Des médecins veulent passer à la consultation à 30 euros : "on a besoin d'être revalorisés, intellectuellement, mais aussi financièrement"

Les médecins de l’Oise veulent faire entendre leur colère. Suite à l’échec des négociations avec l’Assurance maladie, une trentaine de généralistes menace d'augmenter leurs tarifs, dès le mois de juillet.

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"La consultation est de 25 euros, mais on risque de passer à 30 euros." Alors qu’il reçoit une quarantaine de patients chaque jour, le docteur Philippe Sebban commence à les avertir : dès le mois prochain, il envisage d’appliquer un nouveau tarif, supérieur de 5 euros au tarif conventionnel.

Une manière de protester contre l'augmentation de 1,50 euro, proposée par l'Assurance maladie en avril dernier et faisant passer la consultation à 26,50 euros, à l'automne prochain.

"On a trouvé ça humiliant, dévalorisant [...] Je pense que je mérite amplement ma consultation à 30 euros", affirme le Beauvaisien.

Pour ce médecin Picard, c'est aussi une manière d'alerter sur son quotidien. "Lors d’une seule consultation, les gens viennent pour 2 ou 3 problèmes à régler, en prévention ou en curatif. Les consultations peuvent donc être longues. Ça permettrait de prendre le temps avec nos patients et de ne pas courir toujours à faire de l’acte." 

Ces 5 euros, c'est aussi du mérite [...] Par rapport à d'autres spécialistes, par rapport à d'autres pays, la médecine générale en France est sous-dotée. On a besoin d'être revalorisés, intellectuellement mais aussi financièrement.

Philippe Sebban

Médecin généraliste à Beauvais

Lassés de ces conditions d'exercice et face à des charges qui augmentent, une trentaine de médecins du Beauvaisis s'est réunie mercredi 7 juin. Objectif : faire front et s'accorder dans cette contestation naissante. "Le but, c’est d’arriver à une consultation qui soit à 30 euros et qui ne passe pas par un dépassement d’honoraires."

Des patients compréhensifs

Les médecins de l'Oise prévoient de mettre en place cette désobéissance tarifaire au cours du mois de juillet. La sécu ne remboursant pas ce dépassement de 5 euros, il pourrait alors revenir à la charge du patient, en fonction de sa mutuelle.

David, patient du docteur Philippe Sebban, veut se montrer solidaire : "D’après ce que j’ai compris, le gouvernement veut les augmenter d'1,50 euro ? Je trouve ça ridicule au vu des frais et les responsabilités qu’ont les médecins à l'heure actuelle."

"Je comprends tout à fait, ils sont débordés. Mon médecin reçoit parfois jusqu’à 20 heures, il doit être épuisé… Mais une fois de plus, c'est le malade qui va subir", souffle Carole. "Il faut que le gouvernement fasse quelque chose, il n'y a plus de médecins !"

Redonner de l’attractivité à la médecine générale

Pour Xavier Lambertyn, médecin à Lachapelle-aux-Pots (Oise), augmenter le tarif d'une consultation pourrait être une solution face à la "désaffection de la médecine générale" : "Il y a un problème d'attractivité [...] J’ai des internes qui avaient des projets d’installations et, depuis un an, ils arrêtent tous. C’est quand même assez inquiétant !"

Quand on regarde les démographies médicales, on est l’un des départements les plus sinistrés au niveau de la densité médicale. Il faut qu’on réagisse !

Xavier Lambertyn

Médecin généraliste et membre de la FMF

Celui qui est aussi membre du syndicat FMF (Fédération des Médecins de France) souhaiterait que l’Oise soit "un des départements pilotes" et qu'un maximum de médecins rejoignent le mouvement.

La réaction de la CPAM de l'Oise

a ne parait pas acceptable", tranche Denis Clairet, responsable des relations avec les professionnels de santé à la CPAM de l'Oise. "On pense aux patients, pour qui, un dépassement non pris en charge, peut constituer un vrai problème d'accès aux soins."

Quant aux éventuelles sanctions, l'organisme indique : "Si à un moment donné, on constate une explosion des dépassements qui ne seraient pas justifiés, il peut y avoir des actions qui sont menées. Elles le seront sur des dimensions déontologiques, donc en concertation avec l'ordre des médecins."

Le département de l'Oise n'est pas le seul mobilisé. Au niveau national, de nombreux médecins rejoignent le mouvement et ont déjà augmenté leur consultation à 30 euros.

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