À 17 ans, Matys Grisel a remporté, dimanche 9 avril, le Paris-Roubaix juniors. Une course remportée, en leur temps, par quelques-uns des meilleurs coureurs actuels du peloton. Cet exploit n’avait plus été réalisé par un cycliste français depuis un autre coureur des Hauts-de-France : Florian Sénéchal, il y a 12 ans.
"Des fois, je me demande : qu'est-ce que le pavé fait là ?", observe Matys Grisel en montrant l'objet posé sur la commode de sa chambre, plus de dix jours après sa victoire retentissante lors du Paris-Roubaix juniors.
Le jeune coureur de 17 ans, habitant de Thury-sous-Clermont (Oise), se remémore sa course dans les moindres détails. "C'était une course très agitée. Dès le départ, il y en a deux qui partent en échappée. Je l'ai dit à mes coéquipiers que je me sentais bien. Ils ont su me placer quand il fallait. Et à Cysoing, j'ai décidé d'attaquer. On rattrape l'échappée avec mon coéquipier Oscar. On arrive pour la gagner à six. Et j'arrive à passer la ligne le premier."
"On est heureux qu'il puisse réaliser ses rêves", raconte son père, Eddy Grisel. "Le Paris-Roubaix, il nous en parle depuis des années, il arrive à aller au bout de ce qu'il voulait faire. C'est une grande fierté pour nous. Comme je fais partie des gens passionnés de mon métier, on a des enfants passionnés et je trouve ça important", affirme-t-il fièrement.
Cette course, il en a rêvé depuis ses 6 ans et ses premiers coups de pédale. "C'est une course que j'ai reconnue je ne sais pas combien de fois. C’est vraiment une course pour guerriers. Je la connais par cœur. J'aime beaucoup le parcours."
"J'aime bien le goût de la souffrance"
Matys Grisel - coureur de Nogent-sur-Oise et junior dans la structure AG2R Citroën
Matys roule depuis "11 ans et demi déjà. Je ne m'en lasse pas. C'est vraiment une passion. J'aime bien le goût de la souffrance", évoque-t-il. "Depuis tout petit, je suis fan de ça, j'aime bien prendre l'air, j'aime bien rouler, j'aime bien rouler avec les copains, m'amuser, rigoler."
Sa passion se traduit aussi l’hiver. "Quand il est dans sa semaine d'école : 17h00, il sort, il met les lampes et il va rouler jusqu'à 21h00 la nuit. À 0°C, -1°C, 2°C, qu’il pleuve ou qu’il neige", raconte Eddy Grisel.
Une casquette de boucher et de cycliste
À Saint-Leu-d'Esserent, se trouve la boucherie de son père. "C’est une entreprise familiale, il y a ma mère, mon frère et mon père qui travaillent." Sur un vélo comme à la boucherie, son père le qualifie de perfectionniste. "Tout ce qu'il fait, on ne repasse jamais derrière, que ce soit pour l'entretien de sa machine ou pour la fabrication des pièces de boucherie."
Gérer planning de la boucherie et entraînement s'avère parfois difficile, mais l'entreprise familiale s'adapte pour permettre au jeune coureur d'aller au bout de ses ambitions. Par exemple, lorsqu'il travaille et que la météo le permet, il part rouler 4h00. "Tant qu'il ne pleut pas, il va rouler, on va s'adapter, on va commencer plus tôt. On veut qu'il réalise son rêve. Si ça ne marche pas au moins, il a essayé."
Celui qui a rejoint la structure junior de l'équipe AG2R Citröen U19 se définit comme "plutôt puncheur, un mec de classique". Mais il reconnaît qu'autour de chez lui, ça ne grimpe pas beaucoup. D'ailleurs, l'Isarien brandit sur le mur de sa chambre, l’un des maillots tricolores de champion de France de son coureur préféré : Arnaud Démare, le champion du département. Il espère suivre la trace de son héros, en voulant franchir marche par marche.
Son souhait est de "marquer les esprits par mes courses et ma motivation". Mais avant ça, il espère repartir en année continentale, le circuit junior, l'an prochain, avant peut-être de signer un contrat pro dans les années à venir. "C'est un peu fou, ils font beaucoup plus de kilomètres que nous. Du coup, on ne se rend pas toujours compte", souligne Matys Grisel.
Le vélo, c'est bien beau, mais il faut toujours un plan B. S’il passe professionnel, il n’exclut pas de revenir dans son métier de boucher.
Avec Laurent Pénichou / FTV