au service du folklore et réinterprète la montée du Car d'Or du célèbre Doudou. "Je m'identifie beaucoup à ce projet parce que je vis à Séville et là-bas, il y a une tradition qui ressemble beaucoup à celle-là, explique cette artiste plasticienne multidisciplinaire. "Il y a une sorte de connexion qui se crée alors que je ne suis jamais venue ici. Je suis très fière."
Faire un détour par la rue à degrés permet de découvrir la baleine recouvrant les marches d'un bleu océan.
Dos à l'œuvre des deux artistes suisses, Nevecrew, Natacha Vandenberghe, directrice de la maison du tourisme de la ville est fière de l'art à ciel ouvert : "On se disait : oui nous sommes à Mons, capitale culturelle de la Wallonie et de la capitale européenne de la culture et finalement, on ne ressent pas l'art dans la rue après dix-huit heures quand les musées sont fermés. Aujourd'hui, ça n'est plus le cas. On se balade à Mons et on voit des œuvres d'art partout."
Si peintres et graffeurs seront à l'œuvre encore pendant une quinzaine de jours, leur art devrait teinter pour longtemps la ville d'une certaine poésie.