Les artisans subissent de plein fouet la crise sanitaire du coronavirus. Certains ont pu continuer à travailler, pendant que d'autres ont dû suspendre leurs activités."Il faut se préparer à rouvrir dans de bonnes conditions"détaille Laurent Rigaud, vice-président de la CMA HdF et président de l'U2P.
Dans une étude menée par la Chambre des Métiers et de l'Artisanat (CMA) des Hauts-de-France, les artisans interrogés se disent très préoccupés par la situation économique engendrée par la crise du Covid-19. Ainsi, 8 artisans sur 10 prévoient " une situation économique mauvaise " au deuxième trimestre de cette année 2020.
Chute de tous les chiffres d'affaire
Une année sans conteste difficile à gérer : "Pour certaines professions, cela sera peut-être moins difficile que pour d'autres", précise laurent Rigaud, président de l'U2P (Union des entreprises de proximité) des Hauts-de-France, président des Artisans-bouchers charcutiers Traiteurs du Nord et son vice président national. "Les artisans bouchers, les boulangers sont restés ouverts et se sont adaptés, mettant en place des gestes barrières dans leur commerce. Pas sans difficulté. Les commandes pour les mariages, l'événementiel en général, tout a chuté. Moins de traiteurs, moins de patisseries... ils ont parfois vu leurs chiffres d'affaires chuter de 30 à 50% pour certains, mais ils n'ont jamais été à l'arrêt total d'activité ."Artisans, commerçants et professionnels libéraux : quelles aides possibles ? L'U2P vous informe sur toutes les mesures d'accompagnement des entreprises de proximité face à la crise du #COVID19 : https://t.co/qQYwC3S1CK. pic.twitter.com/8mS65DmW8z
— U2P (@U2P_france) April 17, 2020
Dans les Hauts-de-France, les effets de la crise sanitaire et économique en cours se sont fait sentir rapidement avec le confinement : 99% des entreprises touchées, 60% à l’arrêt.
Se préparer au 11 mai maintenant
Malgré l'annonce d'un déconfinement au 11 mai, Laurent Rigaud reste trés inquiet : "Il est impossible de réellement se projeter après cette date. Ce qui est sûr c'est que la reprise se prépare maintenant. Il faut que les artisans-commerçants soient bien équipés pour retravailler. Masques, protection, produits d'hygiène... La réouverture, ce n’est pas oublier ce qui s’est passé avant. La sécurité, c’est prioritaire ! Certains s'y préparent mais tout le matériel n'est pas disponible. Et puis il faudra bien réussir à les réapprovisionner en marchandises."
Même si Laurent Rigaud envisage une reprise des demandes des particuliers auprès de certains commerces comme les coiffeurs, la situation restera tendue. " Le plus compliqué est ceux qu'on entendra pas. Ceux qui ne rouvriront pas. Je veux leur dire de ne pas baisser les bras. Les possibilités existent. La solidarité aussi". Et de citer en exemple, les difficultés rencontrées par les producteurs de Maroilles de la région.
Rester solidaire
Avec des ventes en chute libre, la production de Maroilles ne s'écoule plus, les stocks de fromage se sont accumulés. Mais "les 1200 bouchers des Hauts-de-France se sont engagés à en acheter pour les transformer en tarte et divers produits à la vente dans leur commerce. Bientôt les boulangers aussi. C'est la filiére artisanale qui souffre dans son ensemble de cette crise, mais elle en ressortira plus forte. "
Les Hauts-de-France comptent13 000 entreprises artisanales de l’alimentaire, pour près de 25 000 salariés.
La question de l'apprentissage
Et puis, il y a la question du sort des travailleurs indépendants de la région et des apprentis. Sans contrat, comment feront-ils ? En effet, 36% des artisans interrogés prévoient de réduire leurs effectifs au cours du 2e trimestre. Cette inquiétude est encore plus marquée pour les secteurs des services et de l’alimentation prévoyant de réduire leurs effectifs respectivement de 40% et de 44%.
"Dans l'hôtellerie, la restauration, la main d'œuvre qualifiée va manquer. Même si ces activités ne reprendront pas tout de suite, il faut continuer à former des jeunes. Nous étions sur une bonne dynamique d'apprentissage dans les Hauts-de-France. C'est d'habitude la période des recrutements, alors pour les encourager nous allons ouvrir cette semaine une page Facebook, qui leur sera dédiée", détaille Laurent Rigaud. "Une autre forme de solidarité où les apprentis parlent aux futurs apprentis de ces métiers formidables ! "
La formation professionnelle et l’apprentissage sécurisés pendant la crisehttps://t.co/FINyv1NB47
— France apprentissage (@franceapprenti) April 2, 2020
Même si il reste discret sur ce qui lui est arrivé, Laurent Rigaud, patron boucher-traiteur à Wambrechies, est un "rescapé" du Covid-19. Aujourd'hui, il affiche une belle énergie : "Nous ne retirerons de cette expérience que du positif, j'en suis sûr. Et plus rien ne sera comme avant..."