La maire de Noyon sous le feu des critiques après le maintien de sa cérémonie des vœux à 5 000 euros

Des associations et l'opposition regrettent le maintien de la cérémonie des vœux à Noyon (Oise), déjà endettée de plusieurs millions d'euros. La maire, Sandrine Dauchelle, tient à cette "cérémonie populaire" et affirme avoir baissé les coûts.

"On a décidé de se réunir le 11 janvier, jour des vœux, place Saint-Jacques avec toutes les associations de Noyon", lance Michel Lebrun, directeur technique du Judo Club Noyon. Le message est clair : ils ne veulent pas de la cérémonie des vœux de la maire, Sandrine Dauchelle, déjà sous le feu des critiques pour la gestion du budget de la Ville.

Les associations ne seront pas seules. À leur côté, des maires de la communauté de communes, des petits villages aux alentours, et également des commerçants et des entrepreneurs du Pays noyonnais. "On est arrivé à un point de non-retour avec la mairie qui nous délaisse complètement. Nous, les associations, avons eu une très grosse baisse des subventions, on a été prévenus le mois où on devait les toucher", rappelle-t-il. 

Des vœux "assez mirobolants"

Michel Lebrun pointe du doigt des vœux "assez mirobolants" à l'heure où le Conseil municipal les a "abandonnés" six mois plus tôt "en faisant preuve d'une démagogie abjecte, on nous fait passer pour ce qu'on n’est pas, tout simplement parce qu'on crie à un droit et à un devoir de la mairie. [La maire] a fait sa campagne en disant qu'elle allait soutenir énormément les associations, et là on est les laissés-pour-compte", observe le directeur technique. Le Judo Club Noyon a d'ailleurs terminé l'année avec 10 000 euros de déficit. "Je viens de voir aujourd'hui qu'on avait touché 2 500 euros par la ville de Noyon, je ne sais pas du tout à quoi ça correspond", s'interroge-t-il. 

Pour lui et d'autres associations, la manifestation du 11 janvier veut montrer "qu'il y a d'autres secteurs dans lesquels [la mairie] pourrait investir, et même si, comme [Sandrine Dauchelle] l'a dit, les vœux du maire ne coûtent que 5 000 euros entre guillemets. Déjà j'aimerais qu'on en ait la preuve, parce que je suis persuadé que la note sera plus élevée. Ne serait-ce que 5 000 euros, c'est le montant d'une subvention qui pourrait être attribuée". 

De son côté, Patrick Deguise, ancien maire (PS) de Noyon et conseiller d'opposition, estime que cette cérémonie n'aurait pas dû avoir lieu alors "qu'on demande un effort aux Noyonnais sur la taxe foncière d'1,15 million d'euros". Il rappelle qu'à l'origine, les vœux avaient un plafond de dépenses de 17 000 euros, avant que la maire ne rétropédale et annonce, "après le tollé que ça a provoqué", qu'elle ne dépasserait pas les 5 000 euros. "Franchement, de qui se moque-t-on ? Lorsqu'on voit que Madame Dauchelle envoie plus de 3 000 invitations... Cette année, elle les a affranchis à 1,25 euro, ça fait déjà 4 000 euros d'invitations".

Il faudra qu’elle me dise comment elle arrive subitement à baisser le budget d'un buffet qu'elle a estimé à 7200 euros. Mais on a l’habitude de la manipulation des chiffres avec Madame Dauchelle.

Patrick Deguise, ancien maire (PS) de Noyon et conseiller d'opposition

Le conseiller d'opposition reconnaît un effort de réduction des dépenses pour la cérémonie, mais se demande si celui-ci est bel et bien réel. "Vous savez, on peut dispatcher les factures sur la comptabilité publique, offrir des articles divers et variés, et il sera très difficile de retrouver la réalité du coût des vœux". Le réel effort aurait été d'annuler "purement et simplement" la cérémonie à l'heure où "la ville est dans le rouge". 

C'est un élément de plus qui accentue, à ses yeux, une ligne rouge franchie en termes de budget à Noyon. Il note que le compte de gestion de la ville en 2020 était excédentaire "à 8,3 millions d'euros" mais qu'en 2023, il affichait un "déficit de 4,3 millions d'euros". C'est pourquoi, à ses yeux, la municipalité est dans l'obligation de se serrer la ceinture, "surtout lorsqu'on augmente les impôts". En somme, il n'y a pas de petites économies : "je pense qu'elle aurait pu s'affranchir de cette cérémonie pour donner l'exemple aux Noyonnais. Madame Dauchelle parle souvent de renvoyer le pouvoir d'achat, là, c'est plutôt le contraire", souffle-t-il. 

"Une cérémonie populaire"

Sandrine Dauchelle, quant à elle, tient à cette cérémonie des vœux qu'elle appelle "cérémonie populaire". Son but est de mettre en avant les Noyonnais pour "leur talent et leur implication". Par exemple, les bacheliers qui ont eu une mention "très bien" et les enfants "qui ont participé au concours du dessin de la carte de vœux de la maire" seront mis à l'honneur.

Cette cérémonie se tient depuis son arrivée à la tête de la ville. "Au fil des années, je réduis les coûts. Aujourd'hui, nous arrivons à faire davantage des choses en interne, c'est la raison pour laquelle on arrivera à réduire de 10 000 euros les dépenses cette année, comme on l'a fait l'année d'avant".

Je pense que c’est regrettable que quelques personnes, sous prétexte d’un quelconque argent, remettent en cause des Noyonnais qui sont formidables, et ça, ce n'est pas acceptable.

Sandrine Dauchelle, maire (LR) de Noyon

La maire explique avoir mis en place plusieurs choses pour amoindrir la facture. D'abord, "on arrive à arrêter d'externaliser et on fait en interne". Par exemple, les vidéos de la cérémonie sont tournées par un agent qui s'est formé pour l'occasion. L'animation aussi sera faite en interne : "on va distribuer nous-mêmes des ballons alors que l'an dernier, il y avait un sculpteur de ballon. On va quand même garder des bonbons pour les enfants". La galette des rois ne sera plus offerte, "parce qu'en général, ça a un coût important, et on mettra de la nourriture qui est un petit peu moins chère que d'habitude". Elle compte aussi sur le fait qu'à la fin de la cérémonie, tout le monde ne mange ou ne boit pas, comme chaque année : "on fait toujours en sorte qu'il y ait de quoi satisfaire tout le monde, juste ce qu'il faut", précise-t-elle.  

Depuis des années, l'opposition "boycotte" les vœux de la maire, qui n'y voit que "de la jalousie, ce n'est pas de l'intérêt général. Boycotter des vœux, ça n'a aucun sens, alors que c'est justement un rassemblement de gens". Mais Sandrine Dauchelle n'a pas peur de la manifestation du 11 janvier et considère tout de même qu'il y a "une pointe de harcèlement de la part d'un agent sportif".

Finalement, elle regrette que "tout ceci se politise", alors que "le fondement de cette cérémonie est de mettre en avant les gens". 

Avec Enza Benocci / FTV