À seulement 17 ans, Benoît Toutain a été sacré meilleur jeune berger de France lors des Ovinpiades 2024, au Salon de l'agriculture. De retour dans sa ferme de l'Oise, il savoure sa victoire et se projette avec optimisme dans un secteur pourtant en crise.
Elle trône sur le buffet de la salle à manger du domicile familial : la coupe du meilleur jeune berger de France fait la fierté de toute la famille de Benoît Toutain. "C'est la passion qui fait tout", dit-il modestement quand on lui demande comment il a réussi ce tour de force d'arriver premier au concours pour sa première participation aux Ovinpiades, dont la finale nationale a eu lieu au Salon de l'agriculture.
Une première brebis à 11 ans
À seulement 17 ans, il s'occupe quotidiennement de ses 120 brebis dans la ferme de ses parents, qui, eux, élèvent des vaches laitières à Saint-Quentin-des-Prés, dans l'Oise. "Dans notre famille, on adore l'élevage !", assure son père, Arnaud Toutain, fier de voir son fils récompensé pour son travail.
La passion de Benoît pour les ovins est née alors qu'il était âgé de 11 ans. "Il y a six ans, j'ai eu ma première brebis, c'était un cadeau d'anniversaire", se souvient-il. Apprenti, il s'occupe de ses bêtes le matin avant de partir à l'école ou au travail, et le soir en rentrant. "C'est beaucoup de responsabilités, mais mes parents me soutiennent et mon maître de stage m'apprend plein de choses."
S'il lui a paru naturel de s'inscrire au concours, il ne s'attendait pas à gagner. Parmi les candidats se trouvaient des jeunes bien plus âgés que lui, jusqu'à 24 ans. "C'est beaucoup de fierté, je m'y attendais pas trop, depuis le début je me disais que j'allais être dernier, confie-t-il. Beaucoup me disaient que la première participation était juste une expérience, qu'il fallait le faire une deuxième fois pour arriver premier, mais là, la première était la bonne !"
Qualifié pour les Ovinpiades mondiales
Reconnaissance des races, manipulation des bêtes, évaluation de l'état de santé, choix des béliers pour la reproduction, poids des agneaux... Pour prouver son talent, il a dû passer six épreuves pratiques et deux épreuves théoriques, face à une quarantaine d'autres candidats qualifiés, comme lui, à la finale nationale. "Ramener cette coupe dans les Hauts-de-France, c'est peu commun, parce qu'on est dans une région où il n'y a pas beaucoup de brebis."
Et il compte bien porter les couleurs de la région encore plus haut : cette victoire lui permet d'accéder aux Ovinpiades mondiales, fin mai, aux côtés d'une autre Française, Iris Soucaze, elle aussi sacrée meilleure jeune bergère, et trente autres jeunes issus de quinze pays différents.
Mais Benoît Toutain voit encore plus loin. Cette reconnaissance du milieu ovin renforce encore un peu plus sa volonté de se lancer dans une carrière d'éleveurs de brebis. Conscient des difficultés du secteur, il reste optimiste. "Il ne faut pas avoir peur. L'agriculture a toujours connu des hauts et des bas. Mais la France aura toujours besoin de ses éleveurs : c'est nous qui nourrissons la population. C'est par passion qu'on fait ce métier, il faut garder la foi." Un enthousiasme partagé par son père, qui croit en l'avenir de son fils. "On voit qu'il va y arriver, parce qu'il en a envie."
Avec Anthony Halpern / FTV