WeylChem Lamotte, usine chimique située à Trosly-Breuil, à l’est de Compiègne (Oise), a annoncé un plan de réorganisation lundi 14 octobre 2024. Sur les 400 salariés du site, 101 pourraient être licenciés.
Un quart des effectifs de WeylChem Lamotte est menacé. L'annonce est tombée lundi 14 octobre 2024. Lors d’un CSE extraordinaire, l'entreprise chimique a annoncé qu'elle pourrait réaliser jusqu'à 101 licenciements.
"En réalité, il y a 129 suppressions de postes, 98 licenciements secs ou 101, si trois personnes ne souhaitent pas changer de métier. Hormis la direction, il n'y a pas un service qui est épargné", détaille Stéphane Legay, délégué syndical CFDT. "On voit que les suppressions ont été faites sur le papier. On ne garde pas des gens expérimentés pour continuer plus tard. C'est incompréhensible."
Une annonce attendue et redoutée
Pour l'heure, les 400 salariés, d'une moyenne d'âge de 40 à 45 ans, ignorent quels postes seront concernés. "Certains sont là depuis plus d'une trentaine d'années et n'ont fait que ça. Ils se sont dédiés à un seul produit. Donc un reclassement va être très compliqué", souffle cet Isarien, lui-même salarié depuis 34 ans.
De 800 salariés au début des années 2000, on redescendrait à 288 salariés.
Stéphane Legay, délégué syndical CFDT
La plateforme chimique est installée depuis la fin du 19ᵉ siècle à Trosly-Breuil, ville d’environ 2 000 habitants. L'an dernier, trois mois d'activités partielles avaient été mis en place. "Je m’y attendais. Nous avions appris en juin qu’une unité fermerait, mais je ne connaissais pas l’ampleur", explique Sylvain Goupil, maire (SE) depuis 2020. "C’est une mauvaise nouvelle pour la commune, les environs et toute la communauté de communes. Cette plateforme fait partie de l’Histoire, de notre patrimoine."
La région Hauts-de-France a fait des investissements à hauteur de plusieurs millions d'euros pour rénover les voies ferroviaires entre Compiègne et Cuise-la-Motte. "Le président de région était venu pour cela, il y a quelques années. Si lui ne s'alerte pas, je serai déçu", confie Stéphane Legay.
Un Plan de Sauvegarde de l’Emploi en cours
"Nous rentrons dans une période difficile pour l’ensemble des acteurs", reconnait Alix Deschamps, président de WeylChem Lamotte. "Le personnel peut se poser des questions. Nous voulons les accompagner au mieux. C’est pour cela que nous avons partagé ce plan très tôt."
Nous entrons dans une phase de transformation. Aujourd’hui, l’essentiel, c’est de mettre en œuvre un projet pour assurer la pérennité et le savoir-faire de notre société.
Alix Deschamps, président de WeylChem Lamotte
Plusieurs molécules sont fabriquées sur le site de Trosly-Breuil (Oise). L'une permet par exemple de fabriquer l'amoxicilline, une autre de lutter contre le développement des champignons. La production de cette dernière, utilisée dans la synthèse d'un fongicide, va cesser.
"Cette fin de contrat impose l’arrêt complet d’une des 4 activités de la Société (la '2C') et entrainera une baisse de 26% du chiffre d’affaires et un résultat net négatif en 2025", explique la société dans un communiqué de presse, publié le 14 octobre 2024.
La direction de WeylChem Lamotte et les syndicats échangent désormais autour d’un plan de sauvegarde de l’emploi. Les discussions devraient se poursuivre au moins jusqu'à début 2025.
Un secteur en crise
Selon la direction, le secteur chimique fait aussi face à une "concurrence internationale agressive, en particulier des producteurs chinois qui offrent des prix significativement bas", depuis fin 2022.
En début d’année, SDP, une entreprise de produits phytosanitaires basée à Laon (Aisne), avait, elle aussi, fermé ses portes. Elle employait une cinquantaine de personnes. Alexandra Miroslav, secrétaire générale Chimie Energie de la CFDT Picardie, se dit "inquiète" pour le secteur : "On va vers un crash social. Beaucoup d’entreprises sont en difficulté, surtout celles du secteur de l’équipementier automobile."