Deux individus scandant des propos anti-juifs en marge de la manifestation de samedi dernier à Paris ont été expulsés par des Gilets jaunes. La scène a été révélée grâce une vidéo publiée par la société de production Premières lignes. Un Compiégnois, sur place au moment des faits, raconte.
La scène a été révélée par une vidéo publiée le 15 janvier par les journalistes de la société de production Premières lignes. Sur celle-ci, on aperçoit une foule de Gilets jaunes, réunie sur la place de l'Étoile à Paris en fin de manifestation de l'"acte IX", samedi 12 janvier. Alors que le groupe stagne près de l'Arc de triomphe, deux individus, en marge du cortège, scandent des slogans anti-juifs. "Les juifs sont des criminels !" vocifère l'un d'eux, ponctuant ses interventions par des "Dieudonné président !", en référence à l'humoriste désormais célèbre pour ses propos controversés à l'égard des Juifs.
Le Compiégnois Benjamin Belaïdi fait partie du cortège, comme tous les samedis depuis le 24 novembre. "J'ai croisé l'un d'eux au cours de la journée, le type avec la capuche. Il interpellait des journalistes belges à propos des Juifs. Je me demandais ce qu'il racontait, s'il était sérieux dans ses propos", raconte le militant associatif. Alors que la manifestation se termine à l'Arc de triomphe, l'homme réapparaît accompagné d'un acolyte, scandant des propos antisémites.
"Je vois que personne ne bouge chez les Gilets jaunes et j'essaye de m'expliquer avec eux, décrit Benjamin Belaïdi. Je m'approche. Il sent l'alcool. Le ton est monté, tout le monde commence à comprendre ce qu'il se passe et les Gilets jaunes viennent me soutenir". Avec ses compagnons, l'Isarien décide de repousser par la force les deux hommes (voir vidéo). "Tenir des propos anti-juifs, c'est pas à l'image des Gilets jaunes, c'est pas notre combat," lance-t-il à l'adresse de ses camarades. "On a décidé ça parce que la scène était filmée, mais aussi en accord avec nos opinions politiques. Ces mecs n'avaient rien à faire ici," confie-t-il.
Des individus qui s'assument judéophobes
Interpellés, certains Gilets jaunes demandent si les deux individus, qui s'assument "judéophobes", font vraiment partie du mouvement. "Nos gilets jaunes, ils sont dans nos coeurs," se serait-il vu répondre. "On ne sait pas du tout qui ils étaient, avoue Benjamin Belaïdi. Depuis la vidéo, j'ai vu plein de théories passer sur Twitter, notamment qu'ils seraient des policiers infiltrés dans la manif et chargés de la discréditer. La vérité, c'est qu'on n'en sait rien."Les deux hommes ont finalement été repoussés par les Gilets jaunes vers le cordon policier, mais aucune information sur une éventuelle interpellation n'est à ce jour connue. Militant associatif à Compiègne, et fervent défenseur de la cause palestinienne (il le revendique d'ailleurs dans la vidéo), Benjamin Belaïdi s'était présenté comme candidat sans étiquette aux élections législatives de 2012, recueillant un peu plus de 3 %.
Pour rappel, proférer en public - ainsi que sur internet - des propos racistes peut faire encourir à leur auteur jusqu'à 6 mois d’emprisonnement et 22 500 euros d'amende.