"On compte les enfants comme des moutons" : des parents mobilisés contre les fermetures de classes dans l'Oise

Partout en Picardie, la carte scolaire bouleverse l'organisation des écoles. Dans l'Oise, ce sont 33 postes d'enseignants qui seront supprimés et presque autant de classes. Les parents craignent que leurs enfants se retrouvent dans des classes à triples niveaux, voire qu'ils soient contraints de changer d'école.

À Ansauvillers dans l'Oise, les parents d'élèves se sont mobilisés devant l'école du village de 1 200 habitants, ce mardi 6 février. Après une opération, "sans cartables" la semaine dernière, les parents passent la vitesse supérieure pour protester contre la fermeture d'une classe. Ce matin, 90 % des parents ont décidé de ne pas déposer leurs enfants à l'école. Munis de pancartes sur lesquelles on peut lire "éducation en danger", ils resteront devant les grilles avec les jeunes élèves.

Leur crainte : qu'une classe ferme au profit d'une autre moins adaptée selon eux. "On compte les enfants comme des moutons pour les mettre ensemble dès la moyenne section", soutient Cédric Demaret, le père de jumelles de CE1.

Les parents s'attendent ainsi à la création d'une classe de triple niveau qui regrouperait moyenne section, grande section et CP. "Les enfants ne profiteront pas de leurs années de maternelle et les CP ne travailleront pas dans de bonnes conditions", ajoute-t-il.

Une qualité d'apprentissage remise en cause selon les parents

"C'est au moment des apprentissages fondamentaux, qu'ils nous mettent des classes de triples niveaux", déplore une maman. En effet, les trois niveaux concernés font partie de deux cycles différents. Le CP est une classe charnière qui appartient au cycle 2, dit "des apprentissages fondamentaux", durant laquelle, les enfants doivent apprendre à lire et à écrire.

Pour soutenir ces parents devant la grille, il y a le maire de la ville, Dominique Dufresne. Lui, craint que le phénomène ne prenne de l'ampleur et que la seule école du village ne ferme comme dans de nombreuses communes : "Le but, c'est de tout faire pour garder la classe dans l'école. On a peur qu'après, il y en ait d'autres qui ferment."

L'école est un élément central des communes de campagne, c'est le modèle de vie rural que certains parents disent menacé : "Après, il y aura des regroupements scolaires et des enfants qui devront faire une demi-heure de trajet en bus pour aller à l'école... À 3 ans, je trouve ça limite... On va tous déserter les campagnes pour aller en ville", explique une maman d'un élève.

Une réorganisation contestée

La carte scolaire, publiée ce mardi 6 février pour la rentrée 2024, a réorganisé la répartition des classes en fonction du nombre d'élèves dans chaque zone. Chaque année, cela occasionne des ouvertures et des fermetures de classes. Cette année, la baisse du taux de natalité, a engendré suppression de 80 postes d'enseignants en Picardie et ce sont presque autant de classes qui fermeront.

Pierre Moya, recteur d'Amiens, était l'invité de notre JT le 25 janvier. Il assurait malgré tout : "il y aura tout de même moins d'élèves par classe, car nous aurons beaucoup moins d'élèves en Picardie. Il y aura 3 000 élèves de moins à la rentrée prochaine donc avec 80 postes de moins, le nombre d'élèves par classe va encore diminuer. On sera à 20 élèves par classe, là où la moyenne nationale est à 21,5 élèves par classe."

Des actions qui se multiplient

La mobilisation des parents d'élèves d'Ansauvillers n'est pas isolée. À Senlis, les parents d'élèves de l'école Séraphine Louis craignent, eux aussi, une fermeture de classe alors qu'une partie des élèves a déjà subi un regroupement scolaire à la suite de la fermeture d'une autre école, l'année précédente. "Avec le transfert des classes, l'année passée, les maîtresses ont déjà dû mettre beaucoup d'eau dans le vin. Aujourd'hui, il y a une maîtresse qui ne veut pas partir et qui devra quand même faire ses bagages. Le climat est tendu et on ne veut pas qu'il se détériore davantage", explique un parent d'élève.

Là aussi, la municipalité est un allié des parents, mais sans succès. "La mairie aurait envoyé un courrier à l'inspecteur pour dire qu'elle était contre, mais on n'a toujours pas de solution. Elle s'était engagée à maintenir les deux classes qui ont été transférées, mais maintenant cela semble compliqué", ajoute le père de famille.

Déterminés à maintenir toutes les classes de l'école Séraphine Louis, les parents d'élèves ont organisé un café des parents devant les grilles de l'école, vendredi 2 février. Ils ont aussi transmis une pétition à l'inspecteur d'académie regroupant 150 signatures pour lui faire part de leur désaccord.

Un espoir subsiste pour le père de famille : "À Beauvais, une manifestation a permis d'obtenir un sursis sur la fermeture d'une classe. Chamant et Agnetz sont dans le même cas", affirme-t-il.

Avec Rémi Paquelet / FTV

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