Coronavirus : depuis la fermeture de l’aéroport de Beauvais, les riverains redécouvrent le silence

Le jeudi 26 mars, la direction de l’aéroport de Beauvais-Tillé a annoncé la suspension de tous ses vols commerciaux jusqu’à nouvel ordre. Depuis, les habitants des villages voisins retrouvent une habitude perdue : le silence, disparu depuis plus de vingt ans.
 

Depuis sa terrasse, Françoise Donne peut observer et écouter les oiseaux qui se disputent quelques graines dans le jardin. Un chant mélodieux qui n’était pas facile à entendre il y a encore quelques jours.  

Depuis plus de 40 ans, elle vit à Troissereux, une commune de 1200 habitants située à 8 kilomètres de l’aéroport de Beauvais. "D’habitude, il y a pas mal de nuisances, précise-t-elle. Lorsqu’on discute avec quelqu’un dehors ou au téléphone, on doit attendre que l’avion passe sinon on entend rien".
 

Depuis la fermeture de l’espace Schengen le 16 mars, l’aéroport tournait au ralenti. Finalement, la direction a annoncé la suspension de tous les vols commerciaux le 26 mars et ce, jusqu’à nouvel ordre. "Je sens déjà que l’air est moins pollué, ajoute Françoise. En général lorsqu’il pleut, des tâches grasses apparaissent sur les vitres et sur le carrelage de la terrasse. Depuis quelques jours, je constate qu’il n’y a plus rien".
 
Michel Carmel habite lui aussi à Troissereux. Depuis la fermeture de l’aéroport, il reconnaît qu’il entend plus régulièrement les oiseaux. "Je dors aussi beaucoup mieux et plus tôt, ajoute-t-il. Avant, j’avais du mal à m’endormir avant la fin des mouvements d’avions vers 23h30". En cette période de confinement, il passe plus de temps dans son jardin sans être troublé par les nuisances sonores, contre lesquelles il lutte le reste de l’année en tant que trésorier de l’ADERA (Association de Défense de l’Environnement des Riverains de l’aéroport de Beauvais-Tillé).
 


Dominique Lazarski, présidente de cette association, s’occupe également avec du jardinage. Ce lundi 30 mars, elle profite d’un rayon de soleil pour passer la grelinette et retourner la terre. "D’ordinaire, on est embêté le matin, le midi et le soir par les avions qui atterrissent et qui décollent, explique cette habitante de Milly-sur-Thérain. Je profite de ce moment de calme même si je ne peux pas m’en réjouir".

Dominique anticipe déjà l’après-confinement et craint que la situation économique difficile des compagnies aériennes deviennent une excuse pour qu’elles ne respectent pas leurs engagements environnementaux.
 

À Laversines, le silence était une habitude perdue


De son côté, Philippe Brébion reconnaît que cette tranquillité inhabituelle "ne peut pas être réjouissante compte tenu du contexte". Toutefois, cet habitant de Laversines, situé dans le prolongement de la piste 12 (voir carte), a le sentiment de retrouver son village comme il était autrefois. "À Laversines, le silence était une habitude perdue, explique-t-il. Depuis l’arrivée de Ryanair en 1997, le trafic augmente chaque année. En période de pointe, il y a jusqu'à 80 décollages et atterrissages par jour".

Egalement président d’une association contre les nuisances sonores (l’ACNAT), Philippe Brébion espère que cette crise sanitaire provoquera une prise de conscience générale sur l’environnement. Michel Carnel caresse le même espoir : celui de voir réduire certains mouvements aériens qu’il juge "futiles".
En 2018, 22 960 vols ont transité par Beauvais-Tillé contre 4366 en 2001.
 
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