Les pompiers de l'Oise font face à un cruel manque d'effectifs professionnels, allant jusqu'à rendre certaines casernes inaptes aux départs incendies. Une intersyndicale réclame 30 recrutements et une augmentation du budget du SDIS 60, gelé depuis 2015.
Dans l'Oise, les camions de pompiers rutilants se parent de slogans, inscrits au feutre blanc. "Pompiers en colère", "budget limité = pompiers et population en danger" ou encore "sous-effectif = service public en danger" décorent depuis plusieurs jours les véhicules comme les casernes isariennes. Les soldats du feu déplorent un manque de moyens humains au sein de leur service départemental d'incendie et de secours (SDIS 60) et entendent le faire savoir auprès de la population et des élus.
"Ce matin, on nous a signalé un feu de voiture à Prévillers à 6h53. Le centre de secours le plus proche, à Crèvecœur-le-Grand n'a pas pu envoyer d'homme faute d'effectifs, le deuxième le plus proche non plus. Ce n'est que le sixième centre contacté qui a pu partir, raconte Denis Monté, délégué syndical à Avenir-secours.
"Ils sont arrivés 45 minutes après le signalement et en sous-effectif : ils sont partis à 5 hommes dans le véhicule alors que nous devons être systématiquement six," complète son collègue de l'intersyndicale Yannick Gosnet, affilié FA/SPP-PATS. Ce qui pose avant tout problème, c'est la distribution des moyens. En sous-effectif, on augmente le délai d'intervention, on se met en danger ainsi que nos concitoyens."
Recruter 30 professionnels
L'intersyndicale regroupant les organisations salariales majoritaires (FA/SPP-PATS, Avenir-secours et la CFDT) préconise une trente recrutement de sapeurs professionnels cette année, car beaucoup de centres de secours, notamment les ruraux, dépendent principalement de volontaires.
"Nous n'avons absolument rien contre les sapeurs pompiers volontaires, car ils sont totalement complémentaires avec les professionnels, assure Yannick Gosnet. Mais ils sont des salariés et 90% des salariés travaillent en journée du lundi au vendredi. Donc on se retrouve avec un gros trou dans la raquette, notamment pendant la journée."
Une contribution plus importante du Département
L'intersyndicale, en dialogue constant avec le directeur du SDIS 60 et le président de son conseil d'administration, souhaite que le conseil départemental de l'Oise débloque davantage de moyens financiers. Depuis 2015, le montant (environ 29 millions d'euros) alloué aux secours n'a pas évolué malgré l'inflation, et la participation du Département au sein de cette enveloppe n'a cessé de diminué.
La moyenne d'âge de nos échelles de secours est de 40 ans. C'est un équipement qui coûte 650 000 euros, c'est très cher, mais ce renouvèlement s'anticipe.
Denis Monté, sapeur-pompier professionnel
Les syndicats réclament de même la négociation d'un plan pluri-annuel d'embauches sur 4 ou 5 années, afin de mieux anticiper les besoins du SDIS 60. "On fait un métier vital, on fera toujours partir des engins, même en sous-effectif, même avec peu de moyens. Mais l'organisation s'essouffle, il devient urgent de régler le problème," souffle Yannick Gosnet.