Licencié pour une erreur de commande, il entame une grève de la faim : "c'est brutal car dans cette société j'ai donné corps et âme"

Romain Duciel, salarié de l'entreprise Scapnor, a entamé depuis plusieurs jours une grève de la faim. Pour s'être trompé dans une commande, cet approvisionneur de 36 ans a été licencié. Une injustice qu'il compte dénoncer, soutenu par ses collègues syndicalistes.

C'est devant l'entrepôt de l'entreprise Scapnor, à Bruyères-sur-Oise dans le Val-d'Oise, commune à la frontière du département l'Oise, que Romain Duciel a entamé sa grève de la faim.

Depuis moins d'une semaine désormais, il dort dans un camion qu'il a aménagé et ne s'alimente plus. "C'est la seule action que j'ai trouvée pour contester mon licenciement abusif", explique-t-il.

Une erreur sur une commande de papier toilette

L'entreprise Scapnor, où il travaille, est la centrale d'achat qui dessert les magasins Leclerc en Île-de-France et dans l'Oise. Au mois de mars dernier, Romain Duciel, qui s'occupe des stocks de produits d'hygiène, se trompe lors d'une commande qu'il doit effectuer. "J'aurais dû passer une commande de 13 700 euros et j'ai rentré 78 000 euros, il y a donc eu un surstock de 60 000 euros de papier toilette, qui est une denrée non périssable. Il y avait plein de solutions pour pouvoir s'en débarrasser avec nos 63 magasins", affirme-t-il.

Quelque temps plus tard, il est convoqué à un entretien préalable de licenciement pour faute grave, l'entreprise lui reprochant de ne pas avoir prévenu sa hiérarchie. Ce qu'il conteste : "moi mon boulot c'est de passer des commandes, j'ai averti ma hiérarchie que j'avais fait une erreur et aujourd'hui, on parle de dissimulation, comme si j'avais fait exprès de prendre le stock alors que j'ai prévenu tout de suite", réfute-t-il.

Un coup dur pour cet approvisionneur qui dénonce la brutalité d'une telle décision, après 16 ans d'ancienneté : "Je ne comprends pas du tout mon licenciement, je n'ai jamais eu de mise à pied, ça a été rapide et efficace, pas d'avertissement, c'est comme à Koh Lanta, on éteint votre flamme, c'est irrévocable, déplore Romain Duciel. Aujourd'hui, je me retrouve dehors sans comprendre le pourquoi du comment. J'ai un petit enfant qui a 10 mois, c'est très brutal parce que dans cette société, j'ai donné corps et âme, j'ai toujours tout fait pour pouvoir réussir, j'ai toujours voulu être carré."

"C'est une direction malhonnête qui manage par la peur"

Selon José Renco, élu CGT de l'entreprise, la situation de Romain n'est pas un cas isolé. "C'est une direction malhonnête qui manage par la peur, c'est très compliqué aujourd'hui de travailler chez Scapnor, témoigne-t-il. Les gens pleurent dans les bureaux, ont du mal à venir au travail le matin, ils ont la boule au ventre."

En cause également, une surcharge de travail, qui pousserait les salariés, comme pour Romain Duciel à commettre des erreurs. "Romain a été obligé de reprendre le travail de l'un de ses collègues qui était en arrêt longue maladie. Il a eu son travail à faire pendant plusieurs mois et c'est là où il a fait des fautes, car il avait son travail à faire plus celui de son collègue, explique le syndicaliste. C'est quelqu'un d'investi dans son travail, mais qui ne se laisse pas faire, et aujourd'hui, on n'a pas le droit de parler chez Scapnor, il n'y a plus de dialogue, que de la confrontation. On ne peut pas travailler dans des conditions pareilles."

"C'est quelque chose d'injuste et d'absurde, abonde Ersilia Soudais députée France insoumise de Seine-et-Marne, venue rencontrer Romain Duciel. C'est l'illustration de l'ultralibéralisme, c'est ce que l'on voit plus ou moins tous les jours dans les grandes boîtes, c'est du licenciement abusif, mais aussi cette pressurisation à l'égard des employés qui les amènes à faire des fautes et finalement plutôt que de le licencier, l'entreprise devrait se remettre en question."

Contactée, la direction de Scapnor indique avoir respecté le Code du travail et ne souhaite pas s'exprimer davantage. Les syndicats ont alerté l'inspection du travail. Romain Duciel a quant à lui saisi le conseil de prud'hommes.

Avec Haron Tanzit / FTV

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