Grève des enseignants : une centaine de manifestants mobilisés à Calais contre "des réformettes" et "le mépris" du gouvernement

Ce jeudi 1er février 2024, les syndicats enseignants appelaient les professeurs à entrer en grève pour protester contre leurs conditions de travail et les mesures annoncées par le ministères de l'Éducation pour la rentrée prochaine. Une mesure en particulier divise : la création de groupes de niveau dès la 6e.

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Ils étaient plus d'une centaine à se rassembler ce jeudi 1er février 2024 devant les grilles de la sous-préfecture de Calais. Enseignants du premier et du second degré se sont réunis à Lille, Amiens ou encore Saint-Quentin, pour une nouvelle journée de grève, pancarte au poing et revendications en étendard. Dans le Nord, 40% des enseignants et enseignantes du 1er degré avaient annoncé leur volonté d'entrer en grève ce jeudi selon la FSU-SNUIPP.

Dans le Pas-de-Calais et comme partout ailleurs, les maux sont les mêmes : salaires dérisoires, fermeture de postes, précarité des contractuels... Des conditions de travail de plus en plus difficiles pour les enseignants, qui ont répondu présent à l'appel de leurs syndicats pour scander leur ras-le-bol face à des "réformettes cosmétiques".

"On demande une indexation, un dégel du point d'indice, que nos salaires soient indexés sur l'inflation, qu'ils soient augmentés de 10 % comme on l'a toujours demandé, parce que nous le méritons", résume Marc Grunfogel, responsable syndical SNES-FSU.

► À lire aussi : CARTE. Grève des enseignants : "On ne met pas les forts ensemble et les faibles ensemble", mobilisation des professeurs ce 1er février dans les Hauts-de-France

Un écart qui se creuse entre les élèves

Mais la grogne des enseignants trouve ce jeudi sa source dans l'une des principales mesures annoncées pour la rentrée 2024 : la création de groupes de niveaux au collège, dès la 6e, pour les cours de français et de mathématiques. "Sur le papier ça a l'air séduisant mais quand on réfléchit bien par rapport aux moyens qui nous sont alloués, des classes de presque 30 élèves se retrouveront face à un seul enseignant... Comment voulez-vous les faire progresser avec des groupes aussi importants ?"

On demande à ce que nos salaires soient indexés sur l'inflation, qu'ils soient augmentés de 10 % comme on l'a toujours demandé, parce que nous le méritons.

Marc Grunfogel, syndical SNES-FSU

Pour Marc Grunfogel "les enseignants vont finir par s'arracher les cheveux" face à des profils disparates réunis au sein d'un même groupe, qui rendront la progression individuelle bien plus difficile. Le professeur note également que, en plus de faire perdre leurs repères aux 6e fraîchement débarqués au collège, les groupes de niveau perpétueront un sentiment d'exclusion chez les groupes considérés en grande difficulté.

Ils vont finir par se dire qu'ils sont le groupe des nuls, qu'ils ont été mis à part pour ça, ce qui va déprécier leur bien-être et l'estime qu'ils auront d'eux-mêmes. Il s'agit vraiment d'une mesure hors des réalités.

Marc Grunfogel

"Ils vont finir par se dire qu'ils sont le groupe des nuls, qu'ils ont été mis à part pour ça, ce qui va déprécier leur bien-être et l'estime qu'ils auront d'eux-mêmes. Il s'agit vraiment d'une mesure hors des réalités."

Le "mépris" du gouvernement

La colère qui gronde ce jeudi concerne également les récents propos qu'a pu tenir Amélie Oudéa-Castéra, nommée au double ministère de l'Éducation nationale et des Sports, concernant l'état de l'éducation publique en France. Un "mépris" qui a toutefois "permis de montrer toutes les carences du ministère", souligne Caroline Decroix, déléguée syndicale UNSA-Éducation. "Nous ce qu'on cherche c'est à tirer tous les élèves vers le haut, pas uniquement les plus aisés." 

"Nous ce qu'on cherche c'est à tirer tous les élèves vers le haut, pas uniquement les plus aisés."

Caroline Decroix, déléguée syndicale UNSA-Éducation

La directrice mentionne par exemple le sujet des élèves en situation de handicap : "On veut simplement avoir les moyens de réellement les inclure dans nos classes. On peut se retrouver avec trois élèves aux besoins très différents, mais une seule personne pour s'occuper de trois enfants à temps plein, aidé par un enseignant qui bien souvent est sur un multiniveau et regrette de ne pouvoir faire plus."

► À lire aussi : Handicap : "Ma fille est en larmes à la grille", des parents d'élèves ne comprennent pas la fermeture de leur école

La grève de ce jeudi vise alors également à faire connaître le métier d'AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap), dont les représentants figurent parmi les personnels les plus méconnus et les moins soutenus par l'Éducation nationale.

La ministre finalement on s'en fiche, nous ce qu'on veut c'est que des choses se mettent réellement en place dans les établissements. Elle n'est que le symptôme de tout ceci.

Thierry Quétu, secrétaire régional FSU des Hauts-de-France

Derrière sa grande banderole, Thierry Quétu, secrétaire régional FSU des Hauts-de-France s'offusque également du mépris, dont Caroline Decroix faisait état quelques lignes plus haut : "Bien évidemment elle nous a craché à la figure quand elle tape sur le service public", avant de généraliser. "Mais la ministre finalement on s'en fiche, nous ce qu'on veut c'est que des choses se mettent réellement en place dans les établissements. Elle n'est que le symptôme de tout ceci."

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