L'Auberge des migrants, une des principales associations d'aide aux réfugiés, s'est inquiétée mardi pour sa survie après avoir été sommée de mettre aux normes son bâtiment calaisien servant à confectionner des centaines de repas.
Suite à plusieurs contrôles effectués fin février par la Direction départementale de la protection des populations du Pas-de-Calais (DDPP), l'association se voit obligée dans les deux mois d'effectuer d'importants travaux qu'elle estime à 120 000 euros, une "somme énorme". "Nous n'avons pas cet argent et sommes donc obligé de recourir à un appel aux dons de particuliers et ce, très rapidement", a déclaré à l'AFP son président Christian Salomé.
"Tout est bon pour mettre des bâtons dans les roues"
Dans sa mise en demeure datée du 13 mars, la DDPP relève plusieurs manquements, notamment des "locaux non adaptés à la préparation des denrées alimentaires", "l'absence de maîtrise des températures pour les préparations froides" ou encore "l'absence de plan d'autocontrôle microbiologique sur les denrées produites". "Sur le principe, il est tout à fait normal que nous devions respecter les normes hygiéniques, mais c'était une tolérance des autorités qui existait depuis Sangatte (fermée en 2002, ndlr). Jusqu'à présent, nous faisions de la cuisine familiale et là on nous demande de respecter les mêmes règles que les professionnels...", a expliqué M. Salomé."C'est dans la continuité des tentatives d'entraves que prennent les autorités à l'égard des migrants: ça a commencé par empêché qu'ils puissent prendre des douches, puis pour la distribution des repas et à présent pour leur fabrication. Tout est bon pour mettre des bâtons dans les roues à qui tente d'aider les migrants!", s'insurge-t-il.
Mi-février, la municipalité de Calais avait utilisé une benne à ordures pour bloquer le passage de douches modulaires destinées aux migrants devant un local du Secours catholique en centre-ville. Cette décision avait été retoquée par le tribunal administratif de Lille, la mairie avait alors pris un "arrêté interruptif de travaux".
Début mars, la Ville avait également pris un arrêté visant à dissuader les distributions de repas à des migrants, arguant qu'elles "créeraient un point de fixation", une décision jugée "inhumaine" par des associations qui ont saisi lundi la justice administrative. L'Auberge des migrants confectionne quelques 1.000 repas chauds quotidiennement, dont 600 qui sont distribués aux réfugiés du camp de Grande-Synthe à une quarantaine de kilomètres à l'est de Calais.