VIDEO. Rodéo urbain : roues arrière sur les trottoirs, selfie devant le tribunal... ces images en forme de provocation filmées en plein centre-ville

Il y a deux jours, un compte identitaire relayait sur X la vidéo d'un rodéo urbain à moto dans les rues de Béziers. On y voit plusieurs jeunes, visages découverts et sans casque, circuler en cabrant sur leur roue arrière notamment devant le palais de justice. Un post qui, depuis, a généré plus de 450 000 vues. Voici ce que l'on sait.

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C'est une vidéo de 20 secondes à peine déjà visionnée plus de 450 000 fois en seulement deux jours, depuis qu'un compte identitaire l'a relayée sur le réseau social X en la situant à Béziers. On y voit plusieurs jeunes, sans casque ni protection, circuler roue arrière dans les rues de la sous-préfecture de l'Hérault, notamment devant le palais de justice. Le vidéaste qui a réalisé et monté ces images semble appartenir au groupe. Il filme les pilotes au plus près, les montrant à visages découverts, lunettes de soleil vissées sur les yeux.

France 3 Occitanie s'est procuré la vidéo. Les images ont été montées et "floutées" de manière à anonymiser les protagonistes.

durée de la vidéo : 00h00mn14s
La vidéo de rodéo urbain à Béziers a suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. ©DR.

Nous n'avons pas pu identifier qui a tourné ni qui, le premier, a mis en ligne l'original de ce petit film. Mais à bien y regarder, au vu des shorts et Tshirts portés par les passants et les motards (l'un d'entre eux est même torse nu) et du très beau temps qu'il fait sur les images, celles-ci semblent dater de plusieurs semaines, voire plusieurs mois, lorsqu'il faisait encore chaud. Selon nos sources, personne n'a été interpellé. La police n'a pas eu connaissance de ce rodéo.

Pas de plaque d'immatriculation

"La plupart du temps, ils font un ou deux passages et s'en vont, c'est très rapide et même avec des caméras de vidéosurveillance, c'est très compliqué de les rattraper", précisent nos sources. D'autant qu'on ne distingue aucune plaque d'immatriculation sur les images.

En revanche, nos sources confirment que des opérations conjointes sont régulièrement menées entre polices nationale et municipale, certaines menant à des prises en flagrant délit. "Les jeunes de la Devèze et de l'Iranget s'amusent beaucoup à faire ce genre de choses ces temps-ci" nous dit-on. Avec parfois des situations qui dégénérèrent. Ainsi, en mars dernier, le site internet de France 3 Occitanie rapportait qu'une patrouille appelée pour un signalement de rodéo urbain avait essuyé des jets de pierres et de pavés, blessant deux policiers dans le quartier sensible de la Devèze.

Opérations de police et flagrants délits réguliers

Il y a un mois, un mineur, connu pour posséder un compte Snapshat, a été surpris en train de filmer ses "exploits", seul au guidon de la moto-cross bleue qui lui appartenait. Il a été interpellé. Convoqué devant le délégué du procureur, le jeune Biterrois, jusqu'alors inconnu de la police et de la justice, a écopé d'un avertissement pénal probatoire, le plus bas échelon de sanction pour les non-récidivistes auteurs d'une première infraction.

Une loi destinée à lutter contre ces rodéos urbains est en vigueur depuis 2018. Elle prévoit des peines pouvant aller d’un à cinq ans de prison s'ils sont pratiqués en réunion, sous l'emprise de stupéfiants ou d'alcool et en cas de défaut de permis. Des peines assorties d'amendes de 15 à 75 0000 euros, ainsi que d'une confiscation du véhicule.

La promotion et l'organisation de tels événements sont aussi punies de deux ans de prison et 30 000 euros d'amende.

Des moto-cross interdites sur la voie publique

Dans le cas de moto-cross, comme celles que l'on voit dans la vidéo, la circulation de tels engins sur la voie publique n'est pas autorisée. Ce sont des véhicules réservés à la pratique sportive et il faut un permis selon la cylindrée, même si "la plupart n'en ont pas" toujours selon nos sources. La seule exemption de permis est celle accordée aux pilotes mineurs qui font de la compétition.

Mais pour pouvoir les confisquer les motos, quads ou voitures utilisées pour ces rodéos, encore faut-il qu'ils appartiennent au conducteur. Dans le cas de mineurs, la plupart du temps, les véhicules sont au nom des parents.

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Les rodéos, phénomène ancien

Le phénomène des rodéos urbains n'est pas nouveau. À Béziers, en 2023, un motard de 22 ans a été condamné à 500 euros d'amende avec sursis et son engin a été confisqué après avoir fait des "roues arrière" au milieu de la circulation sur l'avenue Joseph Lazare.

La même année, le sociologue Fabien Jobard, directeur de recherches au CNRS, publiait ses "Considérations sociologiques sur les rodéos urbains". Une étude dans laquelle il évoquait "une forme ancienne de déviance collective chez une partie de la jeunesse des cités françaises" depuis le début des années 1980. Un phénomène selon lui "teinté d'une dimension revendicative ou, à tout le moins protestataire" et qui manifeste "l'oisiveté contrainte dans laquelle plongent doucement (...) les jeunes des grands ensembles".

Des internautes indignés

Une analyse loin de satisfaire les très nombreux internautes qui réagissent depuis quelques jours aux images de ce spectacle de "performance motorisée". La très grande majorité fait part de son indignation, voire de son inquiétude face à la dangerosité de ces comportements routiers, pour les auteurs comme pour les autres usagers de l'espace public.

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