Salon de l'agriculture 2024 : des agriculteurs témoignent du chaos et des interpellations en marge de la visite d'Emmanuel Macron

Des agriculteurs des Hauts-de-France, dont Régis Desrumaux, président de la FDSEA de l'Oise interpellé ce 24 février, ont confié à France 3 leur sentiment au lendemain d'une journée d'ouverture chaotique.

Les images ont fait le tour des réseaux sociaux. Sur une vidéo, des membres des forces de l'ordre en armure s'effondrent au milieu de la bousculade, sur d'autres, lance à incendie et gaz lacrymogènes se répondent dans les halles du Salon de l'agriculture. Partout, les casques des CRS font face aux bonnets jaunes de la Coordination rurale, habituée des actions coup de poing.

Des scènes de chaos au cours desquelles Régis Desrumaux, président de la FDSEA de l'Oise, a été interpellé vers 8h30.

Relâché peu après midi, il a pu témoigner d'une ambiance très tendue au micro de France 3 : "Nous avions annoncé que nous voulions un accueil du président de la République qui soit très très ferme. Nous voulions qu'il parte, qu'il ne puisse pas faire l'inauguration du salon. De ce fait là, j'ai été arrêté assez rapidement."

Quand vous vous lancez dans de telles opérations, vous êtes obligé d'aller au contact du Président, de forcer les barrages. Donc, on savait très bien qu'en faisant ce genre de choses, on risquait d'être arrêté.

Régis Desrumaux, président de la FDSEA de l'Oise

"On n'a plus confiance dans nos dirigeants"

La venue du président de la République en bras de chemises à la mi-journée pour "dialoguer" avec les agriculteurs n'a guère apaisé les tensions. "On a un président qui connait le sujet de l'agriculture, il est très doué pour la communication. Mais aujourd'hui, on n'a plus confiance en nos politiques", réagit Régis Desrumaux. "On n'a plus confiance en nos dirigeants. On a tellement eu de promesses depuis des années qu'aujourd'hui c'est compliqué."

Même son de cloche chez d'autres agriculteurs des Hauts-de-France présents au salon. Dans le Hall 1, Bernard Caron, en provenance de Wallers dans le Nord, a été témoin d'une partie du "chahut". "Tout a dégénéré très vite, une étincelle et c'est parti", confie-t-il à France 3. En cause, une colère "forte".

"On attend que des décisions franches soient prises", explique l'éleveur, qui possède également une activité salariée. "S'ils ne sont pas capables de faire quelque chose, qu'ils le disent, qu'ils arrêtent les salades." La promesse d'une nouvelle loi Egalim, alors que "les lois Egalim 1 et 2 ne sont mêmes pas mises en place, pas respectées" ne fait rien non plus pour rassurer les agriculteurs.

"Si rien n'est fait, on perdra énormément d'élevages", achève Bernard Caron. "On achètera 60% de viande à l'étranger, au prix qu'ils veulent bien et produites dans des conditions qu'on ne contrôle pas !"À côté de lui, un jeune éleveur, Clément Adriansen, renchérit : "On n'est pas optimistes. On a vu la situation se dégrader de génération en génération, depuis le temps de mon grand-père !"

Une situation qui aurait pu dégénérer

Après le départ d'Emmanuel Macron, l'ambiance s'est un peu détendue, comme en témoigne une autre éleveuse, Héloïse Cleenewerck, de Quaëdypre dans le Nord. "On s'est un peu inquiété pour les animaux" au moment de la bousculade, "on restait près des vaches", raconte-t-elle. 

"Les agriculteurs sont là pour montrer leur exploitation, pour vendre", explique-t-elle, peu convaincue par les méthodes de la Coordination rurale, à la manœuvre ce 24 février. "Il peut y avoir des revendications, mais ça devrait plutôt se faire en dehors", estime la jeune agricultrice. Pour de nombreux éleveurs, le Salon de l'agriculture est en effet une occasion précieuse et délicate de montrer leur exploitaton et de vendre.

Après la cohue du 24 février, l'ambiance s'annonce d'ailleurs un peu plus calme pour les prochains jours. 

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