Pour combattre les injonctions à cacher son sein pendant l'allaitement des bébés dans les lieux publics, Charlyne Magnan a organisé une séance photo de mères allaitantes devant l'hôtel de Ville de Compiègne.
"On sexualise beaucoup l'allaitement alors que les mères vont simplement nourrir leur enfant". Charlyne Magnan a le mérite d'être claire. Cette photographe de 32 ans originaire de l'Oise a organisé mercredi 21 septembre à Compiègne une séance photo avec une dizaine de mères devant l'hôtel de Ville. Son objectif : déstigmatiser l'allaitement en public.
Cette démarche, inscrite dans le mouvement #JAIFAIMJEMANGE, est à l'initiative de la photographe bordelaise Ana Kï. "Je ne suis pas à l'initiative de ce projet, c'est Anna Kï qui l'a lancé en mai 2022 suite à plusieurs agressions publiques de femmes qui allaitaient", explique Charlyne Magnan.
Attaques en série
En effet, au cours de ces dernières années, de nombreuses mères allaitantes ont été attaquées publiquement : une femme a reçu l'ordre d'arrêter par un agent du musée du Louvre à Paris en juin dernier. Il y a presque un an et demi, une mère a été sommée d'arrêter d'allaiter son bébé à Disneyland Paris et une autre a été giflée à Bordeaux dans une file d'attente pour la même raison.
"La cause me parle particulièrement parce que je suis maman d'un petit garçon, qui est plus grand maintenant, poursuit-elle. J'ai choisi l'allaitement, sauf que c'était difficile avec le regard des gens et j'ai très vite laissé tomber". Elle est alors passée au biberon, mais très vite, on lui a aussi reproché "d'être une mauvaise mère car je donnais le biberon."
Peu importe le choix qu'on fait, on est piégées et montrées du doigt.
Charlyne Magnan
L'objectif de ce shooting photo est de permettre aux mères de se réapproprier à la fois leur maternité et l'espace public. "Ce projet a été mis en place pour qu'on arrête d'agresser les mamans allaitantes", précise Charlyne Magnan.
"Notre enfant a juste besoin d'être nourri avec amour"
En tant que photographe de maternité, au contact de beaucoup de familles, notamment à la clinique Victor Pauchet à Amiens, elle constate que beaucoup de mères sont "tristes qu'on puisse les juger. Pour certaines, l'allaitement n'était pas un choix". Elle regrette que cet acte soit sexualisé.
En juin 2021, l'ancienne députée LREM Fiona Lazaar avait déposé une proposition de loi portant création d'un délit d'entravement à l'allaitement en cours d'examen à l'Assemblée nationale.
Actuellement, la loi ne l'interdit pas dans les lieux publics, qu'ils soient en intérieur ou en extérieur.
