5h pour faire constater un décès : la colère du maire de Laigneville

Le 1er janvier, un habitant de Laigneville dans l'Oise décède chez lui. Il faudra 5 heures à la famille pour faire constater le décès : depuis le 22 décembre, il n'y a plus de médecins dans la commune. 

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C'est devenu le cheval de bataille de Christophe Dietrich. Depuis plusieurs mois, le maire de Laigneville dans l'Oise cherche des solutions pour remplacer les 2 médecins qui ont cessé leur activité le 22 décembre dernier.

Ce qui avait conduit cet élu habitué au buzz de prendre en mai dernier un arrêté interdisant aux habitants de sa commune de mourir à leur domicile.


Le décès constaté par un médecin à la retraite


Et le 1er janvier, un événement a apporté de l'eau à son moulin mais surtout l'a indigné au plus haut point.

En ce premier jour de 2018, l'un de ses administrés meurt chez lui. La famille doit faire constater le décès par un médecin comme la loi le demande. Mais à Laigneville, il n'y a plus de médecins. Et dans la communauté de communes du Liancourtois, à laquelle appartient ce gros bourg de 4.400 âmes, il n'y a que 4 médecins pour 24 000 habitants.

Difficile donc, un jour férié, de trouver quelqu'un pour venir signer le certificat de décès. Pour assister les proches du défunt, Christophe Dietrich, le maire, décide de faire appel à un médecin du Samu. Mais toutes les équipes sont en intervention. 

Au bout de 5 heures, la famille se résoudra à faire appel à un médecin à la retraite de sa connaissance pour établir le constat de décès.

Tous les Smur en intervention


Le maire de Laigneville dénonce l'indécence du délai pour constater la mort de son administré : "Autant j’admets sans problème qu’il est normal que la priorité soit donnée aux interventions d’urgence, écrit-il dans un communiqué, autant j’ai du mal à admettre que tous les véhicules SMUR des secteurs de Creil, Clermont et Senlis soient en intervention tous en même temps durant 5h non-stop".

L'élu s'est alors tourné vers l'Agence Régionale de Santé pour lui signifier l'aspect ubuesque de la situation et pointer du doigt la désertification médicale dont sa commune est victime : "la personne avec laquelle je me suis entretenue m’a d’abord fait savoir qu’il y avait des services d’urgence aptes à pouvoir recevoir les malades alors que ce n’est pas leur travail de traiter les consultations quotidiennes classiques, ensuite cette dame m’a expliqué qu’il y avait SOS médecins, puis que les 6 maisons médicales du département suffisaient à répondre aux besoins, et enfin, « cerise sur le gâteau » qu’il suffirait d’envoyer un médecin une journée par semaine à Laigneville pour faire face au besoin !!!", selon Christophe Dietrich.


Un projet de cabinet de télémédecine en attente


Une indignation d'autant plus forte que l'élu attend depuis plusieurs mois le feu vert de l'ARS pour son projet de téléconsultation. Une mise en attente qu'il dénonce également : "les locaux sont prêts, le matériel est prêt et les infirmières sont prêtes à recevoir les patients. Mais je me heurte au refus catégorique de l’ARS de l’Oise qui ne veut même pas entendre parler d’expérimentation. Ils sont totalement incapables de répondre à nos besoins médicaux mais en plus, ils nous interdisent d’offrir une solution médicale à nos administrés", s'indigne l'élu.

Contactée par notre rédaction il y a 2 jours, l'Agence Régionale de Santé assure préparer un communiqué pour donner sa version des faits.

Christophe Dietrich a dénoncé les faits auprès du préfet de l'Oise qui n'a pour le moment pas encore donné suite. Il a également écrit à la ministre de la Santé et au Président de la République.

 

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