À Saint-Omer la Casa Tizote défend une consommation locale et à prix bas

Choux-fleurs, carottes, poireaux... tout pousse dans les champs du marais audomarois. Pourtant, dans la région, de nombreux habitants ont difficilement accès à ces produits. Alors, la Casa Tizote, créée en juillet 2021, s'est lancée un défi : mieux consommer, pour moins cher et en circuit court.

C’est la première fois que Chantal, retraitée, se déplace jusqu’au lieu de distribution. Pourtant, c’est à 500 mètres de chez elle. "Là, je profite du bon temps, les jours rallongent un peu, alors je sors. Quand il fait trop noir, je n’aime pas trop", explique-t-elle. Habituellement, c’est Vincent, le président de l’association, qui s’occupe de lui livrer ses courses. Aujourd'hui, il lui remet son panier, rempli. Un potimarron, des pommes de terre, quelques oeufs. Surtout, il lui présente Sophie Esnaut, la maraîchère qui a produit une partie de ces légumes. Difficile de faire mieux en terme de vente directe. Productrice et adhérente se lancent dans des conseils cuisine : "la dernière fois, j’ai fait une bonne soupe", détaille Chantal. 

Une fois par semaine, le mardi en fin d'après-midi, cette distribution permet aux plus petites bourses d'acheter des produits locaux et en vente directe. Chantal perçoit une petite retraite. Son mari est handicapé. Sans cette initiative, ils ne pourraient sûrement pas se payer d’aussi bons produits, et aussi régulièrement. “Ah oui, c’est moins cher que là-bas”, explique Chantal en pointant l'hypermarché sur le trottoir d’en face. “Ici, j’ai mon petit panier avec plus de choix dedans, alors c’est plus intéressant pour moi. Je mange mieux, plus équilibré et pour moins cher”, conclut-elle en souriant.

Pour réserver son panier, il faut être adhérent et commander via une plateforme sur internet ou par téléphone. Une liste de produits est proposée, en fonction de la saison et de ce que donne la terre. Les adhérents choisissent ce dont ils ont besoin, aucune obligation sur la commande. Surtout, chacun d'eux peut donner un peu plus, pour permettre à d’autres d’acheter, eux aussi, ces bons légumes. L’association appelle ça “le panier solidaire”, et c’est complètement anonyme. “Personne ne sait qui en bénéficie ou non. On a vraiment travaillé sur cette notion, on voulait absolument éviter de stigmatiser qui que ce soit”, décrit Vincent Olivé, le président de l’association. A Saint-Omer, le taux de pauvreté frôle les 30% d'habitants, selon les chiffres de l'Insee. Alors, certains adhérents se sont engagés dans cette initiative solidaire, comme Jo. 

Une "démarche humaine"

Jo rate peu de distributions. Quand il arrive, tout le monde est content. “Tiens, voilà Jo”. Il faut dire, il connaît déjà personnellement chacun des producteurs. “Ca fait des années que je mange bio, que je suis dans une démarche locale et responsable. Donc je me fournissais déjà chez eux avant la création de l'association”, confie Jo. Mais cet enseignant a rejoint l’association pour autre chose, le “côté humain” de la démarche. “On dit souvent que manger bio, c’est cher, et c’est plutôt vrai. Mais tout l'intérêt ici, c’est que je pouvais permettre à d’autres gens d’accéder à ces produits. Et c’est ça qui a beaucoup de sens pour moi”, indique-t-il. 

Et pour les fondateurs de l’association La Casa Tizote, cette solidarité va de pair avec une démarche de consommation responsable. “D’un côté, on remarque que si on se groupe, les tarifs baissent, mais tout en garantissant une rémunération juste pour le producteur. Mais on veut aller au-delà de l'achat groupé. Il faut aussi remettre une valeur, pas seulement financière, derrière un produit. Par exemple, savoir d’où il vient, de quoi il est composé, qu’est ce que ça a impliqué au moment de sa production ?”, explique Adeline Boulant, secrétaire et cofondatrice de l'association.  

C’est au tour de Jo de remplir sa cagette. “T’avais demandé 2 kilos de poireaux, c’est ça ?” Loïc Boulier s’improvise préparateur de commandes pour son "pote Jo". D’habitude, il est dans les champs, à cultiver sa terre et “ces bons légumes”. Il est un des trois producteurs qui collaborent avec l'association, en plus de Sophie Esnaut et Sophie Hamann. Pour mieux comprendre leur démarche, il faut se rendre sur place. 

Mais où peut-on trouver ces bons légumes ? 

Au cœur du marais audomarois, Loïc cultive quelques parcelles, entre les canaux. “Tiens, regarde, c’est du topinambour. C’est aussi ça la démarche, refaire découvrir ces légumes d’antan aux adhérents, qu’ils prennent plaisir à cuisiner et à redécouvrir ces saveurs.” Ce matin-là, il a aussi planté des rangs d'échalotes, de fèves, de petits pois. “Des légumes primeurs, les premiers à arriver cette année”, se félicite-t-il.

Grâce à la Casa Tizote, il développe un autre réseau de distribution, plus éthique et loin des circuits de vente traditionnels. “Les légumes passent directement de nous aux adhérents, donc le prix est sans marge, et puis l’échange n'est pas le même que sur les marchés. Mais au-delà de ça, l’essentiel c’est ce côté humain, solidaire, ça fait partie d’un tout. On produit mieux, les gens consomment mieux et il y a de l’échange et de l’entraide.” C’est aussi un bon moyen de créer du lien social. “On rencontre vraiment les gens. Et, pour nous, travailleurs de la terre, c’est aussi important de sortir du champ”. Finalement, du producteur au consommateur, tout le monde semble gagnant.

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