Agriculteurs, étudiants, ou amoureux de la nature, ils sont plus d'un demi-million d'abonnés à regarder leurs vidéos sur internet. Sept influenceurs du monde agricole parcourent les routes de France jusqu'au 31 mai, à la rencontre du public afin de changer l'image négative de leur métier qui leur colle à la peau.
Pour cette seconde édition, le Tracteur Tour traverse trois régions de France dont celle des Hauts-de-France. Vendredi 27 mai, il faisait étape à l'Institut polytechnique d'UniLaSalle à Beauvais.
Le Tracteur Tour, c'est le projet de 7 agriculteurs Youtubeurs qui parcourent les routes de France pour une vaste opération de communication sur le monde agricole.
Ils étaient cinq en 2021, ils sont sept cette année. Etienne et Marc ont rejoint David, Gaël, Jean-Loup et les deux Alexandre.
Ensemble ils représentent 1950 vidéos, 550 000 abonnés sur les réseaux sociaux et 111 millions de vues.
Gaël Blard (Gaël Blard agriculteur bio) est agriculteur bio à Valence, Jean-Loup Chatard (JLC Lunelle farms) est céréalier dans l'Allier, David Forge (Chaîne agricole) et Alexandre Richard (Alexandre de Prodealcenter) sont céréaliers dans la région Centre, Alexandre Perrault (Alex agriculteur Vienne) est céréalier dans la Vienne, Etienne Fourmont (Agriyoutubeurre) est éleveur laitier dans la Sarthe et Marc Ponroy (vers l'Agriculture de Conservation) est agriculteur dans le Calvados.
"On n'est pas des cul-terreux"
Ces sept agri-youtubeurs veulent mettre en lumière les agriculteurs locaux, informer et donner à comprendre la complexité de leurs métiers.
"Le but du jeu, c'est de renouer un lien qui est cassé, explique Marc Ponroy, montrer qu’on n’est pas des cul-terreux, qu’on en a dans le cerveau. C’est communiquer".
On n’est pas juste dans nos champs à conduire bêtement un tracteur.
Marc Ponroy
"Il y a toute une réflexion derrière. Il y a de l’agronomie, il y a de la mécanique, on touche un peu à tout. Moi, je montre aussi dans mes vidéos que je ne suis pas juste dans les champs. Le soir, je sors, j’ai des copains. J’ai une vie sociale. On n’est pas enfermé sur nous-mêmes. Le but c’est de communiquer" conclut Marc Ponroy.
"On a un vrai problème de marque et d'image parce que les gens ne connaissent pas l'agriculture française, tout simplement, renchérit Alexandre Richard. qui est l'une des plus vertueuses et qualitatives du monde. C'est quand même dommage. Les gens mangent sainement. L'agriculture est faite d'une manière très environnementale aujourd'hui en France, mais il y a quelques lobbyistes et quelques manques de connaissances qui fait qu'on a l'impression qu'elle peut être parfois polluante".
"On veut montrer le métier"
Ce vendredi-là, les étudiants de l'UniLaSalle ont pu échanger avec ces stars d'un nouveau genre. "Aujourd'hui, on ne voit pas forcément l’agriculture comme un métier d’avenir, confie Louis d'Hermy, étudiant et fils d'agriculteur, et le fait qu’ils expliquent leur métier, qu’ils soient heureux de communiquer par rapport à ça, je trouve que ça donne à l’agriculture un vrai sens. Du coup nous, en tant qu’étudiants en agronomie, c’est un plus. Ce sont un peu les célébrités du monde agricole. Chacun a son domaine, chacun son caractère. Ils nous font rire à travers les vidéos et c’est sûr que ça fait plaisir de les voir et de discuter en vrai. Par exemple, Etienne a fait une vidéo sur un passage canadien. C'est quelque chose qu'on ne connait pas forcément. Il nous l'explique dans la vidéo. C'est très intéressant de communiquer là-dessus".
"On veut montrer le métier, confirme Etienne Fourmont, ce qu'on fait à la ferme. C'est vrai que quand tu es agriculteur, c'est difficile de sortir de chez soi pour aller montrer aux gens comment on fonctionne. Aujourd'hui sur les réseaux sociaux, c'est pratique. On explique ce qu'on fait. On montre. On a tous un téléphone qui peut filmer. Et de temps en temps, c'est sympa d'aller sur le terrain pour rencontrer les gens qui nous regardent. En général le matin, on fait un petit marché des producteurs du coin. L'après-midi, on visite une ferme qui a une production atypique et on communique sur les réseaux sociaux. On essaie de montrer que l'agriculture française est très riche".
Bio, agriculture raisonnée, utilisation des pesticides, les influenceurs ont résolument le regard tourné vers l'avenir. "Je pense que la meilleure pratique agricole c’est celle qui est adaptée au secteur, au contexte, au système, affirme Marc Ponroy. Le but du jeu, c'est de nourrir la planète demain parce qu'on est de plus en plus nombreux. On voit très bien avec le contexte géopolitique du moment, qu'il y a potentiellement des crises alimentaires qui vont arriver. Je ne pense pas que ce soit le moment de diminuer la production. Le but du jeu, c’est d’aller vers une agriculture où on arrive à se passer d’énormément d’intrants (utilisation de produits apportés aux terres et aux cultures, NDLR), à diminuer nos pesticides, à mettre le sol au centre, le préserver, augmenter nos rotations de cultures, faire des couvertures permanentes de sol, diminuer le travail de sol pour moins polluer, stocker du carbone dans le sol Ce sont des types d’agriculture qu’on essaie de mettre en place. On communique là-dessus et on montre au milieu urbain que quand on fait les choses, ce n’est pas bêtement. C’est du pragmatisme".
Le périple cette année s'arrêtera mardi 31 mai à Poigny-la Forêt, dans les Yvelines. Une troisième édition semble déjà se profiler.