À 50 ans, l'Isarien Amaury Baratin s’apprête à réaliser son troisième rallye-raid Dakar, en janvier prochain, dans la catégorie "malles-moto". Une catégorie particulière dans laquelle les concurrents sont livrés à eux-mêmes, durant les 14 jours de course.
"Tout est fait pour que ça soit dur. On vous prive de sommeil en allongeant les étapes." La beauté du Dakar selon Amaury Baratin, participant pour la troisième fois à l'épreuve de rallye-raid la plus réputée dans le monde.
L'habitant de Villeneuve-les-Sablons, près de Méru, dans l'Oise, évolue dans la catégorie "malles-moto". En 2024, elle regroupera 30 participants, soit environ "20 % des engagés en moto". Comme Amaury, ce sont des pilotes qui recherchent l'extrême. L'Isarien admet "prendre du plaisir dans la difficulté".
14 jours sans assistance pour 5 000 km
Durant les 14 jours de course, il se retrouve sans assistance, avec pour seul soutien une caisse de 120 litres, transportée par l'organisation de bivouac en bivouac. "une malle dans laquelle on met nos pièces de rechange, nos vêtements de rechange et puis quelques pneus."
Au total, ce seront 5 000 km qui sont parcourus en 12 étapes. À la fin de la journée, "on doit se débrouiller tout seul. On ne peut pas demander un coup de main à un team extérieur" pour réparer la machine. Faute d'élimination.
Avant d'être pilote Dakar, "un rêve de gosse", Amaury a eu une longue carrière dans les sports mécaniques, démarrée à 20 ans. "J'ai fait les 24 h du Mans, le Bol d'Or d'endurance, des courses sur piste jusqu'à mes 40 ans."
"Le premier jour, j'ai pulvérisé la moto, c'était la bonne école"
Amaury Baratin - concurrent du rallye-raid Dakar 2024
C'est ensuite qu'il bascule dans la moto tout terrain. Sa première expérience dans le rallye-raid remonte à 2019, au Rallye Merzouga, en 2019. Il en garde un souvenir amusé. "Le premier jour, j'ai pulvérisé la moto, c'était la bonne école. J'ai fini dans la douleur avec une moto un peu détruite." L’épreuve est une préparation idéale avant de s'attaquer au mastodonte du Dakar. Un format plus court d’une semaine, également sans assistance. "J'ai appris les erreurs qu'on fait tous : trop vite, trop pressé."
Sa passion pour la moto est née à l'adolescence, lorsqu'il a pris en main sa première mobylette. Aujourd'hui, chef d'entreprise d'une concession moto multimarque, il mélange travail et passion. Au début, "je me suis fait embaucher dans un garage motos, puisque c'était le seul endroit où je pouvais faire de la compétition. Ça me donnait accès aux pièces pas chères", raconte-t-il.
Il partage également son engouement avec ses clients, à travers des balades dans la région picarde. "C'est le terrain de jeu idéal. Il y a peu d'interdits. On a la chance en Picardie d'avoir de très nombreux chemins qui passent au milieu des champs", comme la trace de Paris-Roubaix.
L'alpinisme, préparation optimale pour le Dakar
Dans son quotidien, il donne une part importante à la préparation du grand rallye-raid. Rien n'est laissé au hasard et Amaury s'astreint à de rudes stages en altitude, dans l'Himalaya. "Il y a les mêmes rigueurs d'un Dakar. Quand vous faites une ascension à 6 500 mètres d'altitude, vous dormez peu, vous dormez mal, c'est tout le temps dur. C'est éprouvant physiquement et moralement. Ce sont exactement les qualités qu'il faut."
Des conditions extrêmes qui entraînent de nombreux abandons. "L'accumulation de la fatigue fait faire des erreurs. On abandonne parce qu'on se blesse ou moralement des gens lâchent parce que c'est trop dur."
Le rallye-raid est une discipline qui mélange une fine maîtrise du pilotage et de la navigation. Pour Amaury Baratin, "la navigation en soi, c'est quelque chose d'extrêmement intéressant. Il faut garder de la vitesse tout en suivant le roadbook. C'est quasiment ce qu'il y a de plus dur. Il ne faut pas se perdre, il faut garder son calme."
"Le 4e jour, je me suis fracassé, avec perte de connaissance, au milieu du désert"
Amaury Baratin - concurrent du rallye-raid Dakar 2024
L'épreuve pousse les concurrents dans leur retranchement et c'est ce qui plaît au pilote. En se remémorant ces deux premières expériences, il narre : "J'avais fait 46e en 2021. C'était plutôt inespéré. J'étais un vrai débutant. Il y avait beaucoup de plaisir, ça semblait presque simple. Donc l'année d'après, le but du jeu était de faire mieux, donc aller plus vite, prendre plus de risques. Ça s'est fini en hélicoptère avec une jambe en miettes. Le 4e jour, je me suis fracassé, avec perte de connaissance, au milieu du désert."
Malgré l'inquiétude des premiers jours pour savoir s'il allait pouvoir remarcher, il pensait déjà à son retour. Le Dakar demande plusieurs mois de préparation pour trouver la fiabilité de la moto. "Il faut entièrement reconstruire la moto. C’est quasiment deux mois consacrés à démonter la moto, commander les pièces qui ont été abîmées et refaire la moto."
Amaury Baratin partira fin novembre direction Barcelone pour les derniers préparatifs du Dakar qui s’élancera les 5 et 6 janvier prochains de la cité millénaire d’Al-Ula, en Arabie Saoudite. Comme tous les futurs acteurs, il devra peaufiner sa préparation physique, en espérant éviter la blessure. Le cauchemar de tous, à quelques jours du départ.