Depuis plusieurs mois, le département de l’Oise fait face à une sécheresse exceptionnelle. Plusieurs secteurs sont classés "en crise". Si les dernières pluies ont permis d’améliorer le débit de certains cours d’eau, notamment dans la Somme, la situation des nappes phréatiques reste toujours critique.
Avec de fortes précipitations entre mi-juillet et mi-août, l’été a été particulièrement pluvieux en Picardie. Mais ces pluies estivales ont-elles amélioré la situation des cours d’eau et des nappes phréatiques ? Dans la Somme, les mesures de restriction face à la sécheresse ont été allégées par la préfecture le 28 août dernier.
"Les précipitations légèrement supérieures à la normale, survenues entre le 20 juillet et le 20 août dernier, ont amélioré l’humidité des sols et ont permis de faire évoluer favorablement la situation des cours d’eau qui présentent aujourd’hui un débit normal pour la saison", indique la préfecture. Ainsi, le secteur de l’Avre est passé d’"alerte renforcée" à "alerte", la Somme-amont reste en "vigilance renforcée", tous les autres secteurs ont été placés en "vigilance", notamment la Selle, l'Ancre et la Somme-aval qui étaient en "vigilance renforcée".
Dans l’Oise, département particulièrement touché par la sécheresse cette année, la préfecture indique que "les services sont en train d’évaluer les niveaux d’eau", mais un allègement des restrictions n’est pas encore au goût du jour. À raison, selon Marie Anguenot, chargée de mission au Syndicat mixte Oise Aronde (Smoa) : "Il y a eu des petits ressauts mi-juillet, l’eau diminue un petit peu moins vite, mais ça ne s’est pas amélioré sur le secteur". Ce syndicat est chargé de réaliser l’entretien, la restauration des cours d’eau, et la préservation des zones humides sur le secteur Aronde dans l’Oise. Un secteur classé "en crise" par la préfecture - niveau le plus élevé de l’alerte sécheresse -, comme 4 autres secteurs du département de l’Oise.
En conséquence, le département subit, selon les secteurs, des mesures de restrictions particulières : interdiction d’arroser les pelouses, espaces verts et jardins potagers, interdiction de laver son véhicule, réduction des prélèvements industriels…
Des pluies qui ne s’infiltrent pas
"Les pluies qui sont tombées étaient des pluies très orageuses donc des cellules très importantes avec des précipitations assez conséquentes en un très court timing", explique la chargée de mission. "Et le sol est très sec. Donc ces pluies viennent ruisseler et ne s’infiltrent pas".
Ainsi, seuls les cours d’eau ont bénéficié de ces précipitations : "On a une évolution essentiellement sur les cours d’eau et les rivières superficielles. Mais les pluies ne sont pas du tout bénéfiques pour les nappes phréatiques", indique Christophe Létot, technicien rivière du Syndicat d’aménagement et de gestion des eaux du bassin Automne (Sageba), secteur également en "crise". "La végétation qui est très présente, va absorber l’eau avant qu’elle ne s’infiltre dans les nappes. Il y a des périodes optimales de recharge et là, on n’y est pas du tout", poursuit-il.
Une sécheresse prématurée
La période de recharge des nappes phréatiques se déroule d’octobre à mars. Mais, en raison d’une pluviométrie trop basse l’hiver dernier, les nappes phréatiques n’ont pas pu se remplir correctement. Ce qui a causé cette sécheresse prématurée. "C’est quand même rare, ça fait 12 ans que je suis sur le secteur et j’ai jamais vu ça", assure Christophe Létot, "La sécheresse est venue tôt cette année. On a eu des niveaux très bas dans les cours d’eau, on a même eu des assecs sur certains et les nappes phréatiques sont au plus bas". Même son de cloche sur le secteur d’Aronde : "À partir d’avril, ça a commencé à être critique", soutient Marie Anguenot.
Si les nappes phréatiques ne se rechargent pas en été et qu’elles se rechargent difficilement en hiver, quelles sont les perspectives pour les années à venir ? "Il y a déjà eu ce genre d’événement de grosse décharge. Ce n’est pas la première fois, mais ça reste historique, la dernière fois, c’était en 2006", rassure Marie Anguenot.
Malgré tout, la chargée de mission dit constater des évolutions sur des cycles pourtant répétitifs et historiques : "Sur les nappes comme la nôtre, il y a des cycles annuels de période de vidange et de recharge, des cycles qui se sont répétés au fil des années. Mais là, on voit que ça se tarit, qu’il y a moins de recharge", poursuit Marie Anguenot. "Les modèles historiques ne marchent plus pareil. On peut avoir un automne très pluvieux une année permettant de recharger les nappes, puis l’année suivante un hiver très sec. Une année n’en fait pas une autre, c’est difficile à prévoir", conclut-elle.