A partir de ce jeudi 28 mai, la ministre de l’Enseignement supérieur est en déplacement dans les Hauts-de-France pour deux jours. La coutume républicaine veut que les parlementaires locaux soient conviés. Dans l'Oise, ils ont été priés de ne pas venir.
"Si les parlementaires les embêtent, qu’ils le disent clairement !" Le député LR de l’Oise, Pierre Vatin, ne décolère pas. Mardi soir, il a reçu un appel inédit de la préfecture : "Nous sommes avertis de la visite de la ministre, et priés de... ne pas venir. C’est la première fois que je suis victime de ce genre de méthode".Car les visites des membres du gouvernement sont d’ordinaire très codifiées. Conjointement avec les cabinets ministériels, les services du préfet en assurent l’organisation. Les maires et parlementaires locaux sont toujours conviés, peu importe leur couleur politique. Une courtoisie républicaine souvent appréciée des élus dans les territoires. L'occasion pour eux d'avoir un accès direct à un membre du gouvernement, ou de profiter de la présence des médias pour faire passer leur message... Ne pas les inviter, c'est la meilleure façon de les froisser.
Le protocole, victime du Covid-19 ?
Ce n'est pas la première fois qu'une entorse est faite au protocole. Le 26 mai, déjà, lors de la visite d’Emmanuel Macron dans le Pas-de-Calais, le déplacement présidentiel avait mis de côté Xavier Bertrand. Un président de région "choqué" par cette mise à l’écart. Il s’en ouvrait alors à l’AFP, "Visiblement, le président de la République fait de la politique alors qu'on devrait travailler tous ensemble". Son entourage y voyait même des représailles politiques.Le préfet du Pas-de-Calais se justifiait en parlant à l’AFP d’un "format actuel de visite présidentielle dans le cadre de la crise sanitaire" liée au coronavirus, "sans protocole républicain habituel mais un protocole allégé". Pas de Xavier Bertrand, donc. Étonnamment, le député de la circonscription, Daniel Fasquelle, avait pourtant, ce jour-là, pu accéder au site de Valeo.
Des parlementaires méprisés ?
A Compiègne, Frédérique Vidal doit visiter l’UTC. Au conseil d’administration de l’Université et maire de la ville, Philippe Marini sera, lui, de la partie. Mais aucun parlementaire ne devra y mettre les pieds. "Je ne vois pas où est le problème, d’un point de vue sanitaire. Nous sommes 3 parlementaires locaux, ce n’est pas ça qui va faire que l’on va créer un nouveau cluster…", s’emporte Pierre Vatin.Le député de l’Oise y voit aussi un message politique. "Déjà hier dans l’hémicycle, nous avions une ministre du Travail qui affichait son mécontentement d’être face à nous. Nous ne sommes que les représentants du peuple, on ne peut pas afficher ce mépris-là." Et d’ironiser sur "l’excuse" sanitaire : "Madame la Ministre ne devrait pas s’inquiéter. Parmi les parlementaires locaux, Carole Bureau-Bonnard (ndlr : députée LREM) et moi-même avons été malades du Covid, nous sommes sûrement immunisés…"