Drone, tir de paintball... Les mesures proposées par le maire de Compiègne pour lutter contre les rodéos urbains

Le maire LR de Compiègne, Philippe Marini, a proposé au ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau de recourir aux drones et au paintball pour mettre un frein aux rodéos urbains. Une annonce qui répond à une demande de moyens supplémentaires de la Police municipale mais qui fait réagir l'opposition.

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La police municipale de Compiègne patrouille chaque jour en ville, notamment pour lutter contre les rodéos urbains. Les agents réclament notamment plus de moyens pour enrayer ce problème.

Philippe Marini, maire LR de la ville, a sollicité le ministre de l'Intérieur avec deux propositions à ce sujet : la mise en place de drones qui suivraient les motards et l'utilisation de paintball avec un code spécifique.

"Il faut trouver des parades, il faut lutter"

Le maire part d'un constat, celui de la montée du phénomène des rodéos urbains. "Ce spectacle de provocation n'est pas acceptable, il engendre des nuisances, il crée des dangers pour tous les usagers de la voie publique, et il faut trouver des parades, il faut lutter", insiste-t-il.

C'est pourquoi il a mis en avant deux propositions transmises au cabinet du ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, qui devrait le recevoir "très prochainement". La première consiste à mettre en place des drones pour suivre les motards qui effectuent des rodéos et voir où ils apportent leur matériel. "On sait par des expériences que l'on a eu précédemment qu'il y a tout un trafic de ces motos et que ceci est lié à d'autres trafics et à d'autres acteurs de la délinquance", affirme le premier édile de la ville.

A mon sens, le ministre de l’intérieur dispose de la capacité de répondre sans avoir besoin de recourir à la loi. Il peut, par le pouvoir réglementaire, par les conditions qu’il mettrait à la mise en oeuvre de l’expérimentation, donner un feu vert.

Philippe Marini, maire (LR) de Compiègne

Ensuite, il propose d'utiliser le tir de paintball, également utilisé par les Anglais, avec un marqueur indélébile "qui peut imprégner la peau avec un code qui spécifique à l'heure, au lieu de l'intervention des forces de l'ordre".

Pour lui, ce matériel doit être utilisé avec précaution : "il ne faut pas tirer n'importe comment, ça ne peut pas être mis entre les mains de n'importe qui". Philippe Marini suggère de mettre en place une coordination entre la police nationale et municipale, avec une formation préalable d'agents habilités, sous contrôle du Procureur de la République.

"On n'arrive pas à contrôler les individus"

Pour le moment, la police municipale de Compiègne effectue surtout un travail d'identification des auteurs de rodéo urbain afin de les amener devant la juridiction compétence pour être jugés. Mais les agents font face à plusieurs limites. "Quand on essaie de contrôler un individu, la plupart du temps, il prend la fuite", note Joël De Araujo, chef de service de la police municipale.

Auparavant, lui et ses équipes arrivaient "à les identifier, mais aujourd'hui, un individu qui fait du rodéo va mettre des gants, une cagoule, une capuche justement pour qu'on évite de l'identifier. Il nous faudrait un moyen supplémentaire" pour apporter la preuve à la justice d'un pilote de rodéo. 

On a déjà vu des mots circuler dans des espaces de foot ou des espaces de jeux pour enfants. On se retrouve face à un phénomène d’une grande dangerosité, car on risque d’avoir des blessés très graves sur certains secteurs.

Joël De Araujon chef de service de la police municipale de Compiègne

L'utilisation de drones permettrait de "sécuriser une zone complète" et de ne pas mettre en danger "les collègues, la population et le pilote de moto", ajoute-t-il. Leur objectif est de savoir où se trouve la moto et "d'annexer cette vidéo à la procédure sous couvert d'un OPJ (officier de police judiciaire)".

Quant au paintball avec les billes de marquage codé, il permettrait de "créer un ADN pour marquer les auteurs de rodéo", peut-être sur le dos, "et d'apporter cette preuve supplémentaire à la justice pour les condamner sur ces faits". Ces outils serviraient en somme à "éviter les dangers pour tous", car les rodéos urbains peuvent provoquer de graves accidents.

Des mesures "spectaculaires" pour "faire le buzz"

Étienne Diot, conseiller municipal (Renaissance) de la ville, voit dans ces propositions "des mesures spectaculaires que propose Monsieur Marini pour faire le buzz". Selon lui, l'édile "veut confier des rôles à la police municipale qui ne sont pas les siens", mais ceux de la police nationale.

"On doit revenir à une vraie police du quotidien, de proximité avec la dissuasion par la présence sur le terrain, physique, du bleu dans la rue et non pas, comme l'utilise Monsieur le Maire pour encadrer son véhicule, avec des motards et des gyrophares bleus de la police municipale", fustige le conseiller municipal.

Il reconnaît que l'inquiétude est "normale" puisque les rodéos urbains à Compiègne ne se "cantonnent plus qu'à un seul quartier", mais il estime que ce phénomène ne se résorbera pas à coups "d'annonces chocs pour faire le buzz. Monsieur Marini va sur des chaînes de télé, d'info, mais en réalité, c'est créer de faux espoirs aux habitants".

On se fait plaisir avec des propositions comme ça, mais on ne répond pas sérieusement au problème de délinquance.

Etienne Diot, conseiller municipal (Renaissance) de Compiègne

Et quand on lui demande si l'utilisation de drones ne risque pas d'être une atteinte à la vie privée, Etienne Diot répond : "le cadre légal a été posé, il faut le respecter. Ils doivent être mis entre des mains qui savent s'en servir". Aujourd'hui, la police municipale et nationale s'en sert "dans des conditions extrêmement précises. Encore une fois c'est une proposition pour faire le buzz : ça fait plaisir, on utilise des drones, des satellites, mais on ne résoudra pas le problème de l'insécurité du quotidien", conclut-il.

Avec Enora Quellec / FTV

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