L'école du village de Morienval devrait perdre une classe à la rentrée 2024, alors même qu'elle devrait accueillir plus d'élèves qu'en 2023. Pour les parents comme pour les élèves, c'est l'incompréhension. Banderoles, manifestations, pétition : tout le village se mobilise pour que le nombre de classes soit maintenue.
Sur le chemin de l'école à Morienval, dans l'Oise, les enfants peuvent s'entraîner à la lecture. Dans tout le village et sur les grilles de l'établissement, de nombreuses pancartes et banderoles ont été accrochées. "Non à la fermeture de classe", "Si on touche à ma classe, où sera ma place ?, "On veut sauver notre classe", peut-on lire.
En cause : la fermeture d'une classe de l'école du village, annoncée en janvier, pour la rentrée prochaine. Une nouvelle qui a fait l'effet d'un coup de massue pour les parents, les élèves et même au-delà. "Avec beaucoup d'habitants et avec les clubs sportifs de la ville, on a remué ciel et terre pour accrocher des banderoles un peu partout, raconte Jessica Parpet, présidente de l'association des parents d'élèves de l'école de Morienval. On a lancé une pétition en ligne avec déjà plus de 750 signatures. Le club de foot a brandi une banderole pendant le match, parce que les enfants ont voulu participer..." Ils ont multiplié les courriers, au ministère de l'Éducation nationale, au rectorat et aux élus locaux, et prévoient même d'occuper l'école.
Une classe à triple niveau
À l'origine de cette mobilisation, une incompréhension. Si les fermetures de classe sont généralement dues à une baisse des effectifs, ce n'est pas le cas à Morienval. "L'année dernière, on était à 94 élèves à la rentrée. L'année prochaine, on sera à 96, dont 18 en petite section, donc c'est inexplicable", indique Jessica Parpet. Cela impliquerait d'avoir une classe en triple niveau, avec 24 élèves. "24 élèves en double niveau, c'est déjà difficile, alors en triple niveau, c'est limite impossible, pour les élèves comme pour les enseignants !", estime-t-elle.
Le député (LR) de la cinquième circonscription de l'Oise, Pierre Vatin, partage les mêmes interrogations. "Si on passait à 75 enfants, on pourrait dire que c'est logique qu'il y ait une fermeture de classe, puisqu'il y a une grosse baisse. Mais à Morienval, ça ne parait pas du tout logique." Il assure par ailleurs que ce n'est pas le seul établissement de sa circonscription menacée d'une fermeture de classe sans variation significative des effectifs.
La colère est d'autant plus grande que les parents sont très contents du niveau actuel de l'enseignement dont bénéficient leurs enfants. "Notre école doit rester un exemple pour toute la circonscription, une école avec des effectifs adaptés aux besoins des enfants, où les enseignants peuvent être attentifs à chacun des élèves et avoir des projets pédagogiques motivants", écrivent-ils dans leur pétition.
De son côté, le rectorat assure se baser sur les variations d'effectifs sur une plus longue période pour prendre cette décision. Il évoque, pour Morienval, "une baisse amorcée depuis plusieurs années", avec 50 élèves de moins en six ans.
Un bâtiment flambant neuf
La municipalité s'associe également à la mobilisation, d'autant que d'importants travaux ont été réalisés ces dernières années. Un nouveau bâtiment a été inauguré en 2020 pour accueillir les classes de maternelle. "Malheureusement, on a déjà subi une première fermeture de classe en 2021. Une deuxième en 2024, ça veut dire que ce bâtiment aura été construit pour rien, ce qui est fort dommage", regrette la maire Dorothèe Rulunce. D'autant que ces travaux ont nécessité un investissement conséquent. "On parle de millions d'euros. C'est de l'argent public, donc ce serait une grosse déception de fermer une deuxième classe à peine quatre ans après son inauguration."
La carte scolaire définitive n'a toutefois pas encore été dévoilée. La commission départementale l'Éducation nationale se réunira en préfecture le 16 février pour rendre un avis. Sur l'ensemble de l'académie d'Amiens, qui regroupe les trois départements picards, 80 postes d'enseignants devraient être supprimés, conséquence d'une diminution importante du nombre d'élèves.