Un couple victime d'une arnaque à l'offre de prêts à l'immobilier pour usurper leur identité : "c'est tout un rêve qui s'écroule"

Depuis quelque temps, la Banque de France alerte sur la recrudescence des arnaques aux offres de prêts à l'immobilier. Un couple de l'Oise a eu la désagréable surprise d'apprendre qu'ils n'avaient pas contracté de prêt auprès d'une vraie banque. Leurs documents personnels donc ont été transmis à des escrocs.

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Depuis quelque temps, l'arnaque aux offres de prêts dans l'immobilier est en forte expansion. "Que Choisir" a mis en ligne un guide des bonnes pratiques pour éviter de se faire avoir. L’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) alerte d'ailleurs le public "sur la recrudescence ces dernières semaines de fausses offres de prêt immobilier ou de rachat de crédit qui entraînent un risque de pertes importantes pour les victimes".

Ces escroqueries reposent en majorité sur "l’usurpation de l’identité de courtiers et d’établissements de crédit autorisés à exercer en France". Un couple de Ribécourt-Dreslincourt (Oise) en a fait les frais, mais il a échappé à bien pire grâce à un agent immobilier vigilant.

La puce à l'oreille

Tout a commencé par un appel, mardi 17 septembre au matin, "pour une maison en commercialisation à 180 000 euros", explique Driss Bouharrou, gérant d'une agence immobilière. Avant la visite, on est obligés de découvrir le profil financier. Le monsieur qui m'a appelé m'a dit qu'ils avaient déjà son offre de prêt et qu'il ne lui manquait plus que la maison, sachant qu'ils visitaient déjà d'autres bien immobiliers".

Le gérant se pose déjà une première question : comment peuvent-ils avoir une offre de prêt financier avant d'avoir l'offre d'achat d'une maison ? Il propose au couple de venir à l'agence pour étudier le projet et visiter la maison. "Quand ils arrivent, je leur parle de la maison et, avant de programmer la visite, je leur demande de me parler du financement".

Ils assurent déjà avoir les fonds. Mais souvent, les clients confondent une simulation financière et une offre de prêt. Sauf que dans ce cas, le mari et sa femme lui présentent "une offre de prêt avant compromis de vente avec un taux à 2,99% sur 25 ans". C'est ce qui finit (presque) par confirmer les doutes de Driss Bouharrou, puisque même avec de "très bons profils, on est autour de 3,40 à 3,50%". Le couple est, de son côté, certain que tout est sécurisé : on les a appelés avec un numéro de téléphone commençant par 01 et 06, la personne au bout du fil avait l'air très professionnelle.

Pour être certain qu'il ne s'agit pas d'une escroquerie, Driss Bouharrou appelle la banque en question. "Ils m'envoient vers la direction, car ils sont très sensibles à ces choses-là", souligne-t-il. Finalement, sans grande surprise, on lui annonce que le couple n'est pas connu dans leur base de données. Ils ont donc transmis tous leurs documents personnels à des imposteurs.

"Ça aurait pu être deux familles à la rue"

Le couple, choqué, n'en revient pas et se rend immédiatement à la gendarmerie pour déposer plainte. "Ils étaient très mal en repartant de l'agence. C'est tout un rêve qui s'écroule. Ils habitent dans une maison d'habitation d'accession sociale en location, dans la précarité, on leur a promis monts et merveilles et ils sont tombés de haut", décrit le gérant. Par ailleurs, leur profil n'était pas finançable par rapport au bien qu'ils cherchaient.

Les conséquences auraient encore pu être plus graves. Car une fois que le compromis de vente est signé, on arrive à l'acte du notaire pour officialiser la vente. Généralement, les notaires font un appel de fonds 5 à 7 jours avant la remise des clés, "et cet appel de fonds n'aurait jamais été débloqué". Les acheteurs n'auraient donc pas pu accéder à leur futur bien.

"Ils auraient pu avoir déjà laissé leur préavis au niveau de leur logement. Les vendeurs, de leur côté, auraient pu avoir acheté autre chose et ils auraient besoin des fonds de la maison pour en financer une autre. Sans compter les déménagements, les acomptes, etc. Ça aurait pu être deux familles à la rue", détaille Driss Bouharrou avant d'ajouter : "la suite, c'est un crédit conso contracté en leur nom", étant donné que les escrocs possèdent tous leurs documents. Toutefois, étant donné qu'ils ont déposé rapidement plainte, ils devraient être protégés par la justice.

Il y a de plus en plus d'arnaques. L’accession au crédit est de plus en plus difficile, de plus en plus de clients sont mis sur le côté donc les arnaqueurs exploitent cette brèche pour vendre monts et merveilles.

Driss Bouharrou, gérant d'une agence immobilière à Ribécourt-Dreslincourt

Rester vigilant

À partir du 1er janvier 2025, Driss Bouharrou deviendra expert immobilier auprès de la Cour d'appel d'Amiens, ce qui explique qu'il soit encore "plus vigilant". Selon lui, il existe quelques astuces pour éviter de tomber dans une situation similaire à celle du couple qu'il a sauvé in extremis.

D'abord, un potentiel acheteur doit "voir un courtier ou une banque traditionnelle". Si votre propre banque refuse de vous financer, vous pouvez aller en voir une autre. "Mais si toutes les banques vous refusent le prêt, ne cherchez pas de midi à 14 heures", conseille-t-il.

Il faut également éviter les comparateurs sur Internet et protéger ses documents officiels avec un filigrane. "Pour des locataires, notre politique, c'est que tout passe par dossierfacile.logement.gouv.fr, un service de l'État. C'est une double sécurité pour le locataire et pour le propriétaire, bailleur".

Aussi, "l'apport transite par un appel de fonds, c'est le notaire qui le fait, il ne faut jamais le verser au courtier" en avance. Les agences immobilières, de leur côté, sont payées "à la réussite, tant que les acheteurs n'ont pas les clés, que la vente n'est pas définitive, on ne touche pas les honoraires", conclut le gérant.

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