Jean-Luc Bonnay porte la flamme olympique à Beauvais ce jeudi 18 juillet alors qu'il est en cours de traitement pour son cancer. Il se prépare activement pour ces 200 mètres qui seront une véritable épreuve pour lui, alors qu'il a de plus en plus de mal à se déplacer.
Alors qu'il se déplace difficilement, Jean-Luc Bonnay compte bien porter la flamme "pour tous ceux qui ne pourront pas la porter" ce jeudi 18 juillet à Beauvais. Atteint de la maladie de Waldenström, un cancer du sang, son corps développe des anticorps qui s'attaquent à ses organes.
Déterminé à se battre, le père de famille nous accueille sur sa terrasse verdoyante en compagnie de ses filles. À la veille du jour J, il angoisse, "j'ai peur de la faire tomber, j'ai peur qu'elle ne marche pas." Ému à l'idée de porter la flamme, il confie : "je me sens tellement imposteur".
Sa fille aînée le corrige tout de suite : "mais tu nous as toujours poussées à faire du sport. Le dimanche, on allait toujours faire du vélo".
Un projet familial
Ce sont ses filles qui ont proposé sa candidature. En aparté, elles nous emmènent sur un chemin boisé aux abords de la maison. Elles y promènent les chiennes de leur père quotidiennement pour le soulager. "On a eu l'idée de l'inscrire parce qu'il correspondait à toutes les valeurs du sport/santé", confie Charline, sa fille aînée.
Depuis, l'annonce de la maladie, les trois filles se battent conjointement pour l'aider. Elles ont embauché et financé un coach sportif à domicile pour lui permettre de différer de 18 mois le début de son traitement. "Si on l'avait inscrit à la salle, il n'y aurait pas été".
S'accrocher à un objectif
Au terme de son sursis, il a dû se résigner à commencer son lourd traitement : une immunothérapie et trois cycles de chimiothérapie. Il conclura son deuxième cycle de chimiothérapie au moment du passage de la flamme à Beauvais.
Pour le sportif et sa famille, le passage de la flamme est perçu comme une épreuve olympique : "c'est sur ce chemin que papa va s'entrainer un peu chaque jour". "L'objectif, c'est de savoir comment rester en forme pour porter la flamme. Avec un traitement pareil, c'est possible de plonger", abonde l'une des sœurs.
Certaines de la victoire de leurs champions, les trois sœurs dressent le portrait d'un athlète qui ne peut que terminer sa course : "C'est un battant", affirme la plus âgée, "et il est très courageux", ajoute la suivante, "et puis il est résilient", conclut la cadette.
Avant l'objectif de la flamme, c'est au festival de Cannes que le père de famille s'accrochait pour se forcer à faire du sport. L'amateur de l'émission Cinématique sans toc sur Radio Mercure y tenait. C'était son 39ᵉ festival et il compte bien se rendre au 40ᵉ l'année prochaine. Ce sera son prochain objectif lorsque la flamme sera derrière lui.
Une reconnaissance pour la France
De retour chez Jean-Luc Bonnay à la fin de la balade, il reçoit ses filles souriant, mais cette fois, il arbore de grandes lunettes noires. La maladie a commencé à s'attaquer à ses yeux. "Quelle chance on a d'être dans ce pays de râleurs où les soins sont gratuits et disponibles".
"Ce respect de la nation, c'est quelque chose que je tiens de mon père sur les 12/13 ans où je l'ai connu et je l'ai gardé. (...) L'ouverture des Jeux, ce sera pendant ma troisième cure et donc forcément depuis mon canapé, mais je le verrai à la télévision parce qu'on a un service public qui nous permet de le voir gratuitement. Je veux vraiment rappeler que la santé comme la culture son gratuite en France", insiste Jean-Luc Bonnay.
L'occasion de lever le tabou sur sa maladie
En plus de remercier le système de santé dans son ensemble et ses soignants en particulier, le père de famille veut profiter de cette visibilité pour lever le tabou sur sa maladie. C'est un syndrome très rare puisqu'ils étaient 1877 à être diagnostiquées du syndrome de Waldenström en 2018 en France. Pourtant, le mot cancer continue d'effrayer les gens.
"Cette maladie-là, on n'en guérit pas, mais on n'en meurt pas forcément. Moi, je mourrai d'autre chose.", ironise le père de famille. "Vous savez, vous pouvez venir me parler les gars. Promis, ça ne s'attrape pas", s'amuse-t-il un peu plus.
L'homme souhaite profiter de ce moment de lumière pour dissiper une gêne qu'il décrit chez les gens qu'il côtoyait, avant l'annonce de sa maladie : "Au début, on s'émeut et puis une fois passé le cap, c'est "bonne chance". Et encore, s'exclame-t-il, je n'ai plus de nouvelles, donc c'est moi qui l'interprète comme un 'bonne chance' ".